Fresque du bateau de Théra -1620 av.J.C -L’art des Cyclades à l’âge du bronze

L’art des Cyclades à l’âge du bronze

 

Fresque du bateau de Théra

1620 av.J.C.

Dim de la fresque complète 400 x390 cm

La fresque, reconstituée à partir de fragments est conservée au musée national archéologique d’Athènes.

Le site

Théra (aujourd’hui Santorin) est l’île la plus au sud des cyclades et le berceau d’une société florissante de l’âge du bronze qui connut une fin tragique avec l’explosion du volcan au centre de l’île, entre 1600 et 1500 av.J.C.
La plus grande partie de l’île sombra dans la mer, laissant une vaste caldeira, aujourd’hui caractéristique principale de l’île.
Les colonies historiques qui n’ont pas disparu étaient ensevelies sous 50 m de débris volcaniques.
L’un de ces sites, le village d’Akrotiri, fut exhumé en partie et, comme Pompéi, a permis des découvertes extraordinaires.
Des maisons allant jusqu’à trois étages, de la céramique, des meubles, des denrées et des fresques peintes sur les murs des bâtiments, séparées en de nombreux fragments mais aux couleurs remarquablement bien conservées sous les couches de pierre ponce et de cendres volcaniques.

Jusqu’à l’irruption fatidique, l’île de Théra s’était établie comme un centre de commerce méditerranéen prospère, ayant des liens avec les peuples de Crète, des Cyclades, de Grèce continentale et d’Égypte, ce qui se reflète dans les sujets des fresques et dans leur style qui présentent des similitudes avec les fresques de la Crète minoenne et de l’Égypte.

Ces fresques témoignent du grand développement et de la prospérité de Théra.
Et les divers objets trouvés dans les bâtiments indiquent un large réseau de relations extérieures.

Découverte en 1860 lors de l’ouverture d’une carrière à l’occasion des travaux du canal de Suez, les fouilles systématiques débutèrent en 1967 sous la direction du Service Archéologique d’Athènes conduit par l’archéologue Marinatos.

Un certain nombre de fresques et d’objets ont été transférés au musée d’Athènes.

Pour le protéger le site est recouvert d’un toit. 35 bâtiments ont été dégagés ce qui représente 3% de la surface d’Akrotiri.

Contrairement à Pompéi, aucun squelette n’a été retrouvé, les habitants alertés par les tremblements de terre qui ont précédés l’irruption ont eu le temps de fuir.

La Fresque du bateau de Théra a été découverte en 1972. Elle a été datée grâce aux céramiques qui y étaient associées.

 

La fresque

La petite fresque dite des navires ou de la flottille ou Fresque du bateau deThéra se trouvait à l’origine au-dessus des fenêtres du mur sud de la pièce n°5 (la salle de séjour) de que l’on appelle la Maison de l’ouest.
Maison d’un notable ou lieu de culte.

Il semble qu’il s’agisse d’un genre de procession marine.
Elle montre une flotte de bateaux visitant au moins cinq ports et villes. Huit grands navires et trois plus petits, se déplacent d’un port à l’autre, le navire amiral occupant le devant de la scène.
La première, peut-être la ville de Théra, est entourée de rivières bleues et construite en bâtiments rectilignes en pierre de taille.
Au-dessus des toits et près du rivage, on distingue des citadins regardant s’éloigner vers la droite une superbe flottille.
Au-dessus à gauche, l’arrière-pays est représenté avec un lion chassant un daim dans la campagne.

Les bateaux sont longs et effilés avec la proue et la poupe recourbées. Ils sont dirigés par l’arrière et les rameurs sont assis dans le sens du mouvement, montrant qu’ils utilisent des pagaies plutôt que des avirons. Peu efficace, cette méthode de propulsion -tout comme les guirlandes accrochées aux baldaquins où se tiennent les dignitaires- suggère qu’il s’agit d’un genre de fête et non d’un véritable voyage en bateau.
Aux chevrons de ces dais pendent des casques avec des défenses de sangliers indiquant que ces personnages sont des guerriers.

