Guess Art
Le regard sur la trace de la lumière suit le désir du peintre, jusqu’à l’âme du tableau
Chaque semaine je propose un tableau :
Les quatre premiers jours de la semaine je poste des détails du tableau, le vendredi le tableau et le samedi un commentaire sur le tableau.
Le dimanche je poste un ou plusieurs tableaux en rapport avec le tableau de la semaine.
Le concept : trouver le tableau le plus tôt possible dans la semaine.
Si vous trouvez le tableau dès le lundi, vous êtes très fort.
Bravo !
Pour ceux qui cherchent, je donne un indice, en milieu de semaine, sur mes comptes Instagram et Facebook qui portent le même nom que le blog : lumieresdesetoiles
Attention : au pluriel et sans accent...
Bon voyage dans les lumières des étoiles !
Each week there will be a painting that is revealed detail-by-detail :
The first four days of the week, I'll be posting fine details of the painting which will ultimately be revealed on Friday;
On Saturday, I'll be posting a commentary on the work of the week.
Finally, on Sunday, I'll be posting a couple of related works to frame the context, history, or style of the painting of the week.
The challenge: to identify the painting in the shortest time possible.
If you've met the challenge by Monday, you are indeed quite the connoisseur!
Bravo !
For those interested in the challenge, I give an additional hit in the middle of the week on my Facebook and Instagram accounts, which go by the same name as the blog: lumieresdesetoiles.
colère de la montagne – Joseph Wright of Derby
stress des arbres – Joseph Wright of Derby
village endormi – Joseph Wright of Derby
levé de lune – Joseph Wright of Derby
Les trois fils de John Stuart – 1763-64 – Johan Zoffany
Les garçons ont délaissé une partie de tir à l’arc pour dénicher des oiseaux.
Conservé à la Tate Gallery à Londres
Famille James – Arthur Devis 1751
Les jambes croisées de Robert James constituent un symbole de prestige social inspiré de l’iconographie antique et de plus en plus associé à la bourgeoisie, au grand amusement de la noblesse.
Ce type de portrait, non dénué de raideur, était destiné affirmer la richesse et la réussite sociale du commanditaire.
Conservé à la Tate Gallery à Londres
Les enfants Graham – 1742 – William Hogarth
L’un des plus grand portrait de groupe réalisé par Hogarth.
Leurs attitudes gracieuses, leurs vêtements raffinés et leurs visages épanouis semblent traduire l’harmonie familiale, même si l’horloge sur la cheminée, surmontée d’un sablier et d’un Cupidon avec une faux -symbole de la condition mortelle- renvoie à la mort du plus jeune enfant pendant la réalisation du tableau.
Conservé à la National Gallery à Londres
Une jeune-fille avec un chien et un page – 1730 – Bartholomew Dandridge
Conservé dans une collection particulière
Les dames de Noël – 1740 -Bartholomew Dandridge
Bartholomew Dandridge (1691-1754)
Les dames Noël
1740
Huile sur toile
Dim 118 x 156,7 cm
Conservé à la galerie d’art de Manchester, Royaume-Uni.
Le peintre
Bartholomew Dandridge a étudié à l’académie de peinture de Sir Godfrey Kneller et fréquenté la Saint Martin’s Lane Academy après sa fondation en 1720.
Bartholomew Dandridge a mené un carrière de portraitiste à la mode pendant plus de quarante ans à Londres.
Le point culminant de sa carrière eut lieu en 1732, avec le portrait de Frederick, prince de Galles, à cheval.
Le tableau
Dandridge peint ici les trois filles aînées de Baptist Noël, quatrième comte de Gainsborough.
Le portait est situé dans un jardin au fond duquel apparaît Exton Park, dans le comté de Rutland, siège de la famille Noël.
Composition
Les figures entourées de fleurs et d’animaux forment une composition gracieuse qui évoque le rococo français.
Au centre, Elisabeth, neuf ans, tient un agneau sur ses genoux, c’est l’aînée.
Jane, sept ans, la cadette, agenouillée sur le rocher, attrape une branche de l’arbre en fleurs. Elle dépose les fleurs dans une corbeille.
À droite d’Elisabeth, la plus jeune se tient debout, vêtue de bleu, c’est Juliana, six ans.
Les figures se tiennent très droites, le regard tourné vers nous.
Elles ont l’assurance et l’effronterie de la jeunesse.
Une statue de Pan, symbole du printemps et de la fertilité, et une urne géante, symbole d’immortalité, encadrent la scène de part et d’autre.
