Mois : septembre 2018
Les toits rouges, coin de village, effet d’hiver -1877 Pissarro
Pruniers en fleurs 1857 -Hiroshige
Pruniers en fleurs -Camille Pissarro
Pissarro (1830-1903)
Pruniers en fleurs
1877
Huile sur toile
Dim. 65,5 x 81cm
Conservé au musée d’Orsay
Pissarro
Né dans une ile des Antilles alors danoise, Pissarro s’installe définitivement en France à l’âge de 25 ans après avoir voyagé, pour rompre avec « la vie familiale bourgeoise ».
Il rencontre : Corot, Delacroix, Ingres, avec qui il étudie.
Il rejette l’académisme, préférant les œuvres de Millet, Daubigny et Courbet.
Il fait la connaissance de Monet, Cézanne, Guillaumin et Zola.
Le tableau
Cette toile fut exécutée à Pontoise, derrière la petite maison de Pissarro
Pruniers en fleurs est un tableau champêtre aux teintes claires.
Il est constitué de trois plans :
Le premier plan est planté d’arbres en fleurs et d’un jardin potager.
Il est délimité par un village adossé au flanc d’une colline qui constitue le second plan.
Un ciel bleu brouillé de nuages est repoussé par les toits dans le haut du tableau, et forme le troisième plan.
Une rigueur géométrique dynamise la toile :
Un axe vertical et central représenté par le grand arbre, un pommier, est la colonne vertébrale du tableau. Le pommier dépasse le sommet de la colline, frôle le haut du tableau et tient le premier rôle dans cette toile.
Cette composition apporte le souffle et l’optimisme du printemps.
La saison est pour Pissarro un des éléments du langage du paysage.
Pissarro a réussi à capter la fragile beauté des branches couvertes de fleurs sous le soleil.
Des centaines de petits coups de pinceau se chevauchent.
Ce mélange de petites tâches et de hachures donne une texture vivante. Elle éclaire la toile avec une lumière qui irradie le paysage.
Pissarro utilise les oppositions de couleurs : Les verts du jardin potager et les gris-bleus des toits mettent en valeur les blancs des fleurs des arbres.
La palette du peintre apporte du contraste dans les couleurs avec des touches de plus en plus petites.
Ce tableau illustre un des thèmes de prédilection des impressionnistes, la nature.
Sous le pinceau de Pissarro tout s’humanise, s’idéalise et vibre.
Le peintre
Pissarro a laissé plus de 1500 toiles qui sont conservées aujourd’hui dans les plus grands musées du monde et dans les collections particulières.
Son œuvre est très diversifiée : paysage, portraits, scènes de genre, natures mortes.
Ce sont ses toiles représentant les paysages qui rendent le peintre célèbre. Il parcourt dans ce domaine toute l’évolution de la seconde moitié du XIXe. Partant du réalisme de Corot, il découvre l’Impressionnisme aux cotés de Monet, de Cézanne et de Gauguin.
La contribution de Pissarro à l’impressionnisme est essentielle.
Il est avec Monet un leader.
Pissarro est le premier peintre à supprimer le noir et l’ocre de sa palette.
Il évolue vers une peinture claire, lumineuse et colorée.
Le critique Octave Mirbeau écrit à ce sujet dans le Figaro du 1erfévrier 1892 :
« Le paysage — et la figure n’est-elle pas aussi un paysage ? — tel que l’a conçu — et rendu M. Camille Pissarro, c’est-à-dire l’enveloppement des formes dans la lumière, c’est-à-dire l’expression plastique de la lumière sur les objets qu’elle baigne et dans les espaces qu’elle remplit, est donc d’invention toute moderne. Deviné vaguement par Delacroix, davantage senti par Corot, tenté par Turner en des impressions d’une barbare et superbe beauté, il n’est réellement entré dans l’art à l’état de réalisation complète qu’avec MM. Camille Pissarro et Claude Monet. Quoi qu’on dise et ergote, c’est d’eux que date, pour les peintres, cette révolution dans l’art de peindre, pour le public intelligent, — mais existe-t-il un tel public ? cette révolution dans l’art de voir. »
Pissarro est le seul peintre à présenter des œuvres aux huit expositions des Impressionnistes De 1874 à 1886.
