Le jardin de Nébamoun – 1380 av.J.C. Peinture de la tombe de Nébamoun

 

Peinture sur plâtre
Dim 72 x 62 cm

Conservée au British Museum

Cette peinture représente le jardin de Nébamoun.
L’utilisation de différents points de vue pour cet arrangement décoratif d’arbres et de plantes donne l’image d’un beau jardin.
Le bassin entouré de fleurs est au centre de la peinture.
Il est recouvert de zigzag qui désigne l’eau en hiéroglyphe.
Les arbres sont schématiques et les oiseaux et les poissons sont posés à la surface.
Le talent de coloriste du peintre a traversé les millénaires et nous donne à voir l’image d’un jardin paradisiaque dont Nébamoun devait être très fier.

La madone des palefreniers – 1605-1606 -Caravage

Appelé aussi La Madone au serpent
Ce tableau de Caravage présente une sainte Anne trinitaire.

C’est une commande de l’archiconfrérie des palefreniers pour orner l’autel de  la chapelle Sant’Anna dei Palafrenieri de la basilique saint Pierre de Rome.
Les seigneurs cardinaux refusèrent l’accroche du tableau prétextant du décolleté trop profond de la Vierge et de la nudité de l’enfant trop grand.
L’œuvre vendue passa dans la collection de la galerie Borghèse, où elle se trouve encore aujourd’hui.

Nébamoun chassant les oiseaux dans les marais – 1380 av.J.C. Peintures murales égyptiennes

 

Peinture murale de la tombe de Nébamoun

 

 Nébamoun chassant les oiseaux dans les marais

 1380 av.J.C.

Peinture polychrome sur plâtre

Dim 98 x 83 cm

Référence EA37977

Conservée à Londres, au British Museum

 

La peinture murale  

Ce fragment provient de la tombe de Nébamoun – Nécropole thébaine (dont la localisation est perdue aujourd’hui). On la situe plutôt dans la nécropole de Dra Abu el-Naga. Les magnifiques peintures murales sont probablement des dernières années du règne d’Amenhotep III ou des premières années de son successeur.

Découverte en 1820 par Giovanni d’Anastasi pour le compte du consul Henry Salt.

Henry Salt vend sa collection au British Museum en 1821.

Nébamoun était scribe et comptable du grain dans le grenier des offrandes divines du temple d’Amon à Karnak, sous la XVIIIe dynastie.
Son épouse est Hatshepsout.

Au nouvel Empire, la chasse du gibier d’eau au boomerang et la pêche au harpon sont toujours associées.

Ici nous n’avons qu’un fragment de la peinture murale.
La scène est en général symétrique ; on ne dispose que d’un fragment correspondant à une moitié.
L’autre partie montrait Nébamoun pêchant au harpon.
La représentation prolongeant la peinture sur la gauche est évoquée par un morceau du harpon qui passe devant le buisson de papyrus.

 

Composition

Cette scène montre Nébamoun chassant des oiseaux dans le marais.

Trois personnages sont représentés sur un esquif, au milieu d’un marais luxuriant.
L’esquif est le bateau de pêche des égyptiens, il est fabriqué à partir de tiges de papyrus liées entre elles.

Nébamoun se dresse très grand au milieu de l’esquif, il porte un pagne de lin blanc noué à la taille sur le devant, un collier ousekh et de larges bracelets agrémentent sa tenue, sa coiffe est une perruque à frisons.
Ses bras sont levés, il tient un boomerang dans sa main gauche et de sa main droite enserre les pattes de plusieurs oiseaux qui se débattent pour s’envoler.

Sa femme se tient debout à ses côtés, elle est de taille plus petite et vêtue d’une tenue très élaborée pour la chasse. C’est une élégante robe jaune agrémentée d’un châle de la même couleur, confectionnés dans un tissu plissé. Sa perruque aux tresses fines est maintenue par un serre-tête, elle est surmontée d’un cône d’onguents (graisse parfumée). Son bras droit est plié, sa main droite serrée contre sa poitrine tient un grand bouquet de fleurs de lotus.

Entre les jambes de Nébamoun une jeune-femme, est assise en tailleur, il s’agit probablement de sa fille. Elle est représentée nue, sa coiffure composée de longues tresses serrées est la coiffure conventionnelle de l’enfance. Elle est couverte de bijoux, une rangée de bracelets, un collier ousekh et une parure avec un pendentif qui tombe sur son nombril. Elle tient un bouquet de lotus dans sa main gauche et s’accroche au mollet de son père avec sa main droite.
Dans un geste enfantin, les petits doigts de son pied droit sont écartés.

La scène mélange des images formelles avec ce qui semble être des représentations réalistes d’oiseaux, de poissons et d’un chat dressé pour la chasse.

Malgré l’apparente précision de ces représentations, ces créatures sont très stylisées et parfois même purement hiéroglyphiques, représentées de façon peu naturelle, mais très compréhensible.
Ce ne sont toutefois que des détails secondaires :

Les papyrus sauvages sont représentés en un buisson stylisé.

Les poissons flottent à la surface de la rivière bleue, elle-même couverte de lignes en zigzag, symbole de l’onde.

De magnifiques oiseaux aux plumages colorés envahissent la scène.
Leurs ailes  ne sont pas attachées naturellement à leur corps.

