Hans Memling (1430-1494)
Portrait de Maria Portinari
1470
Huile sur panneau
Dim 44,1 x 34 cm
Conservé au Metropolitan of Art à New-York
Le peintre
Hans s’est formé en Allemagne, il est d‘origine germanique. Hans Memling séjourne dans sa jeunesse à Cologne et étudie les œuvres du plus grand peintre colonais du XVe, Stefan Lochner.
On retrouve son influence dans le volet gauche du Jugement Dernier de Dantzig de Memling.
Hans Memling s’installe aux Pays-Bas et travaille auprès de Rogier Van der Weyden, avant de s’établir à Bruges en 1465.
Bruges est à cette époque le centre commercial le plus cosmopolite de l’Europe du nord-ouest et jouit d’un rayonnement à l’échelon international. Dans cette ville, Memling reçoit d’importantes commandes et devient le peintre favori de la haute bourgeoisie, du clergé, des marchands et des banquiers étrangers séjournant à Bruges.
Hans Memling est une des plus grandes figures de la peinture flamande du XVe.
Ses mécènes étaient souvent fortunés, membres de la noblesse.
Ils étaient parfois modestes, à en juger par leur costumes.
À sa mort, en 1494, il était l’un des hommes les plus riches de Bruges, ce qui témoigne d’une carrière brillante.
Le tableau
Ce portrait fait partie d’un triptyque.
C’est un portrait serein et digne, d’une délicatesse souriante.
Les mains croisées, Maria Baroncelli-Portinari prie sans doute la Vierge à l’Enfant représentée sur le panneau central , tandis que son mari, Tommaso Portinari, responsable de la banque des Médicis de Bruges, en fait autant sur le panneau de gauche.
Hans Memling a représenté Maria à mi-corps, vue de trois-quarts, dans une pièce au fond sombre.
Maria occupe l’essentiel du cadre. Le bras est caché par le bord du panneau, les mains sont jointes en prière. Elle est représentée sur un fond uni.
Le style de Hans Memling est brillant et mesuré, le luxe chromatique, la sûreté du rythme spatial de la composition sont déjà parfaitement fixés.
Hans Memling empreinte à Rogier Van der Weyden le portrait à mi-corps.
Memling mêle dans ses portraits les apports de Van der Weyden et de Van Eyck en une synthèse personnelle.
Cette pose en gros plan rendait le personnage accessible.
Et permettait au peintre de souligner une myriade de détails spécifiques.
Ici on observe la magnificence du collier d’une extraordinaire complexité, et l’anneau d’or rehaussé de deux pierres précieuses qui devaient être particulièrement chers à la jeune femme.
La fourrure d’hermine qui borde le décolleté est très élégante.
La jeune femme est coiffée d’un hennin.
Hans Memling reproduit l’image et le caractère du sujet pour la postérité.
Son exécution est exquise.
Analyse
Les portraitistes flamands
Que ce soit sur le plan esthétique ou technique, les meilleurs portraitistes de la Renaissance furent les maîtres flamands.
Avec une précision presque photographique, ils donnaient vie à leurs sujets en dépeignant avec talent le teint frais de la jeunesse ou les joues flasques du grand âge.
Leurs parures et leurs expressions souvent méditatives étaient représentées dans les moindres détails.
Les peintres flamands accordaient une grande importance aux particularités les plus infimes, que ce soit dans les traits d’un visage, les feuilles d’un arbre, les plis d’une pièce de tissu ou le reflet d’un bijou.
Grâce à la technique du glacis à l‘huile sur panneau de bois, les artistes appliquaient avec soin de fines couches transparentes de peinture, très peu chargées en pigments, ce qui permettait à la lumière de pénétrer l’œuvre et de la faire luire en rehaussant les plus petits détails.
Le portrait flamand était apprécié dans toute l’Europe et les étrangers en visite dans les grandes métropoles marchandes telles que Bruges faisaient immortaliser leur visage par les maîtres locaux. Les souverains étrangers invitaient les peintres flamands, dont les homologues allemands, français et espagnols imitaient le style.
