Broadway Boogie Woogie – 1942-43 Piet Mondrian

Piet Mondrian (1872-1944)

 

Broadway Boogie Woogie

1942-43

Huile sur toile

Dim 127 x 127 cm

 

Conservé au Musée National d’Art Moderne de New-York -MoMA

 

Le peintre

Né dans une famille calviniste, son père est un peintre amateur.
Le jeune Mondrian commence sa formation autodidacte de peintre sous la direction de son père.
À partir de l’automne 1892, il est à Amsterdam où il étudie à l’Académie de Beaux-Arts.
En 1893, il présente ses tableaux dans une exposition publique.
En 1901 Mondrian voyage en Espagne et concourt pour le prix de Rome.
En 1903, il obtient le prix Willink van Collem décerné par la société artistique d’Amsterdam, « Arti et Amicitiae »
Mondrian commence par créer des paysages réalistes proches de ceux des peintres de l’école de la Haye.
En 1908 sa peinture évolue vers une forme de fauvisme et de divisionnisme.
En 1909 il devient membre de la Société Théosophique. Il cherche à faire de sa peinture un langage universel.
En 1911, il expose aux Salons des Indépendants à Paris et au Cercle d’Art Moderne à Amsterdam. Il voit pour la première fois les œuvres cubistes de Picasso et Braque.
En 1912, intéressé par le cubisme, il s’installe à Paris.
En 1913, il expose à Berlin au Deutsche Herbstsalon. Mondrian peint des séries et crée ses premières toiles abstraites.
En 1917 paraît le premier numéro de la revue De Stijl, créée en 1917 à Leyde par Theo Van Doesburg, dont Mondrian est signataire.
En 1920, il donne à son nouveau langage pictural le nom de néoplasticisme.
En 1922, à l’occasion de son cinquantième anniversaire est organisée une rétrospective de son œuvre au musée municipal d’Amsterdam.
En 1931 il entre au groupe « Abstraction-Création » fondé par Herbin.
En 1940, Mondrian fuit Paris et s’installe à New-York.

 

Le tableau

Broadway Bougie Woogie est le dernier tableau achevé de Mondrian.

Il commença le tableau en juin 1942 et l’acheva au début du mois de janvier 1943.

Le tableau fut exposé du 22 mars au 30 avril 1943 à la Valentine Gallery de New-York au côté des œuvres de la sculptrice Maria Martins.

Maria Martins acheta le tableau et l’offrit la même année au MoMA

 

Composition

C’est un carré
Composé de lignes jaunes formant une grille dense.

Ces lignes sont ponctuées de petits carrés rouges, bleus et gris, sur fond blanc.

Les surfaces crées par le croisement des lignes sont, soit laissées en blanc, soit occupées par des rectangles de couleur percés en leurs centres par de petit carrés de couleur.

Cette composition est savamment rythmée, les lignes en staccato et les rectangles asymétriques du tableau dynamisent la toile et évoquent la mélodie du boogie-woogie.

 

Analyse

Mondrian conserva un style provincial imprégné de la tradition néerlandaise du paysage jusqu’à presque quarante ans.

Il développa ensuite une version de l’art abstrait parmi les plus poussées et les plus influentes du début du XXe. IL nomma ce style « néoplasticisme ».

Son évolution du naturalisme à l’abstraction pure transparaît dans Broadway Bougie Woogie.

A/ Genèse d’un style

Jusqu’en 1907, Mondrian semble ne pas avoir eu connaissance du travail de ses confères parisiens. Lorsque les œuvres postimpressionnistes furent exposées aux Pays-Bas, il commença alors à expérimenter et à décliner le sujet de la nature en différents styles, des coups de pinceau de van Gogh aux couleurs vives des Fauves.

En 1911, des tableaux de Picasso et de Braque furent présentés à l’exposition du Cercle d’Art Moderne à Amsterdam. L’impact sur Mondrian fut immédiat.
En décembre 1911, Mondrian part pour Paris.
À Paris, il s’attache aussitôt à expérimenter un style cubiste, dépouillant les formes naturelles jusqu’à obtenir un réseau de lignes et de plans.
Le cubisme se voulait un moyen plutôt qu’une fin.
Du cubisme Mondrian dit : « Je sentis que seuls les cubistes avaient découvert le droit chemin et pendant longtemps je fus très influencé par eux. »

Durant les années qui suivirent, Mondrian développa un style plus vertical, plus ouvert et davantage dépourvu de clair-obscur que celui des cubistes.
Sans formes ni ombres, il pouvait ignorer « les détails de l’apparence » et travailler exclusivement avec des lignes.
Ses séries d’expérimentations avec le motif du pot de gingembre atteignent la frontière où la figure s’efface dans une structure.

B/ L’évolution de Mondrian ne fut pas seulement stylistique.

Mondrian abandonne ses influences calvinistes et les contraintes d’une religion traditionaliste. Il rejoint la Société théosophique en 1909 et embrasse des idées qui attirèrent également Vassily Kandinsky. Un certain nombre de ses œuvres de cette période abordent explicitement ces thèmes, telles la prière et la méditation.

