Fresque du bateau de Théra -1620 av.J.C -L’art des Cyclades à l’âge du bronze

L’art des Cyclades à l’âge du bronze

 

Fresque du bateau de Théra

1620 av.J.C.

Dim de la fresque complète 400 x390 cm

La fresque, reconstituée à partir de fragments est conservée au musée national archéologique d’Athènes.

Le site

Théra (aujourd’hui Santorin) est l’île la plus au sud des cyclades et le berceau d’une société florissante de l’âge du bronze qui connut une fin tragique avec l’explosion du volcan au centre de l’île, entre 1600 et 1500 av.J.C.
La plus grande partie de l’île sombra dans la mer, laissant une vaste caldeira, aujourd’hui caractéristique principale de l’île.
Les colonies historiques qui n’ont pas disparu étaient ensevelies sous 50 m de débris volcaniques.
L’un de ces sites, le village d’Akrotiri, fut exhumé en partie et, comme Pompéi, a permis des découvertes extraordinaires.
Des maisons allant jusqu’à trois étages, de la céramique, des meubles, des denrées et des fresques peintes sur les murs des bâtiments, séparées en de nombreux fragments mais aux couleurs remarquablement bien conservées sous les couches de pierre ponce et de cendres volcaniques.

Jusqu’à l’irruption fatidique, l’île de Théra s’était établie comme un centre de commerce méditerranéen prospère, ayant des liens avec les peuples de Crète, des Cyclades, de Grèce continentale et d’Égypte, ce qui se reflète dans les sujets des fresques et dans leur style qui présentent des similitudes avec les fresques de la Crète minoenne et de l’Égypte.

Ces fresques témoignent du grand développement et de la prospérité de Théra.
Et les divers objets trouvés dans les bâtiments indiquent un large réseau de relations extérieures.

Découverte en 1860 lors de l’ouverture d’une carrière à l’occasion des travaux du canal de Suez, les fouilles systématiques débutèrent en 1967 sous la direction du Service Archéologique d’Athènes conduit par l’archéologue Marinatos.

Un certain nombre de fresques et d’objets ont été transférés au musée d’Athènes.

Pour le protéger le site est recouvert d’un toit. 35 bâtiments ont été dégagés ce qui représente 3% de la surface d’Akrotiri.

Contrairement à Pompéi, aucun squelette n’a été retrouvé, les habitants alertés par les tremblements de terre qui ont précédés l’irruption ont eu le temps de fuir.

La Fresque du bateau de Théra a été découverte en 1972. Elle a été datée grâce aux céramiques qui y étaient associées.

 

La fresque

La petite fresque dite des navires ou de la flottille ou Fresque du bateau deThéra se trouvait à l’origine au-dessus des fenêtres du mur sud de la pièce n°5 (la salle de séjour) de que l’on appelle la Maison de l’ouest.
Maison d’un notable ou lieu de culte.

Il semble qu’il s’agisse d’un genre de procession marine.
Elle montre une flotte de bateaux visitant au moins cinq ports et villes. Huit grands navires et trois plus petits, se déplacent d’un port à l’autre, le navire amiral occupant le devant de la scène.
La première, peut-être la ville de Théra, est entourée de rivières bleues et construite en bâtiments rectilignes en pierre de taille.
Au-dessus des toits et près du rivage, on distingue des citadins regardant s’éloigner vers la droite une superbe flottille.
Au-dessus à gauche, l’arrière-pays est représenté avec un lion chassant un daim dans la campagne.

Les bateaux sont longs et effilés avec la proue et la poupe recourbées. Ils sont dirigés par l’arrière et les rameurs sont assis dans le sens du mouvement, montrant qu’ils utilisent des pagaies plutôt que des avirons. Peu efficace, cette méthode de propulsion -tout comme les guirlandes accrochées aux baldaquins où se tiennent les dignitaires- suggère qu’il s’agit d’un genre de fête et non d’un véritable voyage en bateau.
Aux chevrons de ces dais pendent des casques avec des défenses de sangliers indiquant que ces personnages sont des guerriers.

Des dauphins colorés jouent dans les vagues et le plus grand des navires semble avoir des lanternes pendues au mât, ainsi qu’un lion peint sur la proue.

Comme la flotte approche de la deuxième ville, des coureurs traversent la campagne, et des hommes et des femmes apparaissent sur le toit des maisons et le long du rivage, ou bien viennent à la rencontre de la flotte en canot.

La faune et la flore de chaque port sont dessinées avec beaucoup de détails, tout comme les longues robes des passagers du navire, ce qui suggère qu’ils sont d’un statut social élevé.

Sur le mur faisant face à cette fresque, une autre fresque représente un combat naval.
Les marins se battent depuis des navires présentant des avirons (et non des rames). On les voit sombrer dans les vagues, boucliers et lances autour d’eux, tandis que des soldats armés marchent sur la ville.

