L’eau, l’océan de Whistler

 

Un horizon très haut colle au ciel. Un ciel comme un chapeau.
Les clapotis de l’eau
Le bruissement des feuilles de bambou
L’odeur âpre des brassées d’iode
Au loin des pattes de mouches, des lignes sombres posées sur l’eau, des bateaux pour la profondeur
Un bout de jetée s’élance sur la gauche de la toile, une ligne de fuite qui lance une perspective
De l’eau de l’eau et de l’eau
À la japonaise… l’éloge du vide
Et puis, un cartouche avec un papillon pour signature
Et puis, le cadre !
Exceptionnel la présence du cadre.
Je vous propose les toiles sans leur cadre habituellement.
Ici le peintre a peint le cadre.
Le cadre fait corps avec la toile, il est indissociable.
Sur le bois le peintre a dessiné des petites vagues, des frises de vagues et il a posé son papillon…
Le cadre nous retient au bord de l’eau.
Fascinés nous sommes mais pas noyés !

Symphonie en gris et vert : l’océan -1866
Huile sur toile de Whistler

Conservée à New-York dans la Frick Collection

Le tableau est exposé actuellement au musée d’Orsay dans la salle réservée au tableau de la collection Frick
Profitez,  c’est exceptionnel, c’est la première fois que les tableaux de la collection voyagent prêtés gracieusement par le musée new-yorkais qui est en travaux.

Le cartel du tableau :
« Lors de la guerre de 1866 entre le Chili et l’Espagne, Whistler fait un incroyable voyage, participant à une expédition à Valparaiso planifiée par d’anciens soldats américains confédérés (dont son propre frère), pour vendre des torpilles aux chiliens.
Le projet avorte, mais l’artiste reste à Valparaiso d’où il rapporte une série de marines qui ne laissent rien deviner du bombardement de la ville par les espagnols, dont il a été témoin.
Whistler réduit la composition en grandes zones colorées simplement animées par une jetée, quelques vagues et la discrète silhouette de navires tournés vers l’horizon. L’espace est aplani comme dans les estampes japonaises, une influence visible également dans la branche de bambou ajoutée au premier plan, et dans le décor du cadre conçu par Whistler lui-même, sur lequel figure son monogramme au papillon et un motif de seigaiha (« vagues de mer bleues »).

New-York, The Frick Collection, Legs Henry Clay Frick