Claude Monet (1840-1926)
Les Coquelicots
1873
Huile sur toile
Dim 50 x 64,7 cm
Conservé au musée d’Orsay
Sujet
Peint alors que Monet résidait à Argenteuil, Les Coquelicots sont un exemple d’exploration de la peinture en plein-air.
Composition
Cette toile représente deux couples de promeneurs dans un champ fleuri de coquelicots.
Le paysage se compose de trois plans.
Au premier plan, au bas d’une colline, marche une femme vêtue avec raffinement, signe qu’elle appartient à la bourgeoisie. Elle porte une robe mauve et son ombrelle est déployée. Son enfant, un petit garçon, qui a cueilli des fleurs, la suit quelques pas en arrière.
Au second plan, en haut de la colline, se tiennent une femme vêtue d’une robe noire et son enfant.
Le ciel bleu chargé de grands nuages blancs et une rangée d’arbres qui délimite la lisière du bois, constituent le troisième plan.
Entre les arbres, se dresse une maison aux murs clairs.
La partie gauche du tableau est dominée par le rouge des coquelicots, la partie droite est une prairie à dominante bleu-vert.
La teinte rouge vif des fleurs dessine une grande diagonale qui mène le regard en haut à gauche et relie la femme et l’enfant sur l’horizon avec ceux du premier plan. Ces lignes de fleurs impulsent un mouvement au tableau, elles tracent à travers champs, le chemin emprunté par les personnages du premier plan.
La marche des promeneurs, ainsi que les coquelicots parsemés jusqu’au bord inférieur du tableau, indiquent qu’il ne s’agit que d’une partie d’un paysage plus vaste.
La ligne d’horizon coupe le tableau en son milieu d’un coté les champs de l’autre le ciel.
C’est la taille des arbres (plus petits à droite du tableau) et la taille des personnages et des fleurs (plus grands au premier plan) qui donnent la profondeur au tableau.
La palette est claire.Monet peint par petites touches vagues, ce qui donne un tracé flou. Les traits des visages ne sont pas visibles, les vêtements et les fleurs ne sont pas détaillés.
Le spectateur voit des coquelicots en interprétant l’aspect rouge des fleurs.
Au troisième plan comme au premier, les arbres sont flous, le spectateur devine une maison traditionnelle, seule la différence des couleurs permet de percevoir les fenêtres et le toit.
Toutes les couleurs sont lumineuses. Le bleu du ciel s’oppose au rouge des fleurs, traversé par le vert de la ligne d’horizon.
La lumière suit le tracé dessiné par les fleurs et vient de la gauche du tableau éclairant les chapeaux de la femme et de l’enfant. Ainsi l’attention du spectateur se porte sur le groupe de personnages du premier plan.
Analyse
Monet est un peintre de son temps et un homme des défis
« Je tiens les artistes d’un siècle pour radicalement incompétents à reproduire les choses du siècle précédent… L’art historique est par essence contemporain. La peinture est … la représentation de choses réelles et existantes », avait écrit Gustave Courbet en 1861.
Monet aurait pu tenir les mêmes propos : lui aussi est convaincu que l’artiste, homme de son époque doit en rendre compte.
C’est pourquoi il peint les loisirs de ses contemporains, comme nous le montre
Les Coquelicots.
Le lieu et le sujet sont un prétexte pour représenter ce qui reste à ses yeux une fascination et un défi : la lumière.
AuXIXe les villages des environs de Paris sont un lieu de détente évoqués par les écrivains comme Flaubert ou Maupassant.
Les impressionnistes, Monet en tête, s’attachent à représenter ces paysages de loisirs épargnés par l’industrialisation.
Dans Les Coquelicots, Monet s’appuie sur des couleurs lumineuses qui mettent en évidence la joie dans la campagne. IL peint ce paysage sur le vif. Le spectateur sent la fraicheur de l’herbe et le plaisir des promeneurs à fouler le champ de fleurs.
L’instantanéité et les jeux de lumière font vibrer ce paysage.
Monet a voulu montrer que le plaisir à la campagne est lié au calme et à la sérénité de l’ambiance.
L’expérience sensorielle proposée par le tableau séduit le spectateur. Avancer dans le champ de coquelicots comme on marche dans la mer est une expérience de fusion avec la nature, symbolique de la relation que Monet entretenait avec elle.
Avec la représentation des loisirs bourgeois, Monet présente des caractéristiques plus conventionnelles et fait passer un message :
Les enfants sont en retrait de leur mère.
Au premier plan le couple marche, au second plan le couple est arrêté.
Le premier couple est au pied de la colline le second, est en haut de la colline.
La première a une ombrelle ouverte la seconde, a son ombrelle fermée sous le bras.
Monet peint un monde où il n’y a pas de communication.
Ce tableau montre un paysage et une pensée.
Conclusion
Les paysages, l’atmosphère, l’eau et la lumière sont les thématiques favorites de Monet.
Il profite de l’invention du tube en étain (en 1850) lui permettant de transporter les couleurs et ainsi de peindre sur le motif. Le petit format de ce tableau en témoigne.
Monet présente les Coquelicots au public lors de la première exposition du groupe impressionniste dans les anciens ateliers du photographe Nadar en 1874.
Les Coquelicots suit la lignée des tableaux du peintre dans la mesure où il rend la vie des choses.
Monet privilégie l’évocation plutôt que le détail
Monet se montrera attentif à créer une atmosphère visuelle tout au long de son œuvre.