La végétation est très présente, au premier plan et encadrant les fillettes, des gerbes de fleurs ; dans le fond du tableau, les limites d’un parc bordé d’arbres au-dessus duquel s’étend un grand ciel d’un bleu chargé de pluie, un ciel anglais !
Les couleurs pastel dégagent une atmosphère douce et harmonieuse renforcée par la présence de l’agneau et de la brebis.
Analyse
Tandis que le style rococo s’épanouit en France et influence les artistes allemands et italiens de la première moitié du XVIIIe, il demeure presque absent chez les anglais, qui développent un style propre, notamment en ce qui concerne le portrait.
De 1713 à 1744, période de paix entre la France et l’Angleterre, des peintres et des graveurs français et vénitiens venus travailler à Londres y importent des éléments du style continental et exercent une certaine influence sur les artistes locaux. Parmi eux, il y a Watteau et Canaletto.
Le marché de l’art du XVIIIe est stimulé par la prospérité et la sensibilité culturelle de la nouvelle bourgeoisie marchande anglaise.
Pour ces riches négociants et hommes d’affaires, la commande d’un portrait constitue un moyen privilégié d’affirmer leur ascension sociale.
À côté du portrait individuel, un nouveau sous-genre plus ambitieux émerge :
le portrait de groupe où les personnages sont situés dans un intérieur ou un décor naturel intime.
Ces représentations qui rassemblent parents et enfants, famille et amis, deviennent un thème de prédilection de l’époque.
La position des enfants au sein de l’institution familiale évolue rapidement et stimule la demande de portraits.
L’enfance est considérée comme une période distincte de la vie, avec ses propres valeurs et ses comportements.
Les enfants sont représentés seuls, libres, livrés à leurs jeux, au lieu d’être traités comme des adultes miniature.
Bartholomew Dandridge représente trois sœurs dans un jardin arboré, en respectant les codes des portraits.
La première impression du regardeur est la valorisation de la rectitude des corps.
L’éducation de la jeune noblesse accorde un grand soin à la maîtrise du corps, que ce soit par l’étude de la danse, de l’escrime ou de l’équitation.
La posture droite est la seule garante de l’équilibre qui attribue l’assurance nécessaire au maintien, et aussi la liberté des bras et jambes d’où émerge l’aisance.
La présentation du modèle prévaut dans l’espace social.
La tète donne la première opinion par laquelle on juge une personne.
Les fillettes ont un port de tête « marial ».
La tête droite exprime la hardiesse. « …la modestie est dans les yeux » disait madame de Maintenon.
Bartholomew Dandridge bucolise dans cette toile les figures des enfants.
Le peintre conçoit le corps de l’enfant comme un objet d’art qu’il peut polir, façonner et orner.
Les trois sœurs sont représentées avec raffinement.
Le choix de cette composition les montrant dans une attitude à la fois théâtrale et quotidienne, rend les fillettes aussi sophistiquées dans la vie que sur la toile.
Dandridge cherche à représenter de la façon la plus naturelle la grâce sophistiquée et innée des fillettes.
Le peintre y parvient en prenant des gestes familiers.
Dandridge réussi à intégrer un geste lié à la rusticité (caresser un agneau, cueillir des fleurs dans l’arbre) à une grâce aristocratique et produit ainsi une impression d’aisance.
Dandridge parvient à un mélange harmonieux du noble et du rustique.
Il peint une gestuelle de retenue qui marque plus un statut social que des actions.
Leurs vêtements sont une preuve convaincante de leur haute naissance.
Dandridge utilise le langage corporel comme au théâtre.
Le peintre compense l’inaction des jambes par des expressions faciales fortes.
Le choix des gestes participe de la même intention, les gestes des bras rendent les petites filles expressives.
Les fillettes ont un regard fier, elles sont campées avec assurance sur leurs jambes et ont un bon maintien.
La palette suave, la beauté des visages et la variété des textures concourent vers le même but qui est de plaire à l’œil.
La narration s’élabore de manière feutrée au moyen des gestes et des regards.
C’est une narration aristocratique subtile et discrète.
Encadrées par la statue de Pan -symbole de fertilité et l’urne géante -symbole d’immortalité, les fillettes ont tout un programme !
Conclusion
Bartholomew Dandridge a eu une carrière de portraitiste à la mode, travaillant dans un style similaire à celui de l’anglais, John Vanderbank (1694-1739).
Ses portraits expriment son talent ainsi que l’élégance et la sophistication de l’époque.
Il joue un rôle dans le développement de la pièce de conversation, créant des groupes de personnages modèles pour juger des effets de lumière et d’ombre.
Ses portraits de l’historien Nathaniel Hooke et de Frederick, prince de Galles sont conservés à la National Gallery à Londres.