Des papillons volètent dans tous les sens.

Les fleurs de lotus sont représentées partout dans cette scène, elles sont le symbole de la Renaissance.

Le chat n’est pas en position de saut mais accroupi à mi-hauteur.

Le chat est un animal domestique, il représente aussi le dieu soleil chassant les ennemis de la lumière et de l’ordre.
Par convention, la couleur de son œil, doré, est une référence aux significations religieuses de la scène.

De haute taille, le personnage de Nébamoun est peint en larges touches qui contrastent vivement avec les fourrures, les plumes et les écailles du chat, des oiseaux et des poissons.

Les lignes sont simples, tracées sans aucun souci de perspective.

Avec des moyens limités le peintre anime sa composition, son sens du mouvement est perceptible dans la représentation du personnage central comme dans la posture du chat et les envols de papillons.
Les animaux, les personnages et les hiéroglyphes (il y a huit registres verticaux) sont traités avec la même habilité.

Cette scène est lumineuse et d’une grande fraîcheur.
Elle témoigne de la maîtrise et du talent de l’artiste.

L’intention de l’artiste n’était pas de représenter un paysage, mais de souligner le contraste entre le calme de Nébamoun et de sa femme avec le chaos autour de lui.

 

Analyse

I- L’art de la peinture égyptienne est de s’assurer une belle vie après la mort.

Le point de vue du British Museum :
« C’est plus qu’une simple image de loisirs. Les marais fertiles étaient considérés comme un lieu de renaissance et d’érotisme. La chasse aux animaux pourrait représenter le triomphe de Nébamoun sur les forces de la nature alors qu’il renaissait. L’immense figure ‘enjambée’ de Nébamoun domine, toujours heureux et toujours jeune, entouré par la vie riche et variée du marais ».

Les tombeaux égyptiens étaient décorés de scènes qui, une fois « activées » par les rituels appropriés, permettaient la perpétuation des plus beaux aspects de la vie du défunt et assuraient que les cérémonies idoines se poursuivraient pour toujours.

À partir du Nouvel Empire, apparurent des papyrus peints nommés « Livre des morts » qui illustraient les hymnes, sorts et recommandations censées accompagner le défunt dans son voyage outre-tombe.

L’idéal égyptien de la mort était une tombe décorée de bas-reliefs peints.

Pourtant, ce n’était pas toujours possible.
Dans de nombreuses régions d’Égypte, la qualité de la pierre ne le permettait pas et d’autre part, c’était une dépense très chère.

À Thèbes (l’actuel Louxor), le calcaire, bien que fin, est très friable et les tombes gravées sont rares.

En général, on recouvrait les murs de plâtre épais, puis d’une couche plus fine sur laquelle on peignait ensuite à sec.

Bien que la peinture murale ou sur papyrus, suive les mêmes conventions stylistiques que la sculpture en relief égyptienne, il s’agit d’un support différent qui se prête à d’autres usages.
Toutefois les techniques restent très formelles.
Les artistes ne disposaient que d’une palette réduite de couleurs (terre et ocre) qu’ils conservèrent même lorsque d’autres pigments furent découverts. Ce sont des pigments minéraux qu’ils délayent avec un liant, de la gélatine animale- par exemple.

Le lien au monde naturel est frappant dans cette scène de chasse.

II- Le fait de recréer le monde en peinture ou en sculpture, est sous-tendu par un dessin religieux.

La représentation est ainsi rendue « vivante » et ne cherche pas à peindre le monde tel qu’il est.
Ceci mène à toute une série de conventions, comme le démontre cette scène.

Cette peinture est une scène conventionnelle des tombeaux égyptiens.
 Elle illustre les deux activités, d’une part la distraction et le ravitaillement, et d’autre part, la symbolique liée à la victoire sur les forces sauvages et chaotiques pour s’assurer un environnement sûr pour la renaissance dans l’autre monde.

On retrouve cette iconographie au gré des tombes.

Les tombes de Nakht (TT 52) et de Menna (TT 69) reproduisent des scènes semblables, toutefois la facture est moins aboutie que dans la peinture de Nébamoun.

À propos de de la scène de chasse dans les marais de la tombe de Menna,
John J. Hirst analyse la représentation en précisant que :
« Le marécage et ses hauts papyrus (qu’on ne trouve que dans le Delta) représentent la même chose pour le défunt que les marais de Chemmis pour l’enfant Horus, un lieu à l’écart, où il peut grandir, et qui doit être protégé de l’Isfet. Nous retrouvons tout cela : les forces du mal (l’Isfet), représentées par les oiseaux (qui n’appartiennent pas à un monde organisé) doivent être combattues, car elles menacent Nakht renaissant comme Seth menaçait Horus. »

 

Conclusion

 Ainsi l’art et la religion sont indissociables.

L’artiste ne pouvait pas faire preuve d’originalité, il se devait de respecter les lois très strictes de la représentation pour être apprécié.

L’artiste était entièrement soumis aux règles du groupe, et ce cadre normatif très contraignant de la création est la raison pour laquelle nous trouvons tant de charme et d’originalité à l’art égyptien.

Les constantes de la production artistique sont sécurisantes pour le regardant occidental soumis au changement perpétuel.

La peinture égyptienne est l’art collectif d’hommes croyant en l’immortalité, un art conçu pour l’éternité.