Mosaïque des bikinis – IVe -Mosaïque romaine

 

Mosaïque des bikinis

IVe siècle

Hauteur des figures : 180 cm

 

Conservée in-situ, Villa de Casale dans la ville de Piazza Armerina en Sicile -Italie

 

La mosaïque

La mosaïque est un technique mise en place par les Grecs au VIe av.J.C.

Dans un premier temps, elle consistait à juxtaposer des petits galets de différentes couleurs pour former une image aussi solide et résistante qu’une pierre. Puis les galets furent remplacés par des petits cubes de pierre de différentes couleurs que l’on appelle tesselles.
Ces tesselles sont disposées sur un mortier frais qui se solidifie et les fixe en séchant.

Les romains développent cette technique et la répandent dans tout l’Empire, de l’Orient à l’Occident.
Il l’utilise pour décorer les sols et aussi les murs des maisons et des palais.

On découvre deux tendances esthétiques :
Une privilégie les figures noires sur fond blanc et les effets graphiques crées par contraste,
L’autre utilise la polychromie dans des compositions complexes.
C’est le cas à la villa de Casale.

la villa romaine de Casale est si richement décorée qu’elle fut longtemps considérée à tort comme la demeure d’un empereur.
Elle est située au sud de la ville sicilienne de Piazza Armerina.
Elle contient certains des plus beaux fleurons de l’art non impérial de l’Antiquité tardive.

La villa de Casale fut construite pour un haut dignitaire à la fin du IIIe siècle.
3500 mètres carrés de mosaïques décorent une trentaine de pièces.
Au XIIe, la maison est dévastée par un incendie puis ensevelie sous un glissement de terrain.

Comme pour les cités vésuviennes, l’enfouissement a protégé la maison des pillages et a permis la conservation d’une grande partie des mosaïques.

À partir de 1929, les fouilles entreprises ont permis de retrouver un décor exceptionnel qui est un témoignage artistique et historique inestimable.

Ces mosaïques mettent en scène la vie quotidienne des riches habitants de l’Empire Romain. Elles illustrent des parties de chasse, pêche, courses de chars, exercices sportifs.

 La plus célèbre d’entre elles est la mosaïque étudiée : la Mosaïque des bikinis.

Unique dans le monde antique, cette mosaïque qui pave une partie du complexe de bains privé de la villa montre dix jeunes femmes légèrement vêtues se consacrant à diverses activités sportives : lancé de balle, course, petites haltères…

Le sens de cette mosaïque est suggéré par l’une des figures centrales, une femme qui se couronne d’une palme de victoire : il s’git d’une compétition sportive.

Stupéfaction ! Le bikini n’a pas été inventé dans les années 1950 pour les starlettes de la Croisette à Cannes !
La modernité revient aux jeunes femmes romaines qui portaient ces maillots de bain lorsqu’elles pratiquaient un sport : haltères, jeux de balle, course à pied, lancer de disque.

Les jeunes femmes sont représentées en action.

La jeune femme qui court à droite de la composition, a les bras en mouvement, ils servent de balancier à son buste et traduisent la vitesse. Sa bouche est ouverte pour respirer un maximum d’oxygène et améliorer sa performance sportive.

Leurs poses sont variées, leurs mouvements sont traduits avec justesse et réalisme. Leurs attitudes expriment l’endurance et la compétition.

Une jeune femme tient dans ses mains la palme de la victoire.

Leurs physionomies ne sont pas idéalisées, leurs visages sont bien distincts et ressemblent à des portraits. Ils renvoient une grande concentration.

Chaque jeune femme est différente.

La jeune femme qui s’apprête à lancer un disque porte des bracelets autour du coup, au poignet, sur l’avant-bras et autour des chevilles.

Il y a des brunes et des blondes, des cheveux longs et des chignons.

Seul point commun, elles sont toutes minces et musclées.
Leur corps est mis en valeur par les couleurs vertes et rouges des bikinis qui ressortent sur le fond clair de la mosaïque.

 

Analyse

L’équilibre et la joie de vivre qui se dégage de cette mosaïque  en font un véritable éloge du sport et de ses bienfaits.

 Nées il y a 1600 ans ses jeunes femmes coquettes, libres et sportives nous ressemblent !

Tout au long de la période impériale, les élites fortunées partagèrent leur temps entre les cités dans lesquelles elles jouissaient de positions de pouvoir et de luxueux domaines à la campagne.

Les changements dans la structure du pouvoir à la fin de l’antiquité (période pendant laquelle l’administration des grandes cités autonomes perdit de son importance) firent que les villas et les loisirs qui étaient associés devinrent un mode de vie privilégié.

Preuve de cette importance, la villa romaine de Casale fut intégralement restaurée au cours de la première moitié du IVe siècle. Elle comportait alors près de 3500 mètres carrés de mosaïques -illustrations de l’art pictural de la période ainsi que de la richesse des aristocrates.