L’un des portraitistes les plus illustres et talentueux de l’époque fut Hans Memling.
Comme ses contemporains il réalisa des retables, mais il était particulièrement doué pour le portrait.
Hans Memling est un peintre du raffinement et de la pureté.
Très convoité par les mécènes que ce soit dans son pays ou à l’étranger, il peignait ses sujets avec précision et grâce.
Son art opère une synthèse des recettes eyckiennes : importance de la couleur et de la lumière, rendu des matières, sens du paysage.
En ce qui concerne la composition, les attitudes, les formules du portrait, il se rattache au style de Van der Weyden.
Hans Memling assimile ces apports pour en faire un canon brugeois qui servira d’exemple à des contemporains tels que Gérard David ainsi qu’aux peintres brugeois de la génération suivante.
Memling n’a jamais cessé tout au long des trente années de sa carrière à Bruges, de s’appuyer, dans sa propre peinture de portraits, sur la typologie de Rogier Van der Weyden.
Il y a dans ce portrait de Maria Portinari une blancheur en quoi peut se résoudre la subtile fusion des sept couleurs du prisme.
Le blanc dans ses diverses nuances guident l’œil en l’accrochant délicatement.
Le classicisme souriant de Hans Memling à la solennité calme et impressionnante, épure des formes qui conduisent à la maîtrise d’une beauté idéale et intangible.
Memling est un narrateur hors pair.
Ses œuvres sont tout autant des supports de contemplation.
Il y a dans ce tableau, une qualité de silence.
Ses personnages restent en contact avec la vérité intérieure qui les fait vivre.
Les yeux de Maria Portinari sont grands ouverts vers le monde et vers sa propre âme.
Narration et contemplation se nourrissent mutuellement.
Peinture et poésie animent ce portrait.
Hans Memling donne à ce portrait une puissance et une profondeur.
Il a la capacité de capturer l’essence humaine avec délicatesse et précision.
Hans Memling accorde une grande importance au rendu des matières, à la couleur et à la lumière.
Ce tableau se distingue par sa finesse, son attention aux détails et l’utilisation de la couleur.
C’est un artiste luxueux et minutieux.
Son talent de dessinateur est exceptionnel.
Hans Memling choisit minutieusement l’attitude de son modèle.
Sa maîtrise technique lui permet des réalisations fluides, lumineuses et mystérieuses.
La petite dimension du panneau ne l’empêche pas de posséder une plénitude qui ne brise en rien son caractère précieux et intime.
Ici Memling a réalisé un double portrait, dont les deux pendants l’un Tommaso Portinari, l’autre son épouse Maria Maddalena , qui est devant un fond sombre, mais de trois-quarts, à la manière septentrionale, et non de profil comme en général dans le portrait italien.
Hans Memling combine la réalité et l’illusion.
La peinture de Hans Memling ne sépare pas la description du réel de la contemplation de l’invisible.
Conclusion
Hans Memling est la figure de proue des primitifs flamands.
Avec Dieric Bouts et Hugo Van der Goes, Memling est considéré comme l’un des artistes les plus importants du sud des Pays-Bas au XVe.
Artiste d’origine allemande il s’est installé à Bruges en 1465, où il a travaillé jusqu’à sa mort en 1494.
Son rythme de production était très élevé, particulièrement dans les années 1480, quand il était parvenu au sommet de sa carrière.
Memling fut sans conteste le portraitiste le plus éminent de sa génération aux Pays-Bas bourguignons.
Lorsqu’il mourut en 1494, un contemporain nota dans son journal le décès du
« maître le plus habile et le plus accompli de toute la chrétienté ».
Son œuvre a fortement influencé les portraits de la Renaissance italienne.
Source :
Christian Heck : Hans Memling, entre narration et contemplation –2005