Icône de l’archange Michel – XIIe – icône cloisonné

Icône cloisonné 

Icône de l’archange Michel 

XIIe 

Vermeil, émaux et pierres précieuses sur bois
Dim : H : 46,5 cm

Conservé à Venise dans la basilique Saint Marc  

 

 

L’icône 

Cette étonnante icône, réalisée grâce à la technique du cloisonné, fut probablement fabriquée à Constantinople peu avant la mise à sac par les soldats de la quatrième croisade, en 1204.

Elle témoigne d’une technique rarement mise en œuvre : les cloisons en or délimitent les contours de certaines parties du sujet représentées en trois dimensions, comme le nez, avant que les émaux ne soient coulés.

L’or est synonyme de lumière, une lumière céleste qui irradie et éclaire.

L’épée levée, l’archange Michel monte la garde auprès de la porte menant au Paradis.

Le visage du saint est impassible et son attitude est statique. Il est nimbé.
L’archange est ailé, il porte une armure caractéristique qui descend jusqu’aux genoux.
Il porte des cuissardes et des genouillères.
Il incarne le parfait chevalier, jeune, beau et fougueux. Sa silhouette est élancée.

L’archange est l’ami et l’intercesseur des âmes et leur introducteur au paradis.
Il incarne le pouvoir de l’Eglise d’assurer le salut des élus et de sanctionner les pêcheurs lors du jugement.

Dans cette icône, l’archange est « passeur d’âmes ». Il les accompagne pendant leur voyage et les protège des attaques du démon.
C’et lui qui les accueille au paradis.

Saint Michel, est au centre d’un cadre bordé d’un ruban de motifs émaillés qui forment une bordure. Entre les personnages des bordures, à intervalles réguliers, il y a des fleurs stylisées enfermées dans des frises de disques à rosettes, des bandes d’entrelacs et des ondes trilobées. Certaines rosettes sont remplacées par des cabochons de pierres précieuses placés symétriquement.
Cette ornementation court tout autour du cadre et forme un nouveau cadre.
Ce nouveau cadre est orné sur trois côtés de figures émaillées. Sur le bas du cadre les figures émaillées sont remplacées par des disques dorés.

Ces motifs apparaissent comme une treille stylisée de tiges filiformes et ondulées d’où naissent des volutes adaptant leur courbes au champ régulier qui leur est imparti.
Cette surface est rythmée par un système d’alternances harmoniques de clair et de sombre.

Dans les émaux de bordure le regardeur est frappé par la justesse des attitudes et des proportions et la souplesse des vêtements. Il se dégage une vérité humaine.

Le style de ces figures trahit une parenté avec les dessins des enluminures et confirme son origine byzantine.

 

 

 

Analyse 

Imaginez une magnifique église byzantine à l’apogée de sa splendeur, superbe présent à Dieu arborant les ornementations les plus belles que l’or associé au talent puissent engendrer.

Outre une architecture majestueuse, les édifices religieux se devaient d’arborer en leur sein des objets somptueux, délicatement ouvragés et fabriqués à partir des matériaux les plus précieux.

Si les œuvres en soie ou en bois ont aujourd’hui disparu, les pièces d’orfèvrerie, quand elles n’ont pas été fondues pour être réutilisées sous une autre forme, sont assez peu victimes des outrages du temps et celles qui nous sont parvenues présentent un état de conservation remarquable.

La majeure partie des objets en métal avait une fonction pratique.
Certains servaient à conserver les précieuses reliques.
La plus célèbre était supposée être un morceau de la croix sur laquelle le Christ avait été crucifié, lequel selon la légende, avait été trouvé à Jérusalem par Hélène, la mère de Constantin.

Les émaux servaient également à réaliser des icônes, généralement de petite taille, elles représentent  des saints chrétiens comme l’archange Michel.