La théosophie réconciliait la science et l’inexplicable, ce qui conduit à lire l’œuvre de Mondrian en termes d’évolution.

L’œuvre de Mondrian pour le reste de sa vie a été inspiré par sa quête de connaissance spirituelle. En 1921, Mondrian fait valoir dans une lettre écrite à Steiner (écrivain, fondateur de l’anthroposophie -doctrine spirituelle) que son néoplasticisme était « l’art du futur prévisible pour tous les vrais anthroposophes et théosophes ».
Mondrian casse les formes anciennes pour en créer de nouvelles.
Il peint un triptyque Évolution en 1911, et sa tendance à l’abstraction marque un changement. Mondrian sabote la réalité et la remplace par une vérité supérieure.
Lorsqu’il retourne aux Pays-Bas en 1914, Mondrian extraie les lignes représentatives des paysages locaux. Il repousse les lignes et les couleurs jusqu’au bord de la toile. Il juxtapose les horizontales et verticales et travaille le contraste des couleurs fondamentales.
Ses tableaux sont abstraits, austères et géométriques.

En 1919, Mondrian donne un nom à ce travail, le néoplasticisme.
Il écrit : « Cette plastique nouvelle ne saurait se parer des choses qui caractérisent la particularisation, c’est-à-dire la forme et la couleur naturelles. Elle doit au contraire trouver son expression dans l’abstraction de toute forme et couleur, c’est-à-dire dans la ligne droite et dans la couleur primaire nettement définie ».

Mondrian exposa ses théories dans la revue De Stijl publiée à partir de 1917 par Theo Van Doesburg.

Les méthodes de déconstruction des formes naturelles et l’utilisation des couleurs primaires de Van Doesburg et Bart Van der Leck exercèrent une influence majeure sur Mondrian qui avait peut-être déjà été inspiré par Fernand Léger. Mondrian avait rencontré Léger à Paris en 1912 alors que celui-ci commençait à associer les couleurs primaires au noir et au blanc dans ses séries abstraites, Contrastes de formes- 1913.

Quand Mondrian revint à Paris en 1919, il avait inventé l’association du quadrillage noir et des couleurs primaires qui le rendirent célèbre.

À partir de 1926 il commence à expérimenter un format carré qui ne contient que deux lignes entrecroisées, une horizontale et une verticale.
Composition II en rouge, bleu et jaune –1930.

C/ Les quatre dernières années de sa vie à New-York

 Le style de Mondrian continua d’évoluer durant ses dernières années à New-York.

La ville l’enchante, géométrique, lumineuse et colorée, elle fait directement écho à ses propres recherches.

La ville de New-York a conduit Mondrian sur une expression plus visuelle et moins symbolique.
Libéré des obsessions qui lui faisaient multiplier les lignes noires, il supprime la couleur noire de ses tableaux et la couleur revient en force dans ses compositions.

Mondrian identifie la couleur à la ligne, qu’il tresse en réseaux ou qu’il morcelle en petites unités vibrantes.

Entre 1941 et 1942 il signe une série de quatre tableaux intitulés New-York (I, II, III) Cette série est la conséquence de son heureuse relation avec la ville.

Puis vient Broadway Bougie Woogie.

Broadway Bougie Woogie brise totalement les lignes, créant une impression de frénésie évoquant des tubes de néon clignotants, dans un format qui rappelle le dessin des rues de New-York. L’esthétique de l’improvisation émanant de l’architecture comme de la musique de cette ville inspira Mondrian. Elle donna naissance, selon ses propres mots, à « une opposition continue de moyens purs, un rythme dynamique ».

Mondrian aimait l’architecture de la ville, la musique, notamment le jazz.
Broadway Bougie Woogie, illustre son goût pour les structures urbaines, pour la musique et les lumières. Dans ce tableau son plaisir est manifeste.

 

Conclusion

En 1965, le style Mondrian se fait une place dans la mode grâce à Yves Saint-Laurent qui crée une collection de robes « Mondrian ».
Ces robes deviendront une pièce emblématique des années 1960.
Depuis les œuvres de Mondrian sont régulièrement utilisées dans de nombreux domaines, du design à la publicité.

Mondrian écrit : « La nature est parfaite, mais l’homme n’a pas besoin, en art, de la nature parfaite ».
« J’en été venu à comprendre qu’on ne peut représenter les couleurs de la nature sur la toile ».

L’expérimentation abstraite de Mondrian a permis le développement de nouvelles idées et permis une investigation complexe de l’utilisation des formes géométriques dans l’art.

Mondrian est l’un des artistes les plus influents de la peinture abstraite.

En 2019 le musée Marmottan Monet à Paris a exposé les tableaux figuratifs de Mondrian et le centre Pompidou en 2010 a présenté les tableaux de la période 1812-1938.

Vœux 2023

 

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