Des dauphins colorés jouent dans les vagues et le plus grand des navires semble avoir des lanternes pendues au mât, ainsi qu’un lion peint sur la proue.

Comme la flotte approche de la deuxième ville, des coureurs traversent la campagne, et des hommes et des femmes apparaissent sur le toit des maisons et le long du rivage, ou bien viennent à la rencontre de la flotte en canot.

La faune et la flore de chaque port sont dessinées avec beaucoup de détails, tout comme les longues robes des passagers du navire, ce qui suggère qu’ils sont d’un statut social élevé.

Sur le mur faisant face à cette fresque, une autre fresque représente un combat naval.
Les marins se battent depuis des navires présentant des avirons (et non des rames). On les voit sombrer dans les vagues, boucliers et lances autour d’eux, tandis que des soldats armés marchent sur la ville.

 

 Les peintures murales de l’âge du bronze

Les fresques aux couleurs vives qui décorent les murs des palais et de nombreuses demeures de l’âge du bronze font renaître sous nos yeux des personnages et des paysages datant de trois mille cinq cents ans.

La plupart des fresques qui nous sont parvenues proviennent de Cnossos, le centre administratif et religieux de la civilisation minoenne dans la Crète centrale, ou bien d’Akrotiri, dans l’île cycladique de Théra, ainsi que Pylos, un palais mycénien, au sud du Péloponnèse.

Ces fresques égéennes ont été exécutées en buon fresco (en appliquant des pigments sur plâtre avant qu’il sèche) et en fresco secco (peintes sur du plâtre sec). Les deux techniques ont été employées, avec des ajouts de détails sur le plâtre mouillé.
Pour créer les fresques, les murs de terre étaient échaulés, et l’on pressait des fils dans le matériau humide pour marquer les bordures. Celle-ci, souvent remplies de motifs géométriques, créaient le cadre de la composition.

Certains des dessins géométriques montrent des signes d’utilisation de dispositifs mécaniques permettant aux artistes d’obtenir une plus grande précision. Pour représenter les personnages, ils utilisaient un système de grille qui était ajusté proportionnellement en fonction de leur âge ou de leur dimension.

En général, six couleurs étaient utilisées : rouge et jaune venus des oxydes naturels du fer, le noir du schiste, le blanc de la chaux, le bleu venu d’un pigment fabriqué en Égypte, et le vert. Bien que le bleu fût onéreux, il restait une couleur très prisée.

Après que la peinture eut séchée, les fresques étaient vernies.

Les premiers exemples de murs décorés de l’âge du bronze en Grèce indiquent que ceux-ci étaient ornés de bandes de motifs ornementaux de plâtre et peints en rouge ou ocre.
Au fil du temps, des thèmes favoris commencèrent à émerger, les sujets naturels étant les plus appréciés.
Les fresques égéennes magnifient la nature.
Les premières peintures minoennes montraient souvent des roseaux, des myrtilles, de l’herbe et des lys.
Les fleurs et les feuillages étaient peints d’après nature aussi bien que laissés à l’imagination, ce qui donne des résultats surprenants et originaux, même si l’on peut souvent reconnaitre certaines plantes.
De nombreuses espèces d’animaux et d’oiseaux, réelles ou imaginaires, peuplent les paysages stylisés : hirondelles, perdrix et huppes, chèvres, singes bleus et griffons.
Dans la Maison de l’ouest, une fresque représente le printemps sur trois murs d’une petite pièce du rez-de-chaussée. Des bouquets de lys en fleur s’échappent de cimes rocheuses aux fantastiques couleurs bleus, rouge et jaune. Entre elles, volettent des hirondelles.
Les fresques montrent un amour pour la mer et le monde naturel.
Les processions, les fêtes religieuses et les cérémonies de cour, ainsi que des scènes sportives comme la course de taureaux, inspiraient les artistes.
Les représentations de personnages en activité, toujours détaillées, montraient un intérêt artistique pour le corps humain et le costume.