La technique la plus utilisée dans l’art byzantin était le cloisonné, inventé en Europe occidentale, mais perfectionné au IXe dans la capitale byzantine.
De petites bandes d’or utilisées pour délimiter les contours du dessein étaient fixées sur un support en or.
Du verre en poudre ou en fusion de différentes couleurs était ensuite versé dans les espaces entre les bandes, puis la pièce était cuite.

Au IXe, les émaux recouvraient l’intégralité du dessin, le fond étant recouvert d’émaux verts – comme le montre la Staurothèque de Fieschi-Morgan- cette technique est connue sous le nom de « fusion complète ». 

Le siècle suivant connu des évolutions : sur un fond toujours en or, les émaux n’étaient plus utilisés que pour les sujets selon la technique du champlevé, ce qui produisait un effet similaire à celui des mosaïques de la même période.

Plus tard au cours du XIIe et XIIIe, les fonds furent de nouveaux émaillés, mais en verre blanc plutôt que vert.

Avec Gabriel et Raphaël, Michel est l’un des trois archanges mentionnés dans l’ancien Testament.
Seul Michel bénéficie d’un chapitre dans la Légende dorée.

De nombreux monastères lui sont dédiés. Son culte est encouragé en tant que patron des guerriers et vainqueur des démons païens.

En 789, Charlemagne reconnait officiellement les trois archanges.

Cet icône est soumise aux nécessités concrètes qui tiennent aux trois formes essentielles sous lesquelles on peut employer l’or : plaque ou feuille, granulé, filigrane.

L’or s’inscrit dans un champ régulier et constitue des bandes qui bordent et encadrent, un axe de symétrie qui coïncide et s’harmonise avec les axes d’ornement.
Les cabochons de pierres précieuses, les émaux et leurs figures meublent la bande de contour.
Les schémas tendus par l’implantation des gemmes créent les coordonnées selon lesquelles les volutes s’organisent en une résille scintillante, sur la plaque ombreuse du fond.

Depuis l’époque carolingienne en Occident, une évolution lente du goût tend à remplir d’un réseau toujours plus serré les espaces laissés d’abord libres, jusqu’à  ce que, au milieu du XIIe, la largeur des vides laissés entre les files soit réduite au point d’égaler presque leur épaisseur. 

Celui de cette icône est d’une subtilité extrême. Il fait du fond de l’icône byzantine de saint Michel un trésor de l’église saint Marc.

Les broderies d’or vermiculées avec leurs tracés parallèles, leurs éléments de volutes en S et en bourgeon s’incrustent dans cette icône, en  libre et complète croissance à l’intérieur des bordures.

Le filigrane, la broderie d’or en Orient et en Occident pendant le XIIe ont un goût commun pour le motif vermiculé de source musulmane.

Les travaux de bois en Égypte ayyoubide du temps de Saladim, en Asie Mineure des céramiques mésopotamiennes, des cuivres de la Perse septentrionale ou ceux de Mossoul  aux abords du XIIIe appliquent constamment ce principe de l’unicité du plan sur lequel se meuvent figurent et végétation.

C’est moins le hasard que le matériau même, l’or, qui détermine le choix des artistes lorsqu’ils ont assujetti leur composition à un seul et unique plan.

L’émaillerie byzantine a dès ses débuts accueilli des vagues successives de goût oriental. Elles sont marquées en particulier par l’ornementation végétale des fonds, entièrement émaillés dans les pièces primitives autour des figures aussi émaillées, puis au Xe et XIe, émaillés seulement de motifs incrustés dans la surface d’or, autour des figures émaillées.

Sous les empereurs macédoniens l’émaillerie de Constantinople adopte avec ferveur les types iconographiques iraniens qui réintroduisent les fonds décoratifs émaillés sur fond d’or.

L’émaillage à chaud prend son essor à l’époque byzantine. 

La technique du cloisonné dont se servent les byzantins pour colorer les figures saintes des icônes, apparait.

Les artistes posent des cloisons d’or sur une plaque métallique selon un dessin pré-établi. Les cloisons délimitent des alvéoles qui sont ensuite remplies d’émail. 

Après la cuisson, l’icône est polie pour mettre les fils et l’émail au même niveau.

Ainsi la joaillerie byzantine utilise l’or, hérité des techniques d’orfèvrerie romaine.

Ces végétations terrestres, à tiges souples, devient paradisiaques sur l’icône d’or émaillée de saint Michel, appartenant au trésor de saint Marc à Venise. 

Le saint guerrier se dresse parmi les ramures et les feuilles en ruban d’émail qui remplissent le fond doré derrière lui, en épousant les contours de sa silhouette.

Le matériau confère à un art son caractère concret.
Et la transmission des procédés d’atelier assure une continuité interne à travers les œuvres spécifiques. 

L’émaillerie, intermédiaire entre les arts du feu et les arts du métal, témoigne avec une force particulière de l’indépendance relative de chaque métier d’art.
Si les traditions propres au métier l’emportent sur les traditions stylistiques locales, ces dernières portent aussi leur empreinte indélébile sur tout ouvrage ; cette empreinte peut être le fait d’une culture locale ou d’un emprunt étranger. 

La complexité des problèmes est telle qu’il est alors impossible de situer géographiquement une œuvre, mais on peut superposer les zones d’influences de façon à tracer les limites extrêmes des cercles de civilisation qu’elle suppose.

La polarité classique, Orient-Occident, perd de son efficacité et de sa valeur si on l’érige en système.

 

 

 

Conclusion 

L’extraordinaire expansion de l’art byzantin dans toute l’Europe occidentale au XIIe a donné à Byzance un rôle prépondérant dans l’art occidental.

Les byzantins ont été les premiers artisans à illustrer des scènes miniatures détaillées en émail.

La valeur élevée et la taille relativement petite des pièces d’émail indiquaient qu’elles étaient faites pour un public aristocratique, souvent comme cadeaux pour des familles royales ou pour des églises qu’ils fréquentaient.

C’est au XIe que l’art de l’émail a atteint son sommet et le succès de l’émail byzantin fut général au XIIe et XIIIe, depuis la Géorgie…jusqu’à l’Italie et la Rhénanie. De nombreux émaux byzantins prirent le chemin de ces pays.

C’est au XIIe que l’influence de l’art byzantin nourri de l’Antiquité classique, submerge l’Europe occidentale au point de contribuer à une véritable
« unification de l’enluminure romane » et à la création d’un style
« international ».

L’émail est une des principales ressources du décor de l’orfèvrerie au Moyen-Âge.

C’est une poudre de verre colorée à l‘aide d’oxydes métalliques (cobalt, cuivre, fer…) et le plus souvent opacifiée. Appliquée sur un support métallique (ici de l’or), elle se liquéfie à la cuisson et se solidarise au métal en refroidissant. 

Opaques ou translucides, les émaux ont connu au Moyen-Âge un extraordinaire succès, en raison de leur éclat et de leurs couleurs. 

Toutes les techniques d’émaillage ont été inventées au Moyen-Âge.

L’iconographie de saint Michel, du Moyen-Âge au XIXe, est dominée par les représentations de son combat contre le dragon. 

On le distingue de saint Georges qui n’est pas ailé et qui est le plus souvent représenté en cavalier.
Son combat est évoqué dans l’Apocalypse. « Michel et ses anges combattirent le dragon » (Ap. 12,7).
La victoire sur le dragon symbolise celle du christianisme sur les anciens cultes païens.
À la fin du XVIe l’archange devient le défenseur de l’Eglise menacée par les protestants.

Puis le culte du saint se renforce au XVIIe, après la Fronde.
Louis XIV est membre de la confrérie parisienne de saint Michel et il se réclame de la protection du saint lors de ses victoires.

Le XIXe est marqué par le renouveau du culte de saint Michel.
D’abord dans le cadre d’une dévotion aux anges et particulièrement, à l’ange gardien.
À la fin du siècle il est exalté comme l’archange protecteur de la France aux côtés de Jeanne d’Arc. La dévotion à saint Michel est forte à la fin du XIXe.