 

 Les peintures murales de l’âge du bronze

Les fresques aux couleurs vives qui décorent les murs des palais et de nombreuses demeures de l’âge du bronze font renaître sous nos yeux des personnages et des paysages datant de trois mille cinq cents ans.

La plupart des fresques qui nous sont parvenues proviennent de Cnossos, le centre administratif et religieux de la civilisation minoenne dans la Crète centrale, ou bien d’Akrotiri, dans l’île cycladique de Théra, ainsi que Pylos, un palais mycénien, au sud du Péloponnèse.

Ces fresques égéennes ont été exécutées en buon fresco (en appliquant des pigments sur plâtre avant qu’il sèche) et en fresco secco (peintes sur du plâtre sec). Les deux techniques ont été employées, avec des ajouts de détails sur le plâtre mouillé.
Pour créer les fresques, les murs de terre étaient échaulés, et l’on pressait des fils dans le matériau humide pour marquer les bordures. Celle-ci, souvent remplies de motifs géométriques, créaient le cadre de la composition.

Certains des dessins géométriques montrent des signes d’utilisation de dispositifs mécaniques permettant aux artistes d’obtenir une plus grande précision. Pour représenter les personnages, ils utilisaient un système de grille qui était ajusté proportionnellement en fonction de leur âge ou de leur dimension.

En général, six couleurs étaient utilisées : rouge et jaune venus des oxydes naturels du fer, le noir du schiste, le blanc de la chaux, le bleu venu d’un pigment fabriqué en Égypte, et le vert. Bien que le bleu fût onéreux, il restait une couleur très prisée.

Après que la peinture eut séchée, les fresques étaient vernies.

Les premiers exemples de murs décorés de l’âge du bronze en Grèce indiquent que ceux-ci étaient ornés de bandes de motifs ornementaux de plâtre et peints en rouge ou ocre.
Au fil du temps, des thèmes favoris commencèrent à émerger, les sujets naturels étant les plus appréciés.
Les fresques égéennes magnifient la nature.
Les premières peintures minoennes montraient souvent des roseaux, des myrtilles, de l’herbe et des lys.
Les fleurs et les feuillages étaient peints d’après nature aussi bien que laissés à l’imagination, ce qui donne des résultats surprenants et originaux, même si l’on peut souvent reconnaitre certaines plantes.
De nombreuses espèces d’animaux et d’oiseaux, réelles ou imaginaires, peuplent les paysages stylisés : hirondelles, perdrix et huppes, chèvres, singes bleus et griffons.
Dans la Maison de l’ouest, une fresque représente le printemps sur trois murs d’une petite pièce du rez-de-chaussée. Des bouquets de lys en fleur s’échappent de cimes rocheuses aux fantastiques couleurs bleus, rouge et jaune. Entre elles, volettent des hirondelles.
Les fresques montrent un amour pour la mer et le monde naturel.
Les processions, les fêtes religieuses et les cérémonies de cour, ainsi que des scènes sportives comme la course de taureaux, inspiraient les artistes.
Les représentations de personnages en activité, toujours détaillées, montraient un intérêt artistique pour le corps humain et le costume.

Ces scènes sont précieuses pour les historiens qui ont ainsi connaissance des vêtements, des bijoux, des coiffures et des armures.
Ces fresques les renseignent aussi sur les embarcations égéennes.

 

Conclusion

La Maison de l’ouest avec la Fresque du bateau de Théra, est un exemple.
Toutes les maisons de l’âge du bronze avaient leurs murs décorés de compositions figuratives.

Les personnages étaient souvent représentés de profil, s’ils étaient nus dans des pauses très naturelles, les corps ne présentaient aucun détail, dans le cas du Pêcheur, la tête et les jambes sont de profil et le corps de face.
Dans le cas de la Cueilleuse de safran, l’œil en amende et de face, souligné par un sourcil épais et ondulé, est finement représenté dans un visage vu de profil.

Bien que conventionnels dans leur forme, les plantes et les animaux sont distincts les uns des autres -aucun n’est semblable.

La fraîcheur et la vivacité de ces fresques vieilles de trois mille cinq cents ans sont remarquables.

Dans le cas de la Fresque du bateau de Théra et souvent, les quatre murs étaient décorés afin de créer une scène panoramique qui transportait parfois le regardeur hors des limites de la pièce.

D’autre part la lumière faisait partie intégrante du mode de vie.
Les maisons possédaient toutes de nombreuses et larges fenêtres. La présence de grandes fenêtres, dans une cité de l’âge du bronze reposant sur une zone sismique est étonnante.
Ces fenêtres permettaient d’admirer les peintures murales de l’extérieur.

La lumière, les couleurs et les ouvertures communicatives dévoilent une société où l’intérieur est en harmonie avec l’extérieur et le public.