Les trois sorcières – 1783 Füssli

Les trois sorcières de Füssli (1741-1825)

Après 1783
Huile sur toile

Conservée dans la Collection de la Compagnie Royale de Shakespeare
Stratford-upon-Avon

Un tableau gothique à fond !

Un tableau démoniaque où le fort contraste du clair-obscur donne des frissons.
Un tableau qui oscille entre  rêve et  fantastique.

La composition en frise des trois figures encapuchonnées, présentées de profil, avec un doigt dans la bouche -comme une langue jaillissante et des mains crochues, glace le sang.
L’ensemble crée une surenchère de signes qui amplifient le fantastique et le surréalisme, mettant en valeur le côté démoniaque du tableau.

Füssli est un peintre polyglotte et très cultivé.
Il s’inspire de la littérature et de la tragédie.  Homère, Shakespeare, Dante, John Milton, James Macpherson, Walter Scott, Edmund Spenser, James Thomson, Christoph Martin Wieland, William Cowper ou Friedrich de la Motte Fouqué, alimentent son iconographie.
À Rome, pendant huit ans (1770 à 1778),  il étudie les œuvres de Michel-Ange, du  Titien, du Caravage et des maniéristes. Il s’approprie la peinture ancienne dont il casse les codes.
Il a le goût du clair-obscur et des raccourcis.
Ses tableaux font écho aux œuvres de Goya, de Botticelli, de Bosch, de Rubens, de Rembrandt, de Raphaël, de Gainsborough pour ne citer qu’eux.

C’est est un peintre de l’imaginaire.
Un peintre 
excentrique, un peintre génial à la personnalité déroutante.
Son univers est étrange et effrayant.
Son style est fait d’ambivalence et de paradoxe.
Son œuvre où se côtoient le merveilleux et le fantastique, le sublime et le grotesque est saisissante.

Füssli a inspiré le cinéma :
Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock,
L’Exorciste 
(1973) de William Friedkin,
La marquise d’O (1978) d’Éric Rohmer, Gothic (1986) de Ken Russel et l’Antichrist(2009) de Lars von Trier.

Carton de l’exposition en cours au musée jacquemart-André à Paris :
Les trois sorcières de la tragédie Macbeth apparaissent à plusieurs reprises dans l’œuvre de Füssli.
Créatures hybrides et androgynes, elles symbolisent ici le surnaturel et la part énigmatique de son œuvre.
Émergeant d’une obscurité profonde, leurs visages sont disgracieux et inquiétants…
Cette peinture a été largement reprise sous forme de gravures.

« Les rêves sont l’une des régions les moins explorées de l’art »
Füssli, Aphorisme 231