L’ancêtre du smiley ! Masque de Tunghak -esprit errant, Alaska fin du XIXe

Le masque ci-dessus est un masque de métamorphose datant de la fin du XIXe.

C’est un masque de la culture Yupik.
Il est en bois polychrome.
Ses dimensions sont 18,7 x 16,5 cm.

Il est conservé au Dallas Museum of Art aux Etats-Unis.

Le peuple Yupik représente les indigènes qui vivent sur la moitié sud de la côte ouest de l’Alaska, précisément sur le delta du Yukon-Kuskokwim et le long de la rivière Kuskokwim.
Les Yupiit parlent cinq langues distinctes, qui forment un groupe rattaché à la branche eskimo de la famille eskimo-aléoute. Le yupik est encore très largement parlé, à 75 %.
Les Yupiit emploient un système d’écriture semblable à l’orthographe romaine, qaliujaaqpait, qu’ont développé les missionnaires moraves vers la fin du XIXe. Les Yupiks de l’Alaska sont les seuls peuples autochtones qui ont développé un système d’écriture pictographique.

Pour les Yupiit, chaque être et chaque objet possède une âme, le « Yua », qui mérite le respect sous peine de punitions et d’avaries.

Ce peuple est célèbre pour la fabrication de masques cérémoniels.
Leur aspect varie en fonction de leur usage, allant de petits masques de doigts à de grands masques nécessitant plusieurs porteurs

Une classification thématique de la vaste variété des formes et des symboles incarnés par les masques Yupik permet de diviser les masques en plusieurs catégories : les masques Totems, d’animaux mythiques, d’Yua (âme), des Tunghak (esprits errants) ou les masques représentant l’Homme-de-la-Lune.

Les masques sont créés spécifiquement pour une occasion et d’après le rêve du chaman : il faut que l’esprit soit apparu pour qu’on puisse le représenter correctement.

Chaque masque est unique et sa fabrication est sujette aux désirs et à la sensibilité du sculpteur.

Le masque présenté est un masque Tunghak de l’Alaska.

Il correspond à une typologie bien précise présentant un visage zoomorphe –

Rousselot, J.L., Bihl, J. et al –  « Masques Yupik », Masques Eskimo d’Alaska, Novalaise, 1991,  : « Tous les masques de ce type font référence au dieu lunaire, dispensateur de gibier. Les trous percés dans la planche évoquent les lieux de passages entre le monde céleste, la terre et le monde sous-marin. »

La capacité d’un homme à sculpter un masque était considérée comme aussi fondamentale que celle de manger et de respirer.
La fabrication débutait par la collecte du bois, spécifiquement récupéré pour l’occasion et soumise à des rites particuliers, afin de respecter le Yua. Le sculpteur suivait ensuite les directives du chaman pour la forme de l’objet, puis le peignait et terminait par l’ajout des différents éléments rapportés.
Peindre le masque avec des pigments naturels, c’était le rendre visible au monde des esprits…

Les masques cérémoniels yupiks sont célèbres mais rares car ils étaient souvent brûlés après les cérémonies, d’où la rareté des traces archéologiques.