Ces scènes sont précieuses pour les historiens qui ont ainsi connaissance des vêtements, des bijoux, des coiffures et des armures.
Ces fresques les renseignent aussi sur les embarcations égéennes.

 

Conclusion

La Maison de l’ouest avec la Fresque du bateau de Théra, est un exemple.
Toutes les maisons de l’âge du bronze avaient leurs murs décorés de compositions figuratives.

Les personnages étaient souvent représentés de profil, s’ils étaient nus dans des pauses très naturelles, les corps ne présentaient aucun détail, dans le cas du Pêcheur, la tête et les jambes sont de profil et le corps de face.
Dans le cas de la Cueilleuse de safran, l’œil en amende et de face, souligné par un sourcil épais et ondulé, est finement représenté dans un visage vu de profil.

Bien que conventionnels dans leur forme, les plantes et les animaux sont distincts les uns des autres -aucun n’est semblable.

La fraîcheur et la vivacité de ces fresques vieilles de trois mille cinq cents ans sont remarquables.

Dans le cas de la Fresque du bateau de Théra et souvent, les quatre murs étaient décorés afin de créer une scène panoramique qui transportait parfois le regardeur hors des limites de la pièce.

D’autre part la lumière faisait partie intégrante du mode de vie.
Les maisons possédaient toutes de nombreuses et larges fenêtres. La présence de grandes fenêtres, dans une cité de l’âge du bronze reposant sur une zone sismique est étonnante.
Ces fenêtres permettaient d’admirer les peintures murales de l’extérieur.

La lumière, les couleurs et les ouvertures communicatives dévoilent une société où l’intérieur est en harmonie avec l’extérieur et le public.

Art Rupestre : Le chasseur et la proie

Art Rupestre : Le chasseur et la proie 

Les magnifiques peintures rupestres des grottes de France et d’Espagne comptent parmi les représentations les plus marquantes de l’art paléolithique.

Des créations magistrales surgissent des ténèbres, presque intactes après plus de 15000 ans.

Parfois le regardeur se sent en connexion avec l’artiste lui-même, lorsque qu’il parvient à identifier la particularité de son trait.

Nous connaissons aujourd’hui plusieurs centaines de grottes décorées, s’étendant sur tout le paléolithique supérieur (v.38000-12000 av.J.C.). Certaines se trouvent en Ukraine, en Italie ou en Grande-Bretagne, la majorité se trouvent en France et en Espagne, en particulier autour des Pyrénées.

L’art rupestre est avant tout, un art animalier. Le cheval domine le bestiaire de l’art pariétal. Les animaux les plus représentés sont les grands bovidés (bisons et aurochs), les cervidés (cerfs et rennes) et les chevaux sauvages, sans compter les herbivores comme le rhinocéros laineux, le mammouth, l’élan. Les carnivores sont rares, on observe un certain nombre de lions et d’hyènes. Les oiseaux, les poissons et les animaux marins sont très rares. La taille des représentations est très variable. Elle va de quelques centimètres à des représentations surdimensionnées comme les taureaux de Lascaux (5,60 m.de long).

Tant de représentations dans des galeries difficiles d’accès suggèrent une fonction rituelle de cet art. Celle-ci restera inconnue à jamais, même si la présence de nombreux herbivores, dont nos ancêtres dépendaient pour survivre, semble témoigner d’une pensée magique ou chamanique liée à la chasse.

La comparaison avec des exemples d’art mobilier et les techniques scientifiques comme la datation au carbone 14 permettent de déceler certaines évolutions stylistiques et thématiques.

À l’exception des extraordinaires peintures de la grotte Chauvet, les premiers exemples d’art rupestre paléolithique (aurignacien, V.33000-28000 av.J.C.) sont rares et simplistes et consistent essentiellement en des silhouettes d’animaux.
Celle-ci deviennent plus réalistes et dynamiques au cours de la période gravettienne qui succède (v.28000-20000 av.J.C.). C’est l’époque où, aux côtés des thèmes animaliers, apparurent un peu partout dans le monde des pochoirs de mains qui persisteront parfois bien après le paléolithique.
L’apogée de cet art se situe sans contexte à la période magdalénienne (V.18000-12000 av.J.C.) dont datent les peintures polychromes des grottes d’Altamira et de Lascaux, qui font preuve d’une grande maîtrise artistique dans leur composition, la minutie de leur exécution ainsi que le dynamisme du trait et les techniques d’ombres portées.
À la même époque des formes humaines détaillées apparaissent dans l’hémisphère sud, en Australie.

Comme dans toutes les formes esthétiques, il existe selon les œuvres et les sites des différences significatives en termes de réalisme, de conception et d’exécution.

L’étude détaillée de certaines grottes révèle que les fresques faisaient partie d’un ensemble soigneusement réfléchi.

On attribue à ces sites une signification plus profonde qu’une simple représentation esthétique. Ces sites faisaient peut-être office de sanctuaires.

Une hypothèse d’ordre chamanique, situe les esprits dans le monde où l’homme ne vit pas : le ciel, les eaux ou la profondeur de la terre.
Les grottes permettaient aux hommes de pénétrer dans ces profondeurs.
La réalisation des figures dans les grottes établissait un contact avec les esprits de l’au-delà.
La représentation des animaux serait une façon de s’adresser à leurs esprits et de capter leurs puissances.

D’autres paléontologues, dont Patrick Paillet (maître de conférence au Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris) considèrent l’art paléolithique comme une démarche naturaliste. Les œuvres seraient l’art des chasseurs.

Les chercheurs distinguent dans l’art pariétal une tendance réaliste et une tendance symboliste.
Les figures schématiques sont plus nombreuses que les autres. Un trait rapide est plus propice à un rituel de chasse qu’une peinture réaliste.
Les figures réalistes seraient plus un plaisir que se ferait l’artiste.
L’art pour l’art en quelque sorte !

La peinture et ses rituels associés, musique et danse, constituaient le ciment de la société dans les conditions hostiles du dernier âge glaciaire.

 

Pochoirs de mains

V.11000-75000 av.J.C.

Pigments sur roche

Dim. des mains : environ 15cm

Ces mains négatives furent peintes dans la Cueva de las Manos (grotte des mains en Argentine, en crachant des pigments liquéfiés sur des mains posées à plat contre le rocher.
Les artistes utilisaient aussi la technique du pochoir, dans ce cas les pigments rouges étaient soufflés à travers un tube creux d’os ou de roseau, un nuage diffus se formait laissant une image de silhouette de la main sur le rocher.

On trouve également sur ce site des représentations d’animaux tels que les guanacos (lamas sauvages d’Amérique du sud), des scènes de chasse ainsi que des empreintes de mains positives créées en couvrant la paume de pigments avant de l’appliquer sur la paroi.

Toutes ces mains négatives se concentrent autour d’une fissure, ce qui revêt sans doute une signification particulière.
Une majorité de mains appartiennent à des femmes.

Quelle est la signification de ces empreintes de mains ?
Les significations et motivations sont multiples.
On envisage des rituels sacrés, des cérémonies d’initiation.
Extrait d’un article de Marc Azéma (docteur en préhistoire) sur futura-sciences :
« 
La main humaine, qui selon Aristote était « l’instrument des instruments », occupe une position centrale dans l’art. C’est particulièrement vrai pour la Préhistoire, puisque l’on retrouve le thème de la main dès les périodes les plus anciennes du Paléolithique supérieur en Europe, à l’Aurignacien et au Gravettien, et que partout dans le monde, en Asie du Sud-Est, en Afrique du Sud, en Amérique du Sud ou en Australie, de nombreux peuples ont ponctué leurs fresques rupestres de motifs de mains. »

 

Cheval ponctué

Gravettien V.25000 av.J.C.

Pigments sur roche

Longueur : 340 cm

La création de ces deux images, quasi en miroir, ici dans la grotte de Pech-Merle, dans le Lot, exigea un temps considérable : leur reproduction expérimentale révèle qu’elle demanda au moins trente-quatre heures de travail.

