Deux ans de guerre

Paysage de neige – vers 1945-50
Maurice de Vlaminck

 Le front est gelé

Les soldats ukrainiens se battent depuis longtemps, ils sont fatigués et à cours de munition.
Mais ils résistent.
La contre-offensive ukrainienne s’est brisée sur les défenses russes.

Bien que la Russie affirme ne pas viser les civils, des milliers d’ukrainiens ont été tué par les bombardements russes.

Le général Wesley Clark, ancien commandant en chef des forces de l’OTAN (1997-2000) argumente : « …il faut de l’artillerie automotrice et non pas des 25F-16, il faut quelques centaines de F-16 et quelques centaines d’A-10 (avion d’attaque), et cela n’arrivera pas assez vite ».

Ce sont les retards dans l’assistance occidentale qui ont empêché les troupes ukrainiennes de résister à la progression russe.

La ville d’Avdiïvka, située dans l’oblast de Donetsk était un point chaud de la guerre depuis l’automne 2023.
Après des mois de combats acharnés, les forces ukrainiennes ont annoncé leur retrait de la cité industrielle à la mi-février.

Le président russe a félicité son armée pour cette « importante victoire », obtenue, après des mois de pilonnage, au prix de lourdes pertes matérielles et humaines.

Les ukrainiens ne baissent pas les bras.

À l’automne 2023, l’armée ukrainienne a multiplié les bombardements réussis sur la base navale, poussant Moscou à repositionner l’essentiel de ses navires en territoire russe ou dans l’est de la Crimée.
Les bâtiments de guerre russes ne s’approchent plus des cotes ukrainiennes, par peur des missiles sol-mer et des drones navals.
Le blocus naval imposé par la Russie devient caduc.
Plusieurs navires chargés de milliers de tonnes de blé sont parvenus à l’automne 2023 à sortir des ports d’Ukraine.

« La brutalité n’écrasera jamais la volonté des personnes libres et l’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie » (Joe Biden/X)

« L’Ukraine se bat pour elle-même, pour ses idéaux, pour notre Europe. Notre engagement à ses côtés ne faiblira pas » (E.Macron/X)

Sources : Le journal « Le Monde » et les journaux de LCI

Portrait de Madame de Pompadour – 1756 – François Boucher

François Boucher (1703-1770)

 

Portrait de Madame de Pompadour

1756

Huile sur toile
Dim 201 x 157 cm

Conservé dans l’Ancienne Pinacothèque de Munich, en Bavière, Allemagne.

 

Le peintre

François Boucher est un peintre, dessinateur, graveur et décorateur parisien.

Vