Famille de Paysans dans un intérieur- Louis Le Nain

Famille de paysans dans un intérieur

C’est une huile sur toile peinte  par Louis Le Nain (1593-1648)

Le plus grand des tableaux des frères Le Nain
Cette œuvre peinte vers 1642 est conservée au Louvre.

Les Le Nain sont trois  frères Antoine Louis et Matthieu.
Trois  peintres  issus d’une famille bourgeoise aisée.
Ils  se forment à Paris où ils s’installent en 1629.

Il est difficile de distinguer l’oeuvre de chacun, ils signaient leurs tableaux par leur patronyme et ils travaillaient ensemble sur leurs tableaux.. .
Ils peignent des scènes religieuses, des portraits et des représentations de la vie paysanne.

 

Composition

La composition s’inscrit dans un rectangle, les personnages s’y déploient en frise
montrant une famille composée de trois adultes et de six enfants rassemblée dans la salle commune de leur maison.
La disposition des personnages, peu naturelle, crée un effet de symétrie qui confère à la scène un aspect calme, posé.
La plupart de la famille est rassemblée autour d’une table, deux femmes et un homme sont assis  et regardent le peintre. Deux enfants sont debout, un des deux joue de la flûte, le troisième est assis par terre à coté d’un chat.
Le premier plan est animé par quelques objets et des animaux : un chat caché derrière une soupière surveille un chien qui se tient dans l’angle  à gauche du tableau.
A gauche du tableau une vieille femme assise droite sur une chaise tient de façon élégante un verre de vin, son port de tête comme ses gestes sont emprunt de dignité.
La sérénité qui se dégage du tableau est renforcée par l’intensité des expressions des visages graves.
Hormis l’enfant qui joue de la flûte tous les personnages sont inactifs.
Trois  enfants sont autour de la table. Ils sont pieds nus (parce qu’il est de coutume de retirer les sabots dans les maisons)
Les seuls aliments visibles sont le pain et le vin.
Le verre laisse voir la transparence du vin
A l’arrière plan à gauche de la toile un feu brûle dans la cheminée devant laquelle se tiennent trois enfants.
La cheminée renvoie une lumière vacillante qui crée une légère profondeur et révèle les silhouettes des trois enfants, en particulier le profil délicat de la fillette.
La lumière extérieure très douce vient de la droite du tableau et souligne délicatement les contours des visages et des corps.
Cette lumière met en valeur la vielle femme assise et souligne l’intensité de l’expression de son visage.
La lumière sculpte les matières, elle renforce les plis et les creux des tissus.
Les vêtements portés par les personnages, sont traités dans des camaïeux de gris et de bruns qui associés à la texture du tissu restituent parfaitement la simplicité et la solidité des habits de paysans.
Les couleurs évoquent le travail de la terre, les visages marqués des personnages plus âgés témoignent de la vie laborieuse des paysans.
Le dépouillement du cadre, la rudesse des lourdes étoffes des vêtements et la modestie des objets quotidiens montrent la condition paysanne au milieu du XVIIe

Analyse

Ce tableau s’inscrit dans un courant ancien celui de l’intérêt pour la réalité.
Dès la fin du moyen-âge les frères Limbourg décrivent les travaux des champs dans les très riches heures du Duc de Berry.
Le goût pour la représentation rurale réapparaît au XVIIe dans les œuvres de Pieter Brueghel le Vieux. Les premières décennies du XVIIe voient également s’épanouir une peinture décrivant les différents aspects de la vie quotidienne qu’elle soit urbaine ou rurale. C’est dans ce contexte que s’inscrit
Famille de paysans dans un intérieur

Le tableau a un double sens.
Le soin apporté à la composition comme au traitement de la lumière mêlant la lumière du feu avec une lumière naturelle venant de la droite du tableau confère à la peinture une dimension poétique
Les frères Le Nain ont exalté cette noblesse populaire qui connait à la fois le sens de la vie et la valeur du travail et ont donné ainsi une portée émotionnelle à leur oeuvre.
En même temps ils réinterprètent la réalité, ils ne peignent pas une imitation directe. Ce n’est pas véritablement un repas mais une évocation à la nourriture. Les peintres recherchent dans la réalité un support à une réflexion religieuse. Le pain et le vin sont des symboles eucharistiques en référence au dernier repas du Christ et des apôtres.

Cette dimension sacrée  de l’oeuvre différencie la démarche des artistes du XVIIe de celle des artistes du XIXe comme Courbet ou Manet plus soucieux d’une approche sociale.