La paroi du rocher fut choisie pour tirer parti de sa forme particulière permettant de donner du relief aux figures.
L’arête naturelle du rocher fut utilisée pour suggérer la tête du cheval, et les silhouettes élaborées des deux animaux, presque à taille réelle, furent tracées à la peinture et remplies de points représentant la robe des chevaux du Pléistocène, proches des zèbres. Les contours sont tracés au crayon de charbon de bois avec souplesse et précision.
Les chevaux sont figurés de profil.

Les chercheurs après avoir étudié 31 chevaux sauvages fossilisés vieux de 35OOO ans au maximum, issus de 15 sites répartis de l’Europe occidentale à la Sibérie, ont trouvé sur des équidés venant du sud-ouest de la France le gène
« dalmatien ». Cette découverte leur permet d’affirmer d’une part, que cette robe pommelée était courante en Europe de L’ouest et d’autre part, que les représentations des robes pommelées des chevaux ne sortaient pas de l’imaginaire de l’artiste.

Les artistes de la préhistoire reproduisaient ce qu’ils voyaient avec application.

Antérieurement, un saumon avait été peint sur la roche.
Il a été recouvert par les chevaux.

La fresque montre également des mains négatives et le dessin de doigts repliés.

 

Peinture Bradshaw « en bâtons »

v.19000 av.J.C.

Pigments sur roche

Hauteur : 76 cm

Très rependues dans la région de Kimberley, en Australie, de telles peintures représentent des corps humains aux bras et aux torses très allongés.

Cette peinture montre une silhouette richement parée d’attributs sacrés : coiffe, jupe, pompons et bracelets.

Elle tient un martinet, peut-être à des fins rituelles.

La finesse du trait est remarquable.
L’artiste utilisa probablement une plume.

L’artiste a représenté une figure féminine en portant son attention sur le torse.
Au visage, réduit à un point, il a accroché une longue chevelure.
Le visage réduit à un point est une particularité des représentations de figures humaines.

 

Bison d’Altamira

Magdalénien moyen v.14000 av.J.C.

Pigments sur roche

Longueur : 250 cm

De nombreuse gravures ornent les parois de la grotte d’Altamira, en Cantabrie, en Espagne.
Altamira est l’un des apports les plus remarquables de l’Espagne au patrimoine de l’humanité.

Les splendides peintures polychromes de bisons, cerfs et chevaux de la grande salle font partie des plus beaux spécimens d’art rupestre connus en Europe.

L’ocre a servi à confectionner le rouge, le jaune et le brun.
Après avoir broyé le minéral, le résidu était mélangé à de l’eau et décanté. L’eau avec les pigments était transvasée puis séchée au soleil pour obtenir des galettes de pigments. Ces galettes étaient broyées puis mélangées à de l’eau et de l’argile kaolin pour devenir de la peinture.

Les bisons ont été peints en noir et en rouge avec des morceaux de charbon et d’ocre.

Probablement réalisés par le même artiste, la fourrure des bisons présente un rendu réaliste et détaillé.
Les bisons sont immobiles, peints debout, allongés au sol et ruminant ou regardant à l’arrière pour épouser les reliefs de la roche. Ce sont des mâles et des femelles adultes.
L’artiste  représente  fidèlement la forme et les attitudes des animaux.

La peinture rouge recouvre entièrement la roche à l’exception des zones formant une ligne nette qui sépare et distingue les membres du corps et apporte profondeur et volume aux figures.

L’infiltration et la condensation d’eau sur les peintures ont dissous les pigments, ce qui laisse entrevoir la roche sous la couleur des silhouettes. Ainsi l’eau estompe la peinture qui forme des glacis.
C’est donc une dégradation naturelle qui a transformé en figures polychromes les bisons que l’artiste avait peint bichromes rouge et noir.