 

Sources :
Article de Franck Thénard-Duvivier-2008 : Les images de saint Michel en Normandie (XIIIe-XIXe) – chez Persée
Article de Marie-Madeleine Gauthier -1958 : Les décors vermiculés dans les émaux champlevés limousins et méridionaux -chez Persée
Article de Geneviève François-Souchal -1964 : Les émaux de Grandmont au XIIe -Chez Persée.

Vierge à l’enfant entourée de saints – VIe – Icône

Icône

Vierge à l’enfant entourée de saints

VIe

Encaustique sur panneau
Dim : 68,5 x 49,7 cm

Conservé au monastère Sainte-Catherine du Sinaï en Égypte.

 

 

L’icône 

La jeune Marie porte le Christ sur ses genoux.
Elle est entourée de saint Georges et de saint Théodore, qui tiennent des croix devant eux et sont vêtus de capes richement décorées et fermées par de lourdes fibules en or.
Ces deux saints sont des martyrs du IVe et sont connus pour avoir terrassé un dragon.
Au-dessus de ces quatre personnages auréolés d’or se trouvent deux anges, témoignant d’un incroyable style impressionniste. Ils sont auréolés de blanc et  regardent en direction du Paradis tandis que la main de Dieu est visible entre eux.

Marie retient Jésus avec le bras droit et la main gauche. Elle  le montre comme étant celui vers lequel il faut se tourner.
L’enfant Jésus apparaît non pas comme un bébé mais comme un Christ adulte en réduction, il a le front plissé signifiant qu’il est plein de la sagesses de Dieu.
Le thème de l’incarnation est donc bien central dans l’icône.

La Vierge assure le lien entre le divin et l’humain.

Marie et les deux saints sont repoussés au premier plan par l’architecture et les deux anges.
Les personnages sont plats, ils n’ont pas de volume. Leurs visages sont mis en valeur par l’intensité lumineuse des auréoles de couleur jaune surlignée de noir.

Le modelé des figures est bien proportionné et régulier.
L’ensemble de la composition est remarquable par son équilibre et sa symétrie.
Chaque personnage a une place et des dimensions correspondant à son importance dans la scène.
Le peintre emploie le jaune citron, le vermillon. Il utilise le noir, le brun qu’il rehausse de touches blanches.
Les vêtements sont blancs pour saint Theodore , bruns pour la Vierge et rouge pour saint Georges. Les nimbes sont jaune citron. Dans leur dos, les anges sont blancs. Tous ces tons sont combinés de manière extrêmement hardie.

Focalisé sur la couleur le peintre ne s’occupe pas du relief.
Les vêtements sont tout à fait plats.
Les angles aigus au lieu d’être courbes ne donne pas de relief.

L’icône est dessiné selon la perspective inversée, la profondeur spatiale de l’icône est volontairement réduite dans le volume de la planche en bois, comme si on regardait à l’intérieur d’une petite chambre. Les perspectives ne s’appuient pas sur la réalité visuelle mais sur la dimension d’un monde cosmique où l’espace semble s’enfoncer en largeur et en profondeur, en longueur et en hauteur.

Le peintre byzantin reste attentif aux proportions variées de sa perception, il considère l’espace non pas comme un tout mais comme un monde relatif, temporel, soumis aux corps qui l’habitent et animé par ceux qui le parcourent.

La construction de l’icône par superposition de plans empilés les uns sur les autres -depuis le plus reculé (la feuille d’or) jusqu’au plus proche du regardeur- renforce la nature épiphanique de l’image.
Les éléments qui la composent semblent surgir hors de leur support pour se révéler, de la même manière que Dieu l’avait fait à l’homme, au regardeur qu’elle interpelle. 

Ainsi le regardeur croyait que l’on s’adressait à son « œil intérieur » et non aux « yeux du corps ».  Ces images de l’invisible, tout en s’adressant aux sens et à la raison du regardeur, lui donnaient l’impression de les transcender.