I- Même si on y retrouve quelques récits mythologiques, les scènes représentées à la villa de Casale, révèlent en majeure partie les idéaux et les ambitions des aristocrates de l’époque.

La Mosaïque des bikinis transmet un surprenant message : les romaines pratiquent le sport.

Le sport n’est pas uniquement réservé aux hommes. Les jeunes femmes peuvent s’exercer à l’athlétisme et au combat.
Cette évolution des mœurs a lieu au cours de l’Empire (de 27 av.J.C. au Ve ap.J.C.).
Les romaines sortent des maisons, participent à la vie mondaine, culturelle et politique.

La Grande chasse montre la capture de plusieurs animaux exotiques, probablement destinés à alimenter les spectacles dans les amphithéâtres. Les mosaïques représentent précisément les caractéristiques des espèces animales.
En effet, les spectacles de la chasse ouverts au public constituaient pour les aristocrates de l’époque non seulement un passe-temps, mais aussi une façon de démontrer leurs prouesses et de garantir ainsi leur rang social.

La mosaïque de la Course montre les quatre équipages principaux – les Rouges, les Verts, les Blancs et les Bleus -en compétition dans le cirque Maxime, la piste de course romaine.
Comme ces courses étaient l’un des passe-temps les plus en vue à la fin de l’Antiquité, elles pouvaient avoir des répercussions politiques.
Cette mosaïque rappelle donc la position du maitre des lieux à Rome ; dans le même temps, elle illustre les idéaux les plus répandus sur la manière de représenter le statut des élites.

II- Nombre des caractéristiques stylistiques de ces mosaïques auraient pu figurer dans des œuvres antérieures de plusieurs siècles.

Dans la mosaïque de la Course, par exemple, la spécificité du lieu est marquée par les monuments qui bordent la division centrale de la piste ; ce détail est commun à de nombreux bas-reliefs romains.

De la même façon, différents monuments sont montrés au fil de la narration de la course :
On la voit ainsi se dérouler à gauche et à droite de l’œuvre tandis qu’au centre, dont l’agrandissement apparaît ici, le conducteur du char vert reçoit la palme de la victoire.

Cette utilisation de la narration continue était l’une des caractéristiques principales de l’art pictural romain, et peut également être observée sur les peintures murales.

Néanmoins, on peut constater certaines différences entre ces sols et ceux des siècles précédents : contrairement aux œuvres à motifs centraux, récurrents sur les sols italiens du début de l’Empire, les mosaïques de la villa de Casale recouvrent le sol entier et demeurent sans point de focalisation particulier.


II- La vaste circulation des modèles, matériaux et artisans était caractéristique de l’art romain
.

Les pierres colorées apparaissant ici comme tesselles provenaient principalement d’Afrique du Nord, et la plupart des scènes trouvent des échos dans les mosaïques de l’actuelle Tunisie ou Algérie.

 

Conclusion

La production artistique romaine s’étend sur une période d’un peu moins d’un millénaire avec des limites géographiques variables. La civilisation romaine débute environ 7 siècles av.J.C. et se termine avec les invasions barbares au milieu du Ve siècle.

Au fur et à mesure que le territoire administratif grossit les formes d’art des peuples soumis à Rome viennent enrichir les productions artistiques des romains. L’art romain se caractérise par son pouvoir de synthèse, son habileté à recueillir les influences étrangères et à les assimiler.

Relativement pauvre à ses origines, l’art romain prend un véritable essor au contact de l’art grec qu’il se contente dans un premier temps, d’imiter.

Contrairement aux œuvres des Grecs qui recherchent l’idéal esthétique, les œuvres d’art romaines délivrent un message politique, social ou pratique.

La beauté romaine est liée au concept du luxe.
La fraîcheur des œuvres est due aux capacités techniques des peintres.

Les œuvres d’art servent d’autocélébration au commanditaire. Si elles imitent les virtuosités de l’art grec, elles doivent avant-tout, mettre en avant la puissance économique et sociale du commanditaire.

Après la chute de l’Empire, l’art romain se prolonge dans l’art byzantin et l’art chrétien médiéval.

Petit rappel, les mosaïques citées dans le commentaire, seront postées demain dimanche.

Les déchargeurs en Arles -1888 Van Gogh

Ce tableau aux forts contrastes de couleurs dépeint une scène sur les eaux du Rhône au coucher du soleil en 1888.
Les hommes sont entrain de décharger du charbon d’un bateau.

À propos de ce tableau Vincent van Gogh écrit à son frère Théo :
 » J’ai vu un effet magnifique et étrange cet après-midi.
Un grand bateau chargé de charbon sur le Rhône était amarré au quai.
Vu d’en haut, c’était brillant et humide comme la pluie ; l’eau était jaunâtre et blanche, le ciel couleur lilas  empli de nuages  gris perle était strié d’une bande  orange à l’ouest ; la ville violette.
Du  bateau, des petits ouvriers bleus allaient et venaient transportant le charbon sur le quai. C’était un pur Hokusai. »

Ce tableau est conservé au Musée Thyssen, à Madrid -Espagne