L’éducation-1 /5
Les parents sont absents quand j’installe Timm dans la maison.
Première décision, difficile à tenir, il est décidé que Timm vivrait dehors.
Un conflit avec mon frère à ce sujet aurait perturbé le chiot.
Installé sur son coussin, le nez dans une blouse portant mon odeur, Timm pleure les premiers soirs avant de s’habituer à la situation.
Tous les matins, je l’emmène sur mon lieu de travail, à la clinique vétérinaire.
Le chiot passe la journée dans un espace cloisonné par une grande vitre qui surplombe la salle de réveil post-opératoire.
Les premiers jours de vie commune ont vraisemblablement été fondamentaux pour lui.
Il m’a vue, tout petit, me pencher sur des chiens et assister leur réveil.
Chiens que je venais d’opérer, sujets de toute mon attention.
Peut-être que dans sa tête, je les ressuscitais ?
Timm m’a toujours voué une confiance aveugle.
Ainsi je me souviens de l’épisode du “spigaï”.
Timm avec ses longs poils a souffert d’une otite causée par un « spigaï », ces herbes en forme d’épis de blé qui s’accrochent dans les poils, grimpent et s’immiscent à l’intérieur des oreilles en génèrant des otites très douloureuses.
Je vis à Paris en ce temps-là et ne retrouve mon chien que périodiquement.
Quand Timm vient à ma rencontre, je repère tout de suite le problème au vu de sa tête penchée et je hurle.
Je reproche à mes parents de ne pas l’avoir emmené chez le vétérinaire :
Vous ne voyez pas que Timm souffre en silence !
Vous l’auriez fait pour un petit roquet qui n’arrêterait pas de gémir !
Je file à la clinique.
Timm n’est pas stressé d’être dans ce lieu contrairement aux autres chiens.
Le soin est très douloureux mais, abandonnant sa tête dans mes bras, il se laisse soigner.
Le vétérinaire est stupéfié.
Il se souvient, lui dis-je. Il me fait confiance. Il sait que je vais le guérir.
Timm a toujours su qu’il pouvait compter sur moi.