Tandis que les images perspectives de l’Antiquité et de la Renaissance attirent et absorbent le regard et l’esprit du regardeur, l’image byzantine le tient à distance, le tient éveillé.

 

 

Analyse 

Les icônes étaient des œuvres capitales dans la pratique de la religion byzantine et du culte orthodoxe dès la fin de l’iconoclasme, au IXe.

Malgré la constance dans le choix de leur format, elles connurent néanmoins des évolutions dans le temps.
À l’effigie du Christ, de la Vierge, des saints et des anges, les icônes expriment un sentiment de sérénité mâtiné de gravité.
Parmi les icônes les plus anciennes, les plus belles à nous être parvenues sont celles du monastère de Sainte-Catherine du mont Sinaï, un édifice isolé bâti par l’empereur Justinien 1er au VIe.

Généralement représenté de face, le sujet est encadré d’éléments architecturaux et parfois accompagné de saints et d’anges.

Au début du VIIIe, l’empereur Léon III restreignit ou interdit l’usage des représentations figuratives dans l’art religieux et fit détruire ou retirer les peintures et les mosaïques.
La période iconoclaste prit fin en 843, avec la restauration du culte des images.

L’art iconique sous toutes ses formes connut alors des évolutions : les œuvres réalisées à la détrempe, représentaient le Christ, la Vierge Marie et les saints de face, souvent en pied, ou dépeignaient des scènes narratives complexes reprenant des évènements majeurs de leur vie, tels l’Annonciation ou la Crucifixion.

Les saints étaient représentés avec leur attribut permettant leur identification.

C’est probablement au cours du XIIe que les icônes commencèrent à être fixées sur des panneaux en bois devant les sanctuaires des églises, créant ainsi des iconostases, c’est à dire des cloisons ornées d’une icône.
D’autres représentations figuratives, installées sur les autels, n’étaient découvertes ou mise en valeur que pour les jours de fête.

Les icônes étaient réalisées en diverses tailles, les plus grandes étant destinées à être portées en processions; dans ce cas elles étaient souvent peintes des deux cotés.
D’autres encore, plus modestes, peut-être destinées à un usage personnel devaient être posées sur un autel privé ou emportées lors de voyages.


Dans l’icône de la
Vierge à l’enfant entourée de saints la scène paraît sévère, le peintre ne sollicite pas notre sensibilité, mais notre intelligence, notre âme, notre capacité à contempler la grandeur.

Le peintre d’icônes ne prétend pas représenter une réalité humaine.

L’icône est une prière en couleurs.
Le fond doré évoque la lumière divine.

Dans la tradition byzantine, les icônes répondent à des codes stricts -, avec un fondement théologique, que les peintres reprennent précisément pour réaliser un même sujet.

Les regards sont graves et soulignent la majesté de Dieu. Il n’y a pas de sourire ni de marque d’affection entre Marie et Jésus.

La pureté des silhouettes, leur immobilité et leur développement sur une surface idéalisée sont quelques unes des constantes de l’image byzantine.
Le peintre idéalise la beauté afin qu’elle mène vers un monde spirituel, appelé
« néotique » par les byzantins, pour le distinguer du monde physique.

L’icône est une pensée abstraite mettant en relation le visible et l’invisible.

En rendant visible l’image naturelle de Dieu en la personne de son fils, l’icône est un objet sacré, mémorial de l’incarnation divine.

Ce statut extrêmement élevé, faisant communiquer le saint et le sacré par la ressemblance symbolique, situe l’icône au centre des enjeux de pouvoir que pouvaient avoir les deux principaux acteurs de la civilisation byzantine l’empereur et l’Église.

