Crucifixion -R. Van der Weyden 1454-56

Ce tableau représente l’apogée de Van der Weyden.

Le drame de la scène biblique est crée non par le récit lui-même, mais par les procédés subtilement abstraits : les diagonales brisées de la Vierge attire l’attention sur son équilibre précaire, par contraste avec les lignes verticales et droites de saint Jean-Baptiste. Les drapés des deux figures accentuent la vulnérabilité du Christ en croix. Les plis du drapé rouge constituant la toile de fond créent une grille qui domine la composition.

Cette huile sur panneau est conservée au Palais de l’Escurial à Madrid

Déposition de croix – 1435-36 Rogier van der Weyden

 

Rogier van der Weyden (v.1399 – 1484)

 

Déposition de Croix

 v.1435-36

Huile sur panneau

Dim 220 x 262 cm

 

Conservé au musée du Prado, à Madrid -Espagne

 

 

Le Peintre

L’artiste flamand Rogier van der Weyden, né Roger de la Pasture est un grand peintre du XVe. Il débute sa carrière tard, à l’âge de 27 ans, en tant qu’apprenti chez le peintre Robert Campin avant de devenir maître indépendant en 1432.
En 1435, il s’installe à Bruxelles, ville natale de sa femme et adopte la forme flamande de son nom.
En 1436, il est nommé peintre de la ville, attirant l’attention de la cour de Bourgogne.
Ses œuvres furent minutieusement décrites par les humanistes italiens.
Il excellait dans la création de scènes religieuses poignantes qui suscitaient une profonde empathie pour la vie et les souffrances du Christ et de la Vierge.

 

Le Tableau

Ce tableau est commandé par la confrérie des frères arbalétriers de Louvain, qui l’installe dans sa chapelle Notre-Dame-hors-les-murs.

Le tableau représente la descente du Christ de la croix par Joseph d’Arimathie et Nicomède.

C’est un des plus grands tableaux de Rogier van der Weyden.

Marie de Hongrie (sœur de Charles Quint) et régente des Pays-Bas, achète le tableau. Placé dans la chapelle de son château de Binche, il fait le bonheur de ses courtisans.
Philippe II hérite du tableau qu’il installe dans le pavillon de chasse du Prado.
En 1574, le tableau entre dans l’inventaire du musée de l’Escurial.
En 1939, après un périple pour échapper à la guerre civile espagnole, le tableau retourne définitivement au musée du Prado.

 

Composition

Rogier van der Weyden situe l’œuvre dans une niche, comme s’il s’agissait d’une pièce donnée sur scène.

Le regardant a l’impression que les figures sont à l’étroit dans une boîte ( la croix est trop petite pour le corps du Christ).

La croix dont la hauteur brise le rectangle de la boîte simulant la structure d’un triptyque traditionnel.

Les dix personnages sont figurés devant un mur doré qui barre le fond du tableau.

Cette composition rapproche les personnages :de gauche à droite,
Marie Cléophas (demi-sœur de la Vierge) a le visage inondé de larmes, saint Jean et Marie Salomé (autre demi-sœur de la Vierge) sont dans la retenue, saint Jean, courbé en deux, a les yeux rougis. Ils soutiennent la Vierge livide et évanouie. Le corps du Christ est porté par Nicomède en manteau et chausses rouges et joseph d’Arimathie en manteau de brocart damassé d’or qui soutient ses jambes.
Un serviteur tient une jarre et Marie-Madeleine est tordue de douleur.
À l’aplomb du Christ, un jeune-homme sur une échelle, appuyée sur la croix tient un clou qui sort du cadre, il est penché pour soutenir avec sa main gauche, le bras du Christ. Cette gestuelle l’intègre au groupe.

Tous les personnages expriment leur douleur de manière différente.