Il a dix ans de plus que la plupart des impressionnistes qui le considèrent comme leur maitre.
À Pontoise, il travaille à l’extérieur, aux côtés de Cézanne (qu’il accueille à Auvers sur Oise en 1873) et de Gauguin.
Pissarro aide Cézanne à peindre plus clair à la manière impressionniste, à chercher la forme par la couleur, puis il aide Gauguin dont il supervise les premières toiles.
Cézanne dit de Pissarro en 1902 : « Quant au vieux Pissarro, il était un père pour moi, un homme à consulter et quelque chose comme le bon Dieu ».
À propos de Pissarro, Paul Signac écrit dans la revue Blanche de 1899 :
« Descendant direct de Corot, il ne cherche pas l’éclat par l’opposition, comme Delacroix mais la douceur par des rapprochements, il se gardera bien de juxtaposer deux teintes éloignées pour obtenir par leur contraste une note vibrante, mais s’évertuera, au contraire à diminuer la distance de ces deux teintes, par l’introduction, dans chacune d’elles, d’éléments intermédiaires, qu’il appelle des passages. La technique néo-impressionniste est basée sur ce contraste, dont il n’éprouve pas le besoin et sur l’éclatante pureté des teintes, dont son œil souffre. »
Pissarro se renouvelle sans cesse, adopte les petites touches de couleurs qu’il découvre avec Signac et Seurat dans les décennies 1880-1890
De la division il ne choisit que le procédé, le petit point dont la raison d’être est justement qu’il permet la notation de contraste et la conservation de cette pureté.
Le pointillisme de Pissarro n’est qu’une expérience picturale car le cadre contraignant et l’esthétique du divisionnisme ne conviennent pas au peintre.
Pissarro s’inspire des idées qu’apporte la naissance de la photographie, et cherche à produire autre chose qu’un compte-rendu photographique. La touche de peinture devient visible et la matière picturale constitue un élément signifiant de l’œuvre. L’instant fugace et la lumière sont des sujets essentiels se superposant au sujet objectif du tableau.
Si la ressemblance fine est en partie abandonnée, la reconnaissance subsiste. Les paysages et les scènes de genre deviennent des sujets essentiels qui jamais ne s’opposent. Le peintre passe plus de temps à capter les effets de la lumière sur un motif qu’à travailler ce même motif à l’atelier.
Conclusion
Camille Pissarro s’attache à donner de l’importance à la couleur, il travaille les infinies variation de l’herbe, des fleurs et les nuances du ciel.
Chez Pissarro le plaisir que procure la couleur relègue la force de la composition à l’arrière-plan.
Contrairement aux autres impressionnistes, Pissarro est avec Degas, un des grands dessinateurs du groupe.
Le dessin est pour lui une technique d’étude de plein air et une étape essentielle dans la détermination du motif et dans la mise en place de la composition.
Cet intérêt pour les arts graphiques s’étend à l’estampe.
Pissarro est l’auteur de lithographies de pointes sèches et d’eaux- fortes et il participe au renouveau de l’eau- forte en couleurs.
Mais il ne diffuse pas ses estampes qui seront découvertes à la vente de son atelier en 1928-29.
Le style de Pissarro a évolué toute sa vie au grès de ses rencontres.
le tableau – Pruniers en fleurs – 1877 – Camille Pissarro
Santa Maria Maggiore- XIIe Bergame
Décor Renaissance composé de boiseries incrustées de marqueteries dues aux talents combinés de l’ébéniste Giovan Francesco Capoferri (1487-1534) et du peintre originaire de Venise Lorenzo Lotto (1480-1556)
Picasso a-t-il vu ces boiseries ?