Le Roi Charles 1er à la chasse – 1635 Antoon van Dick

 

Antoon van Dyck (1599-1641)

 

Le roi Charles Ier à la chasse

1635

Huile sur toile

Dim 266 x 207 cm

Conservé au musée du Louvre, Paris

 

Le peintre

Antoine van Dick naît à Anvers.
C’est un portraitiste.
À quinze ans, alors qu’il n’a pas encore passé sa maîtrise de peintre, van Dick ouvre en 1617 son propre atelier avec Jan Brueghel. Il devient, la même année, le premier assistant de Rubens.
Il réalise d’importantes commandes pour le maître.
En 1618, il est admis comme peintre à la guilde de Saint-Luc d’Anvers.
En 1621, il part en Italie où il étudie les tableaux de Titien et de Véronèse et peint des portraits.
Puis en 1627, il retourne à Anvers où il honore de nombreuses commandes.
Sa réputation arrive jusqu’à Charles 1er d’Angleterre qui l’invite à Londres. En 1632, après avoir connu un grand succès en Italie et en Flandres, il s’installe à Londres où il devient le principal peintre de cour.
En 1638, il devient un citoyen effectif de la couronne d’Angleterre.
En 1641 il tombe malade et meurt à Londres. Le roi fait ériger un monument à sa mémoire dans la cathédrale Saint-Paul où il est inhumé.

 

Le tableau

Le premier séjour à Londres du peintre a lieu en 1620, sous le règne de jacques Ier. En 1632, invité par Charles Ier, il s’installe définitivement en Angleterre et devient le peintre officiel de la famille royale.

Charles Ier est un grand collectionneur de tableaux.
Il convie en Angleterre des artistes italiens et flamands.

Ce portrait a été commandé à van Dick en 1635 et payé par le roi en 1638.
Le peintre l’a réalisé une dizaine d’années avant la fin tragique du monarque.

En 1737 le tableau est acquis par une française, la comtesse Verrue.
Puis la comtesse du Barry en fait l’acquisition pour son château de Louveciennes. Celle-ci le vend au roi Louis XVI en 1775.
Le tableau devient propriété de la couronne de France.
Il est aujourd’hui conservé au musée du Louvre.

 

Composition

Le roi Charles Ier descendu de son cheval après une partie de chasse, se découpe sur un paysage donnant sur une mer lointaine.
Sa grâce physique est renforcée par l’élégance de sa mise, composée d’un pourpoint de satin argenté, de bottes à revers et de hauts-de chausses écarlates.

 Trois plans articulent la composition
Un premier plan de roche et de végétation introduit le second plan surélevé.
Le second plan concentre les figures sous un dais de verdure.
Au troisième plan, est figuré un page portant le manteau du roi.
À l’arrière-plan, Le ciel ouvre sur un paysage champêtre débouchant sur une étendue maritime.

Ce paysage champêtre introduit par une perspective oblique, donne du souffle à la composition.

La figure du roi est représentée avec un naturel « travaillé ».
Le peintre met le roi en valeur en le décentrant et en figurant les deux autres personnages dans l’ombre.
Le roi est en surplomb devant un paysage champêtre et maritime.
La lumière éclabousse sa silhouette qui se découpe sur l’ouverture du ciel.
Sa main droite est posée sur un bâton qui évoque un spectre royal.

La sobriété des lignes verticales de la figure du roi contrebalancée par les courbes du cheval et du feuillage met en valeur son élégance.

Le regardant a une vue en contre-plongée qui sert le regard du roi mi- hautin (le sourcil) mi- condescendant (le regard en coin).

La gamme chromatique décline toutes les harmonies de vert tempérées par de l’ocre. Ces verts forment un écrin au roi en valorisant le rouge et l’argent de sa tenue.

La lumière glisse sur le roi, se miroite sur l’argent du pourpoint et fait onduler la crinière du cheval.

Les empâtements de couleur accrochent la lumière qui participe à cet effet.

 Le peintre peint la prospérité du règne de Charles Ier.

 

Analyse

 

I – Le portrait baroque

La période baroque vit l’avènement d’une révolution du portrait. Les conventions rigides de la fin du siècle laissèrent place à des représentations plus intimes, où l’on cherchait à pénétrer la personnalité et les sentiments du modèle.

À une époque où la cérémonie et la mise en scène théâtrale jouaient un rôle essentiel dans la représentation, une division très forte séparait les portraits officiels, destinés à des contextes publics, des portraits intimes des artistes, de leur famille et de leurs amis.