Technique :
Les plus anciennes icônes ont été peintes avec des couleurs à l’œuf appliquées sur un fond formé d’un mélange de craie pilée et de colle, le tout était ensuite recouvert d’épaisses couches d’huile cuite. Cette huile en vieillissant prenait des teintes si sombres qu’il était nécessaire de repeindre de temps en temps l’icône. On procédait soit en appliquant directement de nouvelles couleurs sur les anciennes, soit en grattant la couche précédente et en peignant sur un fond neuf.

L’image ainsi remaniée s’écartait chaque fois un peu plus de l’original.

Par les différents composants utilisés, l’iconographe rassemble ainsi les règnes animal, végétal et minéral, de manière à rendre grâce à Dieu et à la Création.

Devant ces figures immobiles , le regardeur doit faire preuve d’une attitude active. 

Un autre type de mouvement , celui du regardeur, se dégage alors et cela doublement, d’une part par l’effort demandé par son esprit pour décrypter les apparences, en l’incitant à scruter les différents éléments qui composent la scène et à s’arrêter sur tel ou tel détail pour mieux le saisir ; d’autre part, par la mise en place dans les églises byzantines des programmes iconographiques qui le mènent d’image en image.

 

 

Conclusion

Les plus anciennes icônes byzantines ont transmis leurs traits principaux par le type de visage, les corps, les attitudes, les vêtements.
Byzance apporte ses enseignements et ses traditions.
Les deux concepts d’image et d’icône sont fondateurs de toute la réflexion du christianisme oriental sur l’iconographie religieuse.

Les icônes ont dans l’Orthodoxie une fonction essentielle qui est de transmettre par des images artificielles en deux dimensions, peintes sur bois, le mystère de l’incarnation. Elles donnent une représentation figurative mais symbolique du Dieu qui s’est incarné en son fils Jésus Christ sous une forme humaine. Ce peut être une image de Jésus comme une image de la Vierge Marie avec l’enfant Jésus ou d’un saint ou d’une scène de la Bible.

Toutes ces images artificielles que sont les icônes ont pour objectif de mettre en relation le fidèle regardeur avec l’image naturelle de Dieu le Père qu’est le Fils appartenant à la sainte Trinité.

Le triomphe de l’icône se traduit par une association étroite de l’Église au pouvoir temporel. Pouvoir et images sont indissociables.

Le pouvoir ecclésiastique peut se propager de façon illimitée grâce à l’icône qui est le mode de communication universel de la la vérité.

L’icône a une puissance œcuménique, c’est à dire internationale et universelle.
L’’icône s’adresse à tous, en tous temps, en tous lieux.

Elle n’a pas besoin d’une église mais peut exister partout où elle transporte le regard de Dieu qui la distingue quel que soit le sujet qu’elle représente.

Les icônes de la Vierge et de l’enfant Jésus qui symbolisent le plus directement le mystère de l’incarnation, sont les images les plus populaires, faisant l’objet de pèlerinages réguliers.

Ce retour aux sources byzantines du concept d’iconographie, en particulier à sa signification religieuse, permet d’en mesurer toute sa force.

Il permet également de lui rendre toute sa spécificité, à savoir son lien à l’image dans son sens le plus large, auxquelles est conférée une sacralisée dans laquelle le politique, le culturel et le religieux sont en étroite communion.

L’icône est un art sacré pour l’Église, un objet de vénération qui est spécifique à l’Église orthodoxe en tant que symbole de la résurrection.

L’icône est un support pour la prière, qui aide l’âme, par mimétisme, à acquérir de bonnes dispositions et aussi à se concentrer et à s’élever.

L’icône byzantine est une réflexion qui ne pourrait pas fonctionner sans la participation active du regardeur.

 

 

 

 

Sources :
Article d’Alexandre Anisimov -1929 : Les anciennes icônes et leur contribution à l’histoire de la peinture russe – chez Persée
Article de Bruneau Michel -2000 : De l’icône à l’iconographie, du religieux au politique, réflexions sur l’origine byzantine d’un concept gottmanien.
Article de Lazaris Stavros- 2007 : Au-delà de l’art : l’image cultuelle à Byzance – chez Persée