Vendredi 20 mai 2022, ordre de Kiev

Le Feu -2018
Acrylique sur toile de Katherine Bradford -artiste contemporaine 

 

Denys Prokopenko, commandant du régiment Azov, une des unités ukrainiennes présentes dans l’aciérie a annoncé dans un message vidéo que les derniers soldats ukrainiens retranchés dans l’aciérie Azovstal, à Marioupol, ont reçu l’ordre d’arrêter de défendre la ville : « Le commandement militaire supérieur a donné l’ordre de sauver les vies des militaires de notre garnison et d’arrêter de défendre la ville »

Mais qui sont ces soldats, qui ont défendu corps et âme la ville de Marioupol sans jamais rien lâcher ?

Aujourd’hui c’est une unité d’élite de la Garde nationale ukrainienne.

Cela me crève le cœur mais, une petite mise au point sur ce bataillon est nécessaire.

Ce régiment s’est formé en 2014 au moment où les premiers affrontements russo-ukrainiens ont éclatés dans le Donbass.

Pour contrer les séparatistes prorusses du Donbass, le gouvernement autorise des bataillons de volontaires d’extrême droite, indépendants de l’armée, à combattre.
Parmi ces bataillons, le bataillon d’Azov (en référence à la mer) constitué d’une centaine de volontaires aux idées nationalistes et néonazies, participe au combat qui permet aux forces ukrainiennes de reprendre le contrôle de Marioupol.

Cette victoire contre les séparatistes prorusses appuyés par Moscou forge d’eux une image héroïque aux yeux de la population ukrainienne.

À la suite des accords de Minsk-septembre 2014, les bataillons doivent choisir entre rejoindre la Garde nationale ukrainienne ou se dissoudre.
En novembre 2014 le bataillon d’Azov devient officiellement un régiment de la Garde nationale sous la tutelle du ministre de l’intérieur ukrainien.

Adrien Nonjon (journaliste, spécialiste de l’Ukraine) précise : « Cela leur a permis de se légitimer, de recruter plus largement et d’obtenir des armes modernes. C’est devenu une unité d’élite de la Garde nationale ».

En 2022, pour Michael Colborne (journaliste de Bellingcat, -auteur d’un livre sur « Le mouvement Azov » –2022), « seule une minorité des soldats du régiment sont aujourd’hui portés par des idées d’extrême droite ou néonazies. Cette minorité 10 à 20% du groupe, constitue le noyau du régiment ».

Le régiment d’Azov représente pour Vladimir Poutine l’ennemi idéal.
Cette unité d’élite de la Garde nationale, recrutée dans les rangs de l’extrême droite ukrainienne, est le symbole de ces « nazis » que son invasion de l’Ukraine était censée éradiquer.
Interrogé par des journalistes, le porte-parole du kremlin a refusé de dire si ces soldats ukrainiens seraient considérés comme des prisonniers de guerre ou des criminels de guerre…

Avant de se rendre, Bohdan Krotevych, l’un des commandants du bataillon Azov a posté un message sur son compte Twitter :
« Je vous assure, nous n’aurons pas peur de mourir.
En mourant nous aurons conscience que nous allons devenir un engrais de la terre ukrainienne. C’est notre terre natale qui a besoin de beaucoup d’engrais pour qu’à l’avenir une nouvelle génération d’Ukrainiens puisse y grandir.
Cela achèvera notre mission ».

La défense acharnée de ces combattants dans les ruines de Marioupol a fait du régiment Azov le symbole de la résistance ukrainienne.

Leur bravoure, leur audace, leur courage, infinis, sont entachés par leur idéologie. Leurs idées d’extrême droite si elles les propulsent, pour ma part, elles me restent en travers de la gorge.

La formidable histoire tragique se change en histoire triste, très triste.

Mouette marine dans son nid – 1961
Tableau de l’artiste Ukrainienne Maria Prymachenko.