Guess Art
Le regard sur la trace de la lumière suit le désir du peintre, jusqu’à l’âme du tableau
Chaque semaine je propose un tableau :
Les quatre premiers jours de la semaine je poste des détails du tableau, le vendredi le tableau et le samedi un commentaire sur le tableau.
Le dimanche je poste un ou plusieurs tableaux en rapport avec le tableau de la semaine.
Le concept : trouver le tableau le plus tôt possible dans la semaine.
Si vous trouvez le tableau dès le lundi, vous êtes très fort.
Bravo !
Pour ceux qui cherchent, je donne un indice, en milieu de semaine, sur mes comptes Instagram et Facebook qui portent le même nom que le blog : lumieresdesetoiles
Attention : au pluriel et sans accent...
Bon voyage dans les lumières des étoiles !
Each week there will be a painting that is revealed detail-by-detail :
The first four days of the week, I'll be posting fine details of the painting which will ultimately be revealed on Friday;
On Saturday, I'll be posting a commentary on the work of the week.
Finally, on Sunday, I'll be posting a couple of related works to frame the context, history, or style of the painting of the week.
The challenge: to identify the painting in the shortest time possible.
If you've met the challenge by Monday, you are indeed quite the connoisseur!
Bravo !
For those interested in the challenge, I give an additional hit in the middle of the week on my Facebook and Instagram accounts, which go by the same name as the blog: lumieresdesetoiles.
Jeunes filles au piano P-A Renoir 2
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Jeunes filles au piano
1892
Huile sur toile
Dim 116 x 90 cm
Conservée au musée d’Orsay
C’est un des tableaux les plus célèbres de Renoir.
Il y a six versions achevées de Jeunes filles au piano
Cette toile a de grandes dimensions,
elle est peinte pour être regardée dans un musée.
Renoir peint Jeunes filles au piano en 1892 à la demande de l’état français. Il devient le premier peintre impressionniste exposé dans un musée national, le musée d’art contemporain le Luxembourg.
Ce tableau marque le début de sa reconnaissance.
Contexte
Dans la seconde moitié du XIXe la musique de chambre connaît un âge d’or avec des compositeurs comme César Franck, Claude Debussy et Gabriel Fauré.
À la fin du siècle, le monde de « La recherche du temps perdu » retentit de soirées musicales.
Description
Renoir représente un thème particulièrement apprécié de la peinture française du XVIIIe. Il peint un monde idéal. Des jeunes filles gracieuses sont face à un piano dans un intérieur élégant et feutré. Leurs attitudes suggèrent que nous assistons à une leçon de piano.
Composition
L’espace est très limité et articulé par un grand rideau à passementeries.
Devant le rideau, le premier plan est occupé par trois personnages : les deux jeunes filles et le piano. Le cadrage est serré. Le dessin est net et précis. L’ensemble cohérent.
Derrière le rideau, l’arrière-plan est flouté.
-À l’arrière-plan, le décor est davantage suggéré que décrit. On distingue des cadres dorés. Renoir dissout les formes dans un nuage de couleurs et fait, ainsi, ressortir le premier plan.
-Sur le rideau, le travail du drapé est un jeu de lumière et de couleur.
-Au premier plan, le dessin ferme et souple définit clairement les figures.
Le peintre utilise des petites touches longues et de légères superpositions de couches pour concilier le dessin et la couleur. La matière est lisse. Les couleurs sont franches, à peine modulées. Les blancs, rouges, bleus et jaunes renforcent l’impression de chaleur et de douceur. Renoir ne différencie pas les matières, il peint les rideaux, le piano, les robes, les fleurs, les chairs, les cheveux avec une précision égale.
Il vivifie la forme par la couleur.
Renoir disait : « je veux un rouge qui soit sonore, qui sonne comme une cloche, si je ne l’obtiens pas, j’ajoute plus de rouge ou d’autres couleurs jusqu’à ce que je l’attrape ».
Jeunes filles au piano est emblématique de sa période nacrée : les couleurs sont lumineuses mais, pastel.
Les figures ont le corps charnel des femmes que Renoir aime peindre dans ses nus. Sa palette de couleurs lumineuses et ses ombres légères servent les ondulations du corps. Le traitement rosé de la chair donne la candeur des joues des jeunes filles.
Renoir choisit ses modèles en fonction de leur peau. « …pourvu que je tombe sur une peau qui ne repousse pas la lumière ».