Le christ est représenté au centre du tableau, signifié par la croix.
Il parait endormi. Sa couronne d’épine ceint encore sa tête. Son visage n’est pas ravagé par la souffrance, son corps est beau, la mort n’a pas encore terni sa peau. Seuls les stigmates sont visibles, sans insistance morbide. L’entaille du flanc laisse couler un long filet de sang qui suit délicatement la courbe de l’estomac.
Le corps de Marie évanouie forme un parallèle avec la position du Christ.
Cette mise en scène crée une liaison entre le Christ et Marie. La souffrance du Christ se propage jusqu’à Marie, qui ressent tout ce que son fils a subi.
Marie-Madeleine est représentée en grande pècheresse repentie, les mains nouées et le corps tordu par la douleur. Sa robe est décolletée comparée aux tenues des autres femmes.
Marie-Madeleine ferme la composition à droite du tableau saint Jean lui fait face, courbé vers la Vierge, son attitude fait écho à celle de Marie-Madeleine, il ferme la composition sur la gauche du tableau.

Ce chevauchement des lignes détermine la structure de l’ensemble du tableau.
Les courbes se prolongent ou se correspondent d’une attitude de personnage à l’autre, d’un vêtement à l’autre
Certaines figures sont tordues, d’autres en équilibre instable ou en train de tomber.

Le déséquilibre des personnages génère le mouvement orchestré par le bras du Christ.

Les détails du premier plan simulent la nature, au sol on distingue de l’herbe, des fleurs et aussi un crâne et un os. Chaque détail est un symbole. Le crâne est une allusion au crâne d’Adan.

Les couleurs sont saturées. La brillance picturale est frappante.
La gamme chromatique est riche, il a autant de nuances de rouges que de personnages en rouge.

 

Analyse

Van der Weyden peint la relation de l’homme à son corps.

Les grandes dimensions du tableau placent le Christ à la même échelle que le regardant, l’impact est saisissant.

En positionnant les figures près du premier plan, le peintre suscite chez le regardant, des émotions immédiates et puissantes.

Van der Weyden exprime la souffrance extrême de ses personnages en les plaçant physiquement « au bord du gouffre ».
Le fond d’or les compresse comme dans une boîte, prêts à tomber.
Cette mise en scène, avec ces contraintes importantes, est très forte.
Ce choix de représentation, ce mouvement de bascule est d’une extraordinaire justesse. Une vague d’émotions traverse la composition relayée par l’ondulation des corps.
Van der Weyden concrétise la douleur et la fait partager au regardant.

La force expressive de ce tableau est fascinante.

Van der Weyden apporte une grande nouveauté en peignant une scène religieuse bourrée d’émotion, loin des scènes religieuses idéalisées qui étaient l’apanage du style gothique international.

Le peintre donne à ses figures chrétiennes des caractères humains.

Le principe du tableau est le parallélisme entre le corps du Christ qui s’affaisse et Marie qui s’évanouie.
Le mimétisme entre les deux corps dégage une grande compassion.
Le visage de la Vierge est plus livide que celui du Christ mort.
Ce détail insiste sur le partage de la douleur par la mère.

Les personnages sont seuls avec leur douleur, profondément seuls face à la mort du Christ, il n’y a pas d’échange de regard entre eux.

Excellent dessinateur, van der Weyden est plus soucieux de l’impact affectif de ses compositions que de la narration.

Les personnages ont des traits individualisés.
Chaque figure exprime la souffrance de façon différente, des sanglots, de la retenue, des yeux rougis, des mains tordues et la pamoison de la Vierge.

Van der Weyden introduit de nouveaux éléments iconographiques qui lui permettent d’insister sur le drame de la scène.

la pâmoison de  la Vierge est une nouveauté.
La femme qui essuie ses yeux pleins de larmes avec son voile est également une nouveauté.
Les larmes sont représentées avec minutie. (il faudra attendre Rubens et ses gouttes d’eau sur les fesses de ses naïades pour retrouver cette justesse d’interprétation).
Ces propositions iconographiques eurent beaucoup de succès et furent reprises par de nombreux peintres.

Van der Weyden crée un trompe-l’œil magistral avec sa boîte dorée en arrière-plan, pour donner l’impression de la réalité d’un retable de sculptures devant un autel. Les écoinçons en bois doré représentent avec discrétions les arbalètes des commanditaires et semblent se détacher alors qu’ils sont peints.
Pour parfaire l’illusion, la main droite du jeune-homme sur l’échelle est presque hors du tableau et semble être prise entre la croix et le cadre fictif. Le clou qu’il tient semble sortir du cadre.

