Claude Monet (1840-1926)
Régates à Argenteuil
1872
Huile sur toile
Dim 48 x 75 cm
Conservé au musée d’Orsay
Sujet
Argenteuil, le dimanche, est la destination des parisiens.
L’attraction principale, sont les régates que se livrent les voiliers.
C’est ce que nous montre le tableau.
Composition
Monet pose son chevalet au bord de la Seine sur la rive du Petit Gennevilliers à Argenteuil. Le peintre représente la mise à flots des voiliers sur la Seine.
L’eau et le ciel se partagent le tableau.
Sur la moitié supérieure, à droite du tableau, une langue de terre flotte entre l’eau et de ciel.
Sur l’eau, dans le prolongement de la rive, sur la gauche du tableau et sur la même ligne, trois voiliers ont hissé les voiles un quatrième à coque verte a sa voile affalée.
Dans l’eau, le ciel, les bateaux et la rive se miroitent.
Les maisons se détachent du paysage, de couleur ocre-rouge, elles tranchent sur les tonalités vertes de la rive.
Trois arbres dont l’un, plus haut, comme une voile verte, répond aux voiles des bateaux.
Le reste du tableau est bleu, bleu pâle et rose pour le ciel, bleu plus soutenu pour l’eau.
La palette de couleurs se résume à une dominante de bleus ponctués de blanc, de vert et d’ocre-rouge.
Les couleurs suivent l’onde. Les touches larges et fractionnées traduisent la dissolution des formes dans l’eau.
La lumière est éblouissante quand elle s’accroche aux voiles. Le blanc ivoire des voiles dans le ciel et leurs reflets dans l’eau hypnotise le regard du spectateur.
Le soleil est à son zénith,il n’y a pas d’ombre. La réflexion de l’eau est totale.
Analyse
Dans ce tableau la perception du reflet est aussi concrète que la perception des choses.
Ce tableau montre comment Monet s’attache à l’instant, à la lumière de l’instant.
Monet s’exprime : « je veux faire de l’insaisissable. C’est épouvantable cette lumière qui se sauve en emportant la couleur ».
L’intention de Monet est d’être là, lié à la nature, d’attendre l’instant, saisir la lumière, étudier les variations des formes, s’enivrer des couleurs, tout au long de la journée.
Dans ce tableau il choisit le moment où le soleil est à son zénith, l’instant de lumière où le ciel et l’eau se confondent.
C’est la fluidité de l’air et de l’eau, leurs aspects mouvants au gré des lumières que le peintre cherche à reproduire. Monet est captivé par les jeux de l’eau et de la lumière.
Il peint par touches fragmentées pour rendre l’effet de mobilité.
Les stries blanches des voiles, le rouge-ocre des toits, le vert des arbres, ondulent dans l’eau.
En s’attachant à peindre les reflets avec justesse, Monet fait de l’eau le double des choses, comme un miroir.
Monet peint sur un bateau-atelier, il aime l’eau et sait représenter sa mobilité et sa transparence.
Cette surface qui coule, ondule et reflète le paysage, les bateaux et le ciel.
Le peintre s’attache aux motifs, les voiliers effleurent l’eau.
Tout est léger, simple. Le spectateur le perçoit.
Ce tableau est une remarquable leçon « d’impressionnisme » où Monet pousse la notion de paysage jusqu’à son impression.
L’atmosphère qui se dégage de ce tableau fait de lumière et de légèreté est d’une grande harmonie.
Le critique Jules-Antoine Castagnary qualifie les artistes d’impressionnistes « en ce sens qu’ils ne rendent non le paysage mais la sensation produite par le paysage ».
Conclusion
Monet reste fondamentalement attaché au motif vu pour lui-même.
Régates à Argenteuil est un symbole de l’art de vivre à la fin du XIXe.
Argenteuil représentait la douceur de vivre et l’art de naviguer sur la Seine.
Monet est un peintre mondialement connu. C’est un travailleur passionné.
Son art s’inscrit dans les évolutions de la société et des idées de la fin du XIXe au premier quart du XXe.