24 août 2022

Détail du dragon de l’apocalypse -abbaye de Saint Amand, IXe ap. J.C.
Collection de Valenciennes, bibliothèque municipale 

24 août 2022
Cette date est un double anniversaire pour l’Ukraine :

Le 24 août 1991 l’Ukraine proclamait son indépendance

Le 24 février 2022 la Russie envahissait l’Ukraine

Voilà six mois que l’invasion russe applique la stratégie de la barbarie.
Six mois d’une guerre sanglante pour les ukrainiens
Six mois d’une guerre de communication.

Le président Zelensky soutient ses troupes d’une main de fer :
« Nous ne lâcherons rien. Nous nous battrons jusqu’au bout »


La menace nucléaire plane sur l’Europe.

Kiev et Moscou s’accusent à nouveau mutuellement de bombarder la centrale nucléaire de Zaporijia.

Samedi 27 août à 12 :33
« L’infrastructure de la centrale a été endommagée, et il existe des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives » a alerté l’agence sur Telegram.

L’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique,  a formé une équipe en vue d’une mission à la centrale de Zaporijia.
Les experts sont en attente…
Poutine, avec ce chantage nucléaire, joue avec nos peurs.

Source : le journal Le Monde

Un point sur la guerre en Ukraine

 

Man Seated at Table. 1960
René Magritte


Les deux tiers des régions de l’Est et du Sud avec la capitale Kiev ont fait partie de l’ancien empire russe pendant plus de trois siècles.

La raison la plus évidente de cette guerre est le projet de Poutine d’un retour de la grande Russie.

Cette entrée en guerre résulte de longs mois de tensions entre les deux pays, la Russie n’acceptant pas le rapprochement de l’Ukraine avec les démocraties occidentales et encore moins son désir d’adhérer à l’OTAN, un point inacceptable pour Vladimir Poutine qui y voit une menace pour ses frontières.

Le maître du Kremlin veut rétablir une zone de protection autour de son pays et cela passe par une zone d’influence sur les pays de l’ex-URSS.

Vladimir Poutine a pris le prétexte de protéger Donetsk et Lougansk, où les gens parlent russe en majorité, et non ukrainien, pour lancer l’invasion de toute l’Ukrainele 24 février 2022.

La prise de Lyssytchansk permet à Moscou de progresser dans sa conquête de l’intégralité du Donbass.

Le bassin du Donbass a de considérables richesses houillères, un immense gisement de fer et un célèbre gisement de manganèse.

Cette région industrielle de l’est de l’Ukraine largement russophone est contrôlée en partie par les séparatistes prorusses depuis 2014.

Après plus de trois mois de conflit, Kiev a perdu le contrôle de la province de Louhansk, l’une des deux régions du Donbass.

Le Donbass est en partie sous le contrôle de Moscou et, il est vraisemblable que les ukrainiens envisage un jour ou l’autre de récupérer ce territoire.
« Les Ukrainiens ne peuvent pas céder car s’ils font des concessions territoriales, ils vont aiguiser l’appétit des Russes. » R. Girard.

Moscou se trompe en s’en prenant au Donbass, car si la population est russophone, elle se sent avant tout ukrainienne.

Nous avons nos responsabilités d’européens dans ce conflit.

Nous aurions dû être clairs et mettre un véto absolu à l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine dans l’OTAN – au sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2018. Comme l’écrit Renaud Girard : « il aurait fallu dire que la Géorgie et l’Ukraine donnent sur la mer noire et non pas sur l’océan Atlantique comme le stipule la lettre A de OTAN ».

Sources : le journal Le Monde et la magazine Conflit –n°40, l’article de Renaud Girard.

C’est la guerre totale dans le Donbass

Orage sur la mer -1824-28  John Constable
Huile sur papier marouflé sur toile
Collection de l’Académie Royale des Arts à Londres

 

Le Donbass est la cible de frappes intenses.
C’est l’horreur au quotidien depuis plus d’un mois.

L’armée ukrainienne à le moral en berne.
Les russes pilonnent sans discontinuer.

Sievierodonetsk est la bataille clef du Donbass
L’offensive des russes s’accélère.
La Russie a l’avantage en matière d’artillerie, de blindés et d’hommes.

Le ministre ukrainien de la défense annonce 100 soldats tués et 500 blessés chaque jour.

L’armée ukrainienne se retire de la ville de Sievierodonetsk.
Le projet est de « consolider leurs forces sur des positions où elles peuvent mieux se défendre ».