La forme du tableau suppose la présence de volets -comme sur tous les retables. S’ils ont existé, ils sont restés à Louvain au moment où Marie de Hongrie achète le tableau.

Van der Weyden ne se préoccupe pas de la véracité de sa scène.
La Vierge est trop jeune, la narration n’est pas juste, la Vierge n’était pas présente au moment de la descente de croix.
La croix n’est pas à la bonne dimension.
On est dans l’abstraction.
C’est notre mental qui ajuste.
Tout est faux et le tableau fonctionne en transmettant les désirs et les émotions de ses personnages.

La peinture n’est pas la réalité et ce tableau le prouve.
L’humain partage quelque chose avec le divin.
C’était la fonction des retables et ce tableau l’exprime.

Déposition de Croix est un tableau spectaculaire et puissant.

 

 Conclusion

On retrouve dans ce tableau les influences des maîtres qui l’ont précédé.
Le volume sculptural de Campin, le sens de l’espace et la minutie de van Eyck, auquel van der Weyden ajoute une vibration émotionnelle inédite.

Van der Weyden doit son succès à son style lyrique, à ses figures et à ses compositions inventives, qui furent beaucoup imités non seulement par les peintres, mais aussi par de sculpteurs, graveurs et créateurs de tapisseries, en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne.

Ce tableau devint rapidement l’un des plus influents de l’art flamand primitif et fut copié par des artistes de différentes disciplines.

Nona et ses filles – série TV sur ARTE

 

Nona et ses filles

En ce moment, tous les jeudis ou en rediffusion, les 9 épisodes sont disponibles sur ARTE :

C’est une série TV 2021 réalisée par Valérie Donzelli

Le rôle de Nona est joué par Miou-Miou
Ses filles : Clotilde Hesme, Virginie Ledoyen et Valérie Donzelli.
Les garçons : Barnaby Metschurat (la sage-femme), Rüdiger Vogler (le médecin), Antoine Reinartz (l’étudiant  chercheur), Michel Vuillermoz (l’amant  de Nona) et Christopher Thompson (le mari d’une des filles).

Le scénario est co-signé Valérie Donzelli et Clémence Madeleine Perdrillat.

9 épisodes pour traiter le sujet : Une militante féministe, Nona, tombe enceinte à 70 ans. Ses filles décident de s’installer chez elle.

C’est à la fois grave et léger

Valérie Donzelli filme tour à tour une comédie, un drame, une comédie musicale.

C’est baroque, loufoque,  un bonbon acidulé.

Parfois les cadres sont de guingois et les scènes sont un tout petit peu agaçantes mais, la sauce prend à merveille.

Les comédiens jouent juste.

Un conte d’amour

Cette série féministe est délicieusement cocasse et touchante.

A regarder sans modération !

Joséphine Baker

Photographie de Walter Limot (conservée au musée Carnavalet)

Prise sur le tournage du film « Zouzou » réalisé par marc Allégret en 1934

Meneuse de revue, comédienne, résistante durant la Seconde guerre mondiale, militante antiraciste, Joséphine Baker 46 ans après sa disparition est honorée par son pays d’accueil en devenant la sixième femme et, la première femme noire, à entrer au Panthéon.

Dans ses mémoires recueillis par le journaliste Marcel Sauvage, elle dira de Paris : « J’ai bien vite compris Paris et je l’aime passionnément. D’abord Paris m’a adoptée dès le premier soir. Il m’a fêtée, comblée… aimée aussi, j’espère. Paris, c’est la danse et j’aime la danse ».

Elle est arrivée à Paris à l’âge de 19 ans, enrôlée dans la Revue Nègre, elle se produit pour la première fois en tête d’affiche le 2 octobre 1925.

Joséphine Baker (1906-1975)
Entrée au Panthéon ce mardi 30 novembre 2021