Plusieurs bisons ont été créés à partir de grands renflements naturels de la roche. Ces renflements s’intègrent à la figure en donnant du volume au corps ou à une partie de celui-ci (le poitrail ou la tête).

L’art rupestre montre l’union de la vie (les animaux) et de la roche inerte (les renflements naturels), le lien entre les figures créées et leur modèle naturel, entre l’art et la nature.

Par opposition au savoir rationnel et scientifique, l’art rupestre est une expression sociale, une connaissance émotionnelle.

Cette peinture est le premier exemple d’art rupestre à avoir été découvert en 1879, mais sa sophistication est telle qu’il fallut vingt ans aux spécialistes pour accepter son authenticité.

 

Série de peintures rupestres noires

Aurignacien à magdalénien 36000-29400 av.J.C.

Charbon sur roche

Longueur : environ 200 cm

Plus de 400 peintures sophistiquées découvertes dans la grotte de Chauvet, en Ardèche, rivalisent en complexité avec celles de Lascaux.

Certaines silhouettes exécutées simplement en rouge, datent du gravettien et remontent à près de 25OOO ans.

Elles précèdent les séries montrées ici, réalisées en noir aux confins de la galerie.

Avant leur exécution la paroi de la salle fut préparée par grattage.

Une large gamme de techniques a été utilisé pour la réalisation des fresques, notamment la maîtrise de l’estompe, la combinaison peinture-gravure, la précision anatomique, les représentations tridimensionnelle et du mouvement.

Les contours des représentations très réalistes, comme ce groupe de rhinocéros laineux furent d’abord esquissés avant d’être ombrés au charbon de bois.

Cette grotte offre des exemples rares d’utilisation de la perspective dans les scènes de groupe, comme sur le rang des rhinocéros.
Certains rhinocéros sont représentés de profil , d’autres ont les quatre membres figurés avec une différence de taille et de couleur révélant une préoccupation de perspective.
Exceptionnellement certains détails apparaissent comme les moustaches de la tête de lion à l’extrême gauche de la roche.
Les espèces dangereuses, difficiles à observer, comme les lions des cavernes, les mammouths, les ours et les rhinocéros sont représentées aux côtés des bisons et des chevaux.

Le groupe des lions surgit sur la partie droite et poursuit un troupeau de bisons qui semble fuir et se tourner vers nous. Le panneau se déroule sur plus de 5 m dans un mouvement dynamique.

La datation de ces fresques reste un sujet de débats entre scientifiques.

Découverte en 1994, la grotte Chauvet située en Ardèche a été abandonnée par les hommes depuis environ 30 000 ans.
Elles pourraient appartenir au magdalénien, au solutréen ou au gravettien moyen mais, l’équipe des spécialistes de la grotte estime qu’elle remonte à l’aurignacien, largement antérieur.
Une récente datation calendaire, situe la première occupation humaine il y a 37 000 ans par les aurignaciens, cette occupation a duré jusqu’à il y a 33 500 ans. La fin de la première occupation de la grotte par des hommes et des ours correspond à un éboulement qui s’est produit il y a environ 34 500 ans fermant partiellement son accès. La deuxième période durant laquelle les humains se rendaient dans la grotte débute il y a 31 000 ans et s’est achevée il y a 29 400 ans en raison d’un nouvel éboulement qui a obturé l’entrée de la caverne, ont déterminé les chercheurs.

Ces conclusions sont le fruit de 18 ans de recherches. Il a fallu élaborer un modèle statistique qui inclut des dizaines de datations au carbone 14 à partir d’ossements, de charbon de bois, de stalagmites, de morceau de paroi rocheuse, précise Jean-Michel Geneste, directeur scientifique de la grotte Chauvet.

La modernité de ces peintures rupestres vieilles de 36 000 ans oblige à réviser notre conception de l’histoire de l’art. Ces fresques montrent la profonde originalité et l’insondable richesse de la relation de l’artiste et de l’animal, de la société et de la nature.

 


Salle des taureaux de la grotte de Lascaux

Fin du solutréen – début du magdalénien 1800 à 15000 av.J.C.