Le cas de Vélasquez, capable de réconcilier ces deux approches, demeure l’exception. Son extraordinaire série de portraits de souverains et des serviteurs de la cour d’Espagne traduit le rôle public des modèles tout en offrant un passionnant éclairage psychologique des individualités privées.

Si la peinture d’histoire représentait le summum de l’accomplissement artistique, en raison de son prestige intellectuel et moral, le portrait comme la nature morte étaient considérés comme de simples démonstrations d’habileté.

En Italie, à l’exception des Carrache, les peintres laissaient les portraits aux peintres étrangers.

Aux Pays-Bas, en revanche, avec l’extension des classes moyennes et l’essor rapide du marché de l’art, le portrait prit une grande importance.

De nouvelles catégories apparurent comme le portrait de groupe ou de famille sur une terrasse dans un jardin ou autre décor extérieur.

 

II – Les portraits de Van Dyck constituent de fascinants témoignages sociaux.

 Van Dyck idéalise ses modèles en tenant compte de leurs aspirations.

Ceux réalisés en Angleterre caractérisés par leur morgue, leur nonchalance et la sensualité des soieries, sont parmi les peintures les plus élégantes et remarquables de l’époque baroque.

Dans ce tableau, sans symbole monarchique apparent, le regardant n’a aucun doute quant à l’identité du personnage.

Van Dyck réussit à représenter un monarque distingué et immensément puissant.

Van Dick s’arrange avec la réalité por donner au roi une grande noblesse.
Ce portrait impose grandeur et respect au regardant.

Le style élégant de Van Dick, sa manière d’accentuer la sophistication et le détachement de son modèle se prête parfaitement au portrait du roi Charles Ier.
La splendeur de son costume, le noble décor qui l’entoure et l’attitude du roi sont les caractéristiques des portraits du peintre.

 Dans ce tableau on retrouve la manière de Titien pour ses portraits d’apparat de la couronne espagnole.

Van Dick reprend le format monumental et la vue légèrement « da sotto in su » de ses portraits équestres. Il reprend également, le grain chatoyant du pourpoint et la tête baissée du cheval.

Si le peintre représente le roi à la chasse il choisit le moment où il a mis pied à terre, entouré de ses serviteurs, il fait une halte.
Seule arme présentée, le roi porte son épée de cour au côté.
Il est peint en pied, dans une posture très élégante -de mise dans les portraits en pied de l’époque et totalement artificielle.
Son corps est de profil le visage tourné de trois-quarts, le menton haut, les yeux posés sur le peintre qui réalise le portrait.
Son bras droit est posé sur sa canne tandis que son bras gauche est calé sur son coté.

Ce portrait conventionnel reflète le luxe vestimentaire, la distinction et l’assurance royale.

Van Dyck en tant que peintre officiel de la cour, se devait de glorifier le pouvoir politique et de brosser un portrait panégyrique du roi.

Sur la toile, une inscription en bas à droite, indique le titre du souverain, Charles Ier roi de Grande Bretagne – l’union des couronnes d’Angleterre et d’Écosse datant de 1707. Cette inscription est une allusion à la puissance politique du roi d’Angleterre et d’Écosse réunis.

Van Dyck choisit un pourpoint argenté somptueux et totalement hors-sujet dans une tenue de chasse, comme le sont les bottes à revers et le chapeau.

La luxure des vêtements répond à la volonté de réaliser un portrait solennel en pleine nature.

 

III – Avec Rubens, Van Dyck et Rembrandt, le portrait devint capable de rivaliser avec la peinture d’histoire.

Les plus beaux portraits de Rembrandt, comme celui du Marchand Ruts –1631 restituent tout le charisme du modèle et permettent de comprendre la forte demande qu’ils suscitaient à l’époque.

Rubens popularisa le portrait cérémoniel en pied, avec une foule de dispositifs destinés à amplifier la magnificence du modèle (des effets de contre-plongée, une échelle souvent monumentale et des étoffes somptueusement rendues).

Van Dyck, le plus doué des élèves de Rubens, produisit des portraits de grandes dimensions représentant des commanditaires bourgeois en pied dans des décors opulents et spacieux, autrefois réservés à l’aristocratie.
Il exporta la formule de Rubens à Gênes, où il peignit l’élite sociale dans des décors architecturaux élaborés, et les éblouit par son rendu virtuose des matières.
En Angleterre il apporta une note de fantaisie et d’intemporalité à ses portraits en y incorporant des déguisements qui permettaient d’estomper la frontière entre la réalité et la fiction.