Amboise Volard raconte comment ce traitement pictural des chairs prenait toute son ampleur dans le travail de Renoir : « en quittant l’atelier je m’arrêtais devant des roses ébauchées, ce sont, me dit Renoir, des recherches de tons de chairs que je fais pour un nu ».
Cette scène d’intérieur transmet la coquetterie joyeuse des jeunes filles : elles sont coiffées, les rubans retiennent leurs cheveux et dégagent leurs cous. Les poignets sont nus. Le spectateur est devant une scène peinte sur le vif, un moment d’intimité volé.
Renoir joue sur les oppositions entre les jeunes filles l’une est peinte de profil, l’autre de trois-quarts. L’une est blonde, l’autre brune. La première porte une robe blanche, la seconde une robe rouge. L’une est assise et hésitante tandis que l’autre se tient debout et sûre d’elle. Cependant, leurs regards sont dirigés avec la même attention vers la partition, entrainant le regard du spectateur.
Elles sont dans leur bulle absorbées par la musique.
La lumière arrive de la gauche du tableau, caresse les contours des étoffes et des chairs et projette la scène dans une ambiance feutrée propice à la leçon de musique.
Entrer dans ce tableau c’est entrer dans un espace de lumière et de couleur.
L’activité musicale a un côté intime et profondément humain.
Le spectateur est touché par cette douce atmosphère convoquant ses souvenirs d’enfance.
Analyse
Dans cette toile Renoir a mêlé deux arts, la peinture et la musique.
Dans Jeunes filles au piano au premier plan, à droite du tableau, Renoir a peint plusieurs partitions qui suggèrent qu’en musique comme en peinture, l’apprentissage et la persévérance sont nécessaires.
Le piano est un personnage à part entière dans ce tableau.
Renoir montre ainsi la place que prend la musique dans ses œuvres.
Renoir disait « ce doit être très difficile dans le violon comme dans la peinture de trouver du premier coup le ton juste ».
La musique est un art cher à Renoir. Il l’aime depuis l’enfance, il l’a étudiée. Il a plusieurs amis musiciens. Il a souvent utilisé le thème du piano dans ses œuvres.
Il a peint un portrait de Wagner et dit à son sujet : « j’ai beaucoup aimé Wagner. Je m’étais laissé prendre à cette espèce de fluide passionné que je trouvais dans sa musique ».
Renoir affirmait que la musique lui était nécessaire et l’aidait à la création. « Vous savez quand cela ne va pas, une chose m’aide beaucoup, c’est la musique… ».
1890 est la décennie de la maturité et de la consécration.
Paul Durand-Ruel organise une exposition particulière de cent dix toiles. C’est une réussite, la reconnaissance pleine et unanime du public. Les tableaux de Renoir se vendent bien.
Renoir est un maître dans l’art d’évoquer la joie de vivre et la volupté.
Il a une merveilleuse vision du monde.
C’est un peintre authentique, il ne transforme pas, il recrée, tous les sujets lui servent de prétexte à des variations colorées.
Approchez-vous du tableau, vous entendrez des notes de musique s’échapper de la toile.
le tableau -Jeunes filles au piano – 1892- Pierre-Auguste Renoir 2
blanche P-A Renoir 2
harmonie P-A Renoir 2
portées. P-A Renoir 2
accord P-A Renoir 2
Portrait de Pierre Renoir dans un habit de marin 1890 P-A Renoir
le déjeuner des canotiers 1880 P-A. Renoir
Bal du moulin de la Galette. P-A Renoir
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Bal du moulin de la Galette
1876
Huile sur toile
Dim 131 x 175 cm
Conservé au musée d’Orsay
Le moulin de la Galette était une guinguette où l’on pouvait danser, manger des galettes et boire entre amis, le dimanche.
Il se situait sur la Butte Montmartre à côté du moulin qui existe encore aujourd’hui.
L’ambiance de liberté et de plaisir attirait les artistes, les ouvriers et les bourgeois.
Pour construire cette toile animée, Renoir a fait poser ses amis.
Composition
La composition est équilibrée autour de deux lignes :
-une grande diagonale (matérialisée par le banc) qui sépare le premier plan de l’arrière-plan et l’espace de la danse de celui des jeunes buveurs attablés à droite.
-une ligne d’horizon très haute (formée par les lampions) qui appuie le fond du tableau.
