Le pont de Moret – Alfred Sisley

Alfred Sisley (1839-1899)

 

Le pont de Moret

1893
Huile sur toile
Dim 73,5 x 92,02 cm

Conservé au musée d’Orsay

 

Alfred Sisley est un peintre anglais né à Paris et enterré à Moret.
Il s’installe en 1880 non loin de Moret-sur-Loing, situé à la lisière de la forêt de Fontainebleau, sur les rives d’un affluent de la Seine, le Loing. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie.

Moret-sur-Loing devient une véritable source d’inspiration pour Sisley qui peint de nombreux paysages et réalise des séries d’œuvres de différents sites.
Le pont de Moret figure dans plusieurs de ses tableaux.

Le pont de Moret a été peint un jour de ciel bleu et de forte luminosité.

 

Composition

Sisley a le goût des compositions équilibrées et met en valeur l’espace.
Dans ce tableau, il choisit de peindre une vue rapprochée du village.
La toile se décompose en deux parties.
Le ciel occupe la moitié supérieure du tableau.
Le clocher, les peupliers et au centre de la toile, le moulin, se découpent sur le ciel et stabilisent la composition.
Au premier plan, le pont Moret est l’élément principal du tableau, il donne l’élan à la composition, sa diagonale  accroit la profondeur du tableau.
La charrette et les personnages sont des éléments du décor.
Les petites silhouettes se fondent dans la scène comme les nuages dans le ciel et les reflets dans l’eau.
C’est une caractéristique de Sisley, il ne traite pas ses personnages.
Il les représente de façon anecdotique dans le paysage.
Les personnages sont là pour valoriser la nature.

On observe un juste équilibre entre les tons chauds et froids.
Le peintre orchestre les couleurs pour retranscrire l’atmosphère et les nuances du jour.

Sisley traite la surface de l’eau et les reflets du pont avec la technique des impressionnistes, par petites touches apparentes multipliant les dégradées de vert, d’ocre et de bleu.
Pour représenter les toits des maisons, le ciel et ses petits nuages, Sisley change de technique et peint par empâtements.

 

Analyse

Le peintre s’adresse à l’œil du spectateur, à sa sensibilité.

À cette fin, Sisley met à profit son génie de coloriste pour capter la lumière, la transparence de l’air et le miroitement de l’eau.

L’atmosphère du tableau est éclatante de beauté, de clarté et de légèreté.

Le spectateur perçoit  la sérénité de Sisley à peindre l’harmonie et la douceur de ce paysage de Seine-et-Marne.

Le pont de Moret se classe dans les tableaux impressionnistes pour le traitement de l’eau.
Le peintre peint les effets dansant de la lumière dans l’eau en cherchant à restituer sa perception du paysage avec toutes ses nuances, comme Monet, Renoir ou Bazille.

Comme Monet il peindra plusieurs fois le même thème, à différents moments de la journée et de l’année, la vie paisible du village au bord du Loing à toutes heures avec beaucoup de passion.

L’influence de Corot et de la tradition de l’école de Barbizon est toujours présente comme en témoignent les représentions du moulin, des maisons du village, du ciel et ses nuages.

C’est un tableau de lumières.

Sisley travaille la délicatesse de la lumière.
Un ciel de Sisley ne ressemble à aucun autre et montre toute la poésie qui émane de ses toiles.

Mallarmé écrit :
« Sisley fixe les moments fugitifs de la journée, observe un nuage qui passe et semble le peindre en son vol ».

 

Conclusion

Alfred Sisley ne connut pas le succès de son vivant.

Méconnu et talentueux, il est éclipsé par Monet, Renoir et Cézanne.

S’il est considéré comme le plus inspiré des peintres impressionnistes, c’est parce qu’il n’a jamais dérogé aux règles qu’il s’était fixé :
peindre les paysages sur le motif.

Sisley choisit inlassablement pour sujet de ses toiles des paysages où le ciel et l’eau sont animés par les reflets changeants de la lumière.
Il s’inscrit ainsi, dans la lignée de Constable, Bonington et Turner.

Sisley subit l’influence de Monet mais, s’en éloigne par sa volonté de construction qui lui fait respecter la structure des formes.

Il ne changera jamais de sujet et gardera toujours le même format pour ses toiles.

Sisley est le plus puriste des Impressionnistes.