L’Ukraine nous demande des armes pour renverser les russes.
Kiev a besoin d’une aide occidentale « constante ».

Pendant ce temps la résistance s’organise dans les zones occupées en Ukraine,
La guérilla est le cauchemar des russes.

« La population locale continue à opposer une résistance totale » écrivait l’état-major ukrainien.

« Les autorités ukrainiennes ont mis en ligne un site pour coordonner l’action de résistance, qui donne des instructions pour commettre des sabotages, contourner la censure russe et publie des informations sur les actions menées contre l’occupant russe ».

Sources : Le journal LCI et Le Monde

100 jours de guerre en Ukraine

Le Flûtiste de l’artiste peintre surréaliste espagnole,
dite Remedios Varo (1908-1963)

Les russes occupent 20% du territoire ukrainien soit 125 000 Km2.

Le Kremlin estime avoir rempli « certains » de ses objectifs.

Poutine a la nostalgie de la Grande Russie.
Moscou accélère son processus de « russification » à grands coups de propagande à Marioupol annexée.

Afin d’acquérir l’entière façade maritime de la mer d’Azov et les côtes ukrainiennes longeant la mer noire, l’armée russe concentre ses efforts dans le Donbass.

Ville par ville, la Russie s’empare du Donbass.

La Russie a concentré ses moyens pour s’emparer de Severodonetsk et empêcher la liaison entre la région et le pays. Severodonetsk est sous un déluge de bombes.
L’étau se resserre autour de la ville, occupée à 80% par les russes.

Le ministre ukrainien des affaires étrangères d’Ukraine, Dmytro Kuleba, s’adresse aux pays alliés :
« Si vous vous souciez vraiment de l’Ukraine, si vous voulez que l’Ukraine occupe à nouveau son territoire, fournissez-nous des armes pour contre attaquer ».

La situation pour l’armée ukrainienne est difficile, les soldats sont en nombre inférieur, il leur manque des armes et ils sont fatigués.
L’armée russe pilonne.
Ils doivent résister à cette guerre d’usure, rue par rue.
Ils tiennent parce qu’ils se battent pour défendre leur terre.

Les encouragements de leur président sont vitaux.

Aujourd’hui, dans un message vidéo, le président Volodomyr Zelensky affirme :
« la victoire sera notre ».

Devant l’avancée inexorable de l’armée russe dans le Donbass, l’équipe autour de Zelensky reste « droite dans ses bottes »
Le premier ministre Denys Chmyal constate :
« L’Ukraine « avance » vers « la famille européenne » alors que la Russie se rapproche d’une vie derrière le « rideau de fer » et de l’isolement du monde développé ».

Pendant ce temps, la télévision russe parle de troisième guerre mondiale :
« La dénazification de Ukraine est peut-être une expérience d’apprentissage pour notre futur conflit » !

Sources : le journal Le Monde et la chaîne d’informations LCI

Une pensée pour Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste français décédé cette semaine en Ukraine.

mardi 24 mai 2022, trois mois de guerre en Ukraine

Crépuscule –2022 
Tableau du peintre contemporain (b. 1966) anglais : James F. Johnston

La capitale Kiev est toujours aux mains des ukrainiens qui ont chassé les russes.
Dans le Donbass, les combats s’éternisent.
Les russes mènent une guerre de positions.
Toutes leurs forces sont concentrées dans les régions de Lougansk et de Donetsk où les bombardements font rage. La situation se dégrade de jour en jour.

Les soldats ukrainiens sont fatigués mais ils résistent.
Ils se battent pour défendre leur terre.

L’Ukraine ne dispose pas de suffisamment d’armes et de soldats pour prendre l’ascendant.
Kiev  appelle instamment les occidentaux à lui livrer davantage d’armements.

Les russes « veulent tout détruire » affirme Volodymyr Zelensky.

Vendredi 20 mai 2022, ordre de Kiev

Le Feu -2018
Acrylique sur toile de Katherine Bradford -artiste contemporaine 

 

Denys Prokopenko, commandant du régiment Azov, une des unités ukrainiennes présentes dans l’aciérie a annoncé dans un message vidéo que les derniers soldats ukrainiens retranchés dans l’aciérie Azovstal, à Marioupol, ont reçu l’ordre d’arrêter de défendre la ville : « Le commandement militaire supérieur a donné l’ordre de sauver les vies des militaires de notre garnison et d’arrêter de défendre la ville »

Mais qui sont ces soldats, qui ont défendu corps et âme la ville de Marioupol sans jamais rien lâcher ?

Aujourd’hui c’est une unité d’élite de la Garde nationale ukrainienne.

