Guess Art
Le regard sur la trace de la lumière suit le désir du peintre, jusqu’à l’âme du tableau
Chaque semaine je propose un tableau :
Les quatre premiers jours de la semaine je poste des détails du tableau, le vendredi le tableau et le samedi un commentaire sur le tableau.
Le dimanche je poste un ou plusieurs tableaux en rapport avec le tableau de la semaine.
Le concept : trouver le tableau le plus tôt possible dans la semaine.
Si vous trouvez le tableau dès le lundi, vous êtes très fort.
Bravo !
Pour ceux qui cherchent, je donne un indice, en milieu de semaine, sur mes comptes Instagram et Facebook qui portent le même nom que le blog : lumieresdesetoiles
Attention : au pluriel et sans accent...
Bon voyage dans les lumières des étoiles !
Each week there will be a painting that is revealed detail-by-detail :
The first four days of the week, I'll be posting fine details of the painting which will ultimately be revealed on Friday;
On Saturday, I'll be posting a commentary on the work of the week.
Finally, on Sunday, I'll be posting a couple of related works to frame the context, history, or style of the painting of the week.
The challenge: to identify the painting in the shortest time possible.
If you've met the challenge by Monday, you are indeed quite the connoisseur!
Bravo !
For those interested in the challenge, I give an additional hit in the middle of the week on my Facebook and Instagram accounts, which go by the same name as the blog: lumieresdesetoiles.
nymphe -Bouguereau
satire -Bouguereau
marine -Bouguereau
La naissance de Vénus -1912 -Odilon Redon
La naissance de Vénus -1755 Fragonard
Vénus sortie des eaux Fresque de Pompéi
La Naissance de Vénus -Alexandre Cababel
Alexandre Cabanel (1823-1889)
La naissance de Vénus
1863
Huile sur toile
Dim 130 x 225 cm
Conservé au musée d’Orsay
Émile Zola écrit à propos de ce tableau :
« La déesse, noyée dans un fleuve de lait, a l’air d’une délicieuse lorette, non pas en chair et en os -cela semblerait indécent- mais en une sorte de pâte d’amande blanche et rose ».
Ce tableau fut admiré au Salon de 1863 parce qu’il était en parfaite adéquation avec le goût officiel sous le second empire.
La naissance de Vénus constitue l’un des plus grands succès de Cabanel.
Le tableau est acquis par l’empereur Napoléon III pour sa collection personnelle.
Le sujet est un nu académique,
Une belle endormie aux couleurs irréelles qui s’éveille dans une pose suggestive.
Composition
Le tableau se découpe en deux plans délimités par une ligne d’horizon.
Au premier plan, Vénus est lascivement allongée sur l’onde.
Le changement de couleur et, la profondeur apportée par la ligne d’horizon donnent l’impression qu’elle flotte au-dessus de l’eau.
Elle évoque ainsi la Vénus anadyomène (celle qui sort de la mer).
Au second plan, le ciel occupe les deux tiers du tableau.
Dans ce ciel cinq petits amours forment une guirlande au-dessus de Vénus.
On observe la douceur des couleurs et la touche lissée de la peinture.
Le corps se découpe sur un ciel de dégradés, du rose au bleu, en harmonie avec les tons roses nacrés de la peau qu’il reflète.
La lumière diffuse produit des teintes qui évoquent les marbres et dégage une impression de clarté.
La peau de Vénus est douce, prête à l’offrande dans une ondulation des reins, de la chevelure et du mouvement des jambes.
Le corps des amours dansent dans le ciel et reprennent les courbes et la couleur de peau de Vénus.
Analyse
Cabanel a reçu une formation de peintre académique.
Son tableau répond aux caractéristiques de la peinture d’histoire par le format.
Il s’inspire des maîtres du passé, il emprunte à Boucher la clarté des coloris, à Ingres les lignes sinueuses.
Le thème mythologique n’est qu’un prétexte pour aborder le nu selon les canons de la peinture académique, et représenter une femme conforme aux goûts du second empire.
Cabanel a représenté un corps idéalisé.
Elle a le genou rond, le corps potelé, la cage thoracique raccourcie conforme à l’idéal de beauté de l’époque.
On observe l’influence des photographies érotiques en vogue sous le second empire :
Avec les contours parfaitement définis, les courbes accentuées de façon sensuelle, les bras rejetés derrière la tête, le regard vers le spectateur qui donnent une attitude ambigüe à la Vénus.
Sous couvert d’un prétexte antique, Cabanel nous donne à voir une beauté abandonnée, posée sur une cascade de cheveux roux, partenaire sexuelle idéale.
Le spectateur perçoit une tension entre le caractère idéalisé du corps de Vénus et son rendu très réaliste et sensuel.
Conclusion
En 1865, avec L’Olympia, l’absence d’alibi mythologique vaudra à Manet un scandale.
En parlant d’elle, Zola, défenseur de Manet fait allusion à La Naissance de Vénus :
« Si au moins Mr. Manet avait emprunté la houppe à poudre de riz de Mr. Cabanel et s’il avait un peu fardé les joues et les seins de L’Olympia, la jeune-fille aurait été présentable ».
La version édulcorée de La naissance de Vénus –suivant le mouvement académique- s’oppose au nu féminin de Manet qui est davantage dans la radicalité et la modernité.
Cependant les deux peintres se rejoignent en s’inscrivant dans la tradition du passé, avec des références aux grands maîtres, comme Titien, Raphaël et plus près Ingres.
Dans la seconde moitié du XIXe les peintres se libèrent des dictats académiques.
Le métier de marchand d’art se développe offrant l’opportunité aux artistes d’exposer dans leurs galeries.
Ainsi le Salon et l’Académie des Beaux-Arts perdent de leur influence.
La naissance de Vénus est à la fois le symbole de l’encrage de L’Académie des Beaux-Arts et celui de son déclin progressif.