Pigments sur roche

La paroi photographiée a une longueur d’environ 10 m.

La grotte de Lascaux est l’un des témoignages les plus marquants de la peinture rupestre de l’âge de la pierre.

Plus de 70 ans après sa découverte, elle cache encore bien des secrets.

On ne sait pas avec certitude de quand datent ces fresques et si elles ont été peintes sur la même période, mais les spécialistes estiment qu’elles remontent entre 18000 et 15000 av.J.C. pendant l’époque solutréenne ou le début de la culture magdalénienne.

Les animaux représentés sur les murs, chevaux, aurochs et cerfs, suggèrent une période relativement chaude à l’intérieur de cette dernière ère glaciaire.

Certaines représentations de rennes ainsi que la présence de leur ossements sur le sol de la grotte prouvent que les hommes l’occupaient et la décoraient depuis le début de cet âge de glace.

Près de 2000 dessins ont été identifiés, ils constituent 10% des peintures rupestres connues en France. Ils sont répartis en plusieurs galeries situées sur les 250 m du niveau supérieur de la grotte.

La grotte est surtout connue pour ses grandes peintures polychromes.

Du point de vue des thèmes, c’est le cheval qui domine à Lascaux. On en dénombre 364.

La grotte est surtout célèbre pour ses 35 représentations d’aurochs. Longue d’environ 17 m, la salle des taureaux abrite les plus beaux spécimens : 7 animaux, dont certains quasiment à l’échelle, accompagnés de 9 chevaux, 6 cerfs,1 ours et de nombreux signes énigmatiques.

Le rut est le thème central de la scène : l’épaisse robe des chevaux et leur queue qui descend jusqu’au sol, de même que la fourrure et la barbe des aurochs ou la longueur et l’épaisseur des bois de cerfs montrent que chaque espèce est représentée dans sa saison de rut à savoir, respectivement, l’hiver, l’été et l’automne.

On interprète cette composition comme une magnifique ode à la vie qui servait peut-être de calendrier pour la reproduction des animaux, capitale pour les chasseurs-cueilleurs du paléolithique.

Dans la salle des taureaux, l’agencement harmonieux de la fresque montre qu’elle a été conçue comme un ensemble.

Un animal mystérieux, peut-être imaginaire, que l’on appelle « la licorne » visible tout en haut à gauche, semble créer un lien dynamique entre le groupe des chevaux et celui des aurochs, menant au centre de la roche à un affrontement entre deux mâles en période de rut.

Les fresques furent réalisées grâce à des mélanges de peinture à partir d’un genre de pinceau et des couleurs soufflées.

 

Conclusion

Pendant 25 millénaires les hommes, éclairés avec des lampes à graisse ou à moelle, ont peint les parois et les plafonds des grottes.

Il y a 10 000 ans les changements climatiques de l’Holocène ont modifié la vie des chasseurs-cueilleurs et relégué dans l’oubli l’art des cavernes.

Aujourd’hui les sites sont fermés.
Les grottes de Lascaux ou de Cantabrie, de Cosquer, Chauvet ou Cussac sont connues du grand public.
Les paléontologues continuent à faire de nouvelles découvertes.

L’art rupestre contient d’innombrables signes dont la signification reste toujours à déterminer. L’utilisation des différents signes et leurs associations avec les autres éléments devaient constituer un langage ou un calendrier iconographique dont la signification reste un mystère pour les paléontologues.

Selon un rapport de l’UNESCO datant de 1984, plus de 45 millions de figures regroupées sur 70000 sites dans 160 pays ont été recensées. D’après ce rapport, l’Afrique compte 16 millions, l’Océanie 12 millions, l’Amérique 7 millions, l’Asie 6 millions et l’Europe 4 millions.
Ces chiffres sont approximatifs et largement dépassés.

L’art rupestre est un art universel réparti sur toutes les terres occupées par homo sapiens.

Et si les peintures de l’art rupestre étaient simplement les graffitis de l’âge glaciaire, les ancêtres des tags et du street art !