Dans ce tableau la composition valorise le roi.
Le port de tête est plein de noblesse.
Le chapeau noir à large bord renforce l’éclat du visage.
Le menton haut, le regard en coin souligné par le mouvement du sourcil, van Dyck soigne l’expression du roi pour en faire ressortir la majesté royale.

Van Dick peint son personnage dans une attitude à la fois fière et simple suivant les préceptes de son maître Rubens.
Au second plan, les branches du grand chêne surplombent le roi, le feuillage forme un dais.
Dans le fond, la lumière d’un ciel sculpté de nuages, éclaire une mer bleue.

Cette représentation produit un grand effet pour l’arrangement de l’ensemble comme pour la figure du roi.

Toutes les qualités du portrait historiques sont réunies.


IV- Van Dyck révolutionne le portait royal.

 Van Dyck, élève de Rubens, a le sens de la narration.

Van Dyck renouvelle la formule du portrait en l’incluant dans une narration :

Le roi vient de descendre de cheval et s’avance suivi de ses serviteurs.
C’est un portrait en mouvement.
Les serviteurs du roi, un page portant le manteau du roi et un diplomate -resté fidèle à Charles Ier pendant toute la guerre civile, Endymion Porter, représenté tenant le cheval, sont en retrait.

La lumière devient narrative en gardant à distance dans son ombre, les accompagnants du roi.
Le cheval aussi participe à la narration. Van Dick a observé les chevaux.
L’animal essuie l’écume de sa bouche sur son membre antérieur.
Cette posture suggère une révérence du cheval destinée au roi.

Son attention à la mise en scène des couleurs, puise aussi chez les peintres vénitiens.

Van Dick est le premier à peindre le roi d’Angleterre à cheval.
Portrait équestre de Charles 1er d’Angleterre –1637-38

Il a le souvenir du tableau de Rubens Portait du Duc de Lerme –1603.et peint un roi guerrier et majestueux.

Les peintres anglais le prennent pour modèle.
Le roi Charles Ier à la chasse sert de véritable socle au genre du portrait royal.
Jusqu’à Hyacinthe Rigaud qui, un siècle plus tard, reprend la pose nonchalante dans son portrait de Louis XIV-1701

 

Conclusion

Van Dick assimile très vite la leçon de Rubens, au style puissant du maître, il associe la douceur de Titien et les couleurs de Véronèse.

Les tableaux de Van Dick se démarquent de ceux de Rubens par leur grâce mélancolique.

Ses nombreux portraits de la noblesse britannique font de van Dyck le fondateur de l’école anglaise.

Les portraits de van Dick exercèrent une influence notable en Angleterre.
Son art empreint de retenue aristocratique et de somptuosité élégante inspira directement les peintres anglais du XVIIIe comme Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough.

Les tableaux des peintres anglais sont les dignes héritiers des portraits de famille initiés par van Dick.

Ukraine, déjà un mois de guerre

Sun center -1975
du peintre américain Ingo Swann (1933-2013)

L’Ukraine est en guerre depuis plus d’un mois mais, le pays résiste.

Ce mois de guerre est un mauvais bilan pour Poutine

Le président Zelensky a comparé Marioupol à Verdun.
Ce qui se passe à Marioupol est un « crime de guerre majeur ».
Les drones filment des images de cataclysme de la ville.
Serait-ce une tactique de guerre pour baisser la garde des russes ?
Le maire adjoint de Marioupol, P. Andriyouchenko, nous affirme (entendu le 24 mars sur LCI) :  » Marioupol a des difficultés mais, se trouve sous contrôle de nos soldats ukrainiens ».

Seven Sisters dreaming -The pléiade, 2014
Tableau d’Alma Granites (1955-2017)

Prenons-nous à rêver
d’un Poutine fragilisé par son armée et par son clan

Comment réagira-t-il ?
Cet homme imprévisible, nous fait froid dans le dos

Jusqu’où nous entrainera-t-il ?

Les ukrainiens résistent, ils ont un moral d’acier.
Nous les regardons perdre leurs maisons, leurs familles, leurs vies.
Nous les regardons se défendre, se battre et résister, de notre fauteuil.

J’espère que l’Europe pourra se regarder dans le miroir à la fin de cette guerre, qu’elle  pourra soutenir qu’elle a fait son maximum pour aider les ukrainiens.

Les européens sont prêts à renoncer à leur confort pour les aider, n’est-ce pas ?