Cela me crève le cœur mais, une petite mise au point sur ce bataillon est nécessaire.

Ce régiment s’est formé en 2014 au moment où les premiers affrontements russo-ukrainiens ont éclatés dans le Donbass.

Pour contrer les séparatistes prorusses du Donbass, le gouvernement autorise des bataillons de volontaires d’extrême droite, indépendants de l’armée, à combattre.
Parmi ces bataillons, le bataillon d’Azov (en référence à la mer) constitué d’une centaine de volontaires aux idées nationalistes et néonazies, participe au combat qui permet aux forces ukrainiennes de reprendre le contrôle de Marioupol.

Cette victoire contre les séparatistes prorusses appuyés par Moscou forge d’eux une image héroïque aux yeux de la population ukrainienne.

À la suite des accords de Minsk-septembre 2014, les bataillons doivent choisir entre rejoindre la Garde nationale ukrainienne ou se dissoudre.
En novembre 2014 le bataillon d’Azov devient officiellement un régiment de la Garde nationale sous la tutelle du ministre de l’intérieur ukrainien.

Adrien Nonjon (journaliste, spécialiste de l’Ukraine) précise : « Cela leur a permis de se légitimer, de recruter plus largement et d’obtenir des armes modernes. C’est devenu une unité d’élite de la Garde nationale ».

En 2022, pour Michael Colborne (journaliste de Bellingcat, -auteur d’un livre sur « Le mouvement Azov » –2022), « seule une minorité des soldats du régiment sont aujourd’hui portés par des idées d’extrême droite ou néonazies. Cette minorité 10 à 20% du groupe, constitue le noyau du régiment ».

Le régiment d’Azov représente pour Vladimir Poutine l’ennemi idéal.
Cette unité d’élite de la Garde nationale, recrutée dans les rangs de l’extrême droite ukrainienne, est le symbole de ces « nazis » que son invasion de l’Ukraine était censée éradiquer.
Interrogé par des journalistes, le porte-parole du kremlin a refusé de dire si ces soldats ukrainiens seraient considérés comme des prisonniers de guerre ou des criminels de guerre…

Avant de se rendre, Bohdan Krotevych, l’un des commandants du bataillon Azov a posté un message sur son compte Twitter :
« Je vous assure, nous n’aurons pas peur de mourir.
En mourant nous aurons conscience que nous allons devenir un engrais de la terre ukrainienne. C’est notre terre natale qui a besoin de beaucoup d’engrais pour qu’à l’avenir une nouvelle génération d’Ukrainiens puisse y grandir.
Cela achèvera notre mission ».

La défense acharnée de ces combattants dans les ruines de Marioupol a fait du régiment Azov le symbole de la résistance ukrainienne.

Leur bravoure, leur audace, leur courage, infinis, sont entachés par leur idéologie. Leurs idées d’extrême droite si elles les propulsent, pour ma part, elles me restent en travers de la gorge.

La formidable histoire tragique se change en histoire triste, très triste.

Mouette marine dans son nid – 1961
Tableau de l’artiste Ukrainienne Maria Prymachenko.

La reddition des soldats d’ Azovstal

Sur la colline aux bleuets
Huile sur toile de lin du peintre contemporain : Ian Felice

Le mercredi 18 mai – information du journal Le Monde :
« la reddition ne serait pas complète en dépit de plusieurs centaines de combattants ukrainiens désormais aux mains des Russes… Entre  une centaine et un millier de soldats ont choisi, armes en main, de rester dans le dernier pré carré de l’aciérie dévastée.
Le chef d’état-major du régiment Azov, Bohdan Krotevych, a posté mercredi soir sur son fil Twitter une photo de lui dans les ruines de l’aciérie mentionnant simplement : « 18.05.22 Azovstal la lutte continue ».

Les autorités ukrainiennes réclament un silence maximal pendant ce processus. « Ce sont nos héros, et nous faisons de notre mieux pour les sauver » a indiqué mercredi soir la vice-ministre ukrainienne de La Défense, Hanna Malyar dans un communiqué.  »

Se défendre jusqu’au bout
Les autorités ne veulent pas sacrifier leur héros.
Les négociations sont très délicates.
Quel sera le comportement des Russes avec le régiment Azov ?
Ces soldats méritent la mobilisation de la communauté internationale.
Mais auront nous les moyens d’interférer ?
Empêcher les tortures et les jugements arbitraires…

Ces soldats sont nos héros et en songeant à leur avenir nous avons la gorge serrée d’émotion.