La toile est structurée par :
-des groupes triangulaires complémentaires à ces deux lignes de force
-des ondulations variées (en faisant glisser le regard d’un canotier à l’autre, d’une tête à l’autre) qui évoquent la danse.
Le spectateur a un point de vue en plongée sur la scène, le premier plan lui apparait en vue rapprochée et plongeante.
Entre le bas de la toile et sa ligne d’horizon, trois niveaux de plans se succèdent avec de brusques changements d’échelle. Les différences entre les tailles des personnages de l’arrière-plan au premier plan donnent la profondeur de la toile.
Renoir mixe dans sa toile technique et sujet pour créer un espace où tout vibre aux rayons des lumières et au son de la musique.
Dans ce tableau Renoir utilise la touche fragmentée, rapide et juxtaposée, (propre aux impressionnistes) libre et sensuelle.
En associant cette technique à son grand sens du détail, Renoir insuffle de la légèreté à sa composition.
Le blanc équitablement réparti sur la toile éclaire les costumes bleu-foncé et rend les écharpes éclatantes. La teinte bleutée déclinée à l’infini est rehaussée par le jaune des canotiers.
Cette palette de couleurs primaires dynamise la toile. Le jeu des couleurs associé aux sourires des visages dégage une impression de fraîcheur et de fête.
Renoir peint volontairement floue, même au premier plan. Il supprime le dessin des contours de ses figures, ainsi le détail disparaît au profit d’une vibration générale ; celle de deux couleurs, le bleu et le rose dont le mélange donne le mauve.
La lumière distribuée en taches sur les robes, les canotiers ou les sols, reproduit les jeux lumineux des bals en plein-air. Ces touches d’ombre et de clarté restituent les lumières naturelle et artificielle. Cette sensation de mouvement générée par la lumière multiple assure une unité à l’ensemble de la toile.
Le ressenti du mouvement des danseurs est renforcé avec l’envol des robes et la position des bras en demi-cercle.
À l’époque des premières photographies, Renoir exprime l’instant avec l’aspect cotonneux et le choix de représenter des figures coupées bord- champ.
La toile est un moment pris sur le vif, elle représente une foule en mouvement, frémissante, dansant ou causant par petits groupes. On a l’impression d’entendre la musique.
À propos,
La toile témoigne du souffle de gaieté qui règne sur la Butte Montmartre. Elle parle d’une époque révolue, d’un lieu où les loyers peu onéreux attirent les artistes et la bohème (Delacroix, Renoir, Nerval, Gautier…). De nombreux cabarets ouvrent leur porte : « La Cigale et La Fourmi », « Le chat noir », « Le lapin agile ». Ces noms sont synonymes de l’heure de gloire de la Butte avant que celle-ci soit éclipsée par Montparnasse.
Renoir peint ses amis, le critique d’art Georges Rivière attablé avec les peintres Franc-Lamy et Norbert Gœneutre, et deux modèles, les sœurs Jeanne et Estelle qui se ressemblent. Ils discutent et boivent de la grenadine. Sur la gauche, un couple de danseur regarde le peintre, le jupon noir de la femme tranche avec le rose pâle de la robe qu’elle porte. Il s’agit de Margot, modèle et amante d’Auguste Renoir.
La toile représente un grand nombre de personnages et adopte un point de vue positif. Tout contribue à exprimer la joie qui a valu à Renoir le titre de « peintre du bonheur ».
Le Bal du moulin de la Galette fut acheté par Gustave Caillebotte en 1789 qui le légua à l’état en 1894.
Conclusion
Le Bal du moulin de la Galette est le dernier grand tableau peint par Renoir et son œuvre la plus ambitieuse de la période impressionniste
Au début des années 1880 Renoir redécouvre le grand peintre de la Renaissance italienne Raphaël et, décide de retravailler les formes de façon plus incisive en accordant plus d’importance au dessin, tel son Portrait de Pierre Renoir dans un habit de marin de 1890.
Cette nouvelle façon de peindre jette un éclairage nouveau sur le
Bal du moulin de la Galette
Contrairement aux autres impressionnistes, sous le jeu de la lumière, les figures restent des sujets dominants et distincts au lieu d’être noyés dans l’atmosphère ambiante.
Renoir ne peint pas les hommes comme le reste du paysage. Il croit à l’individu, aux histoires personnelles évoquées sur une toile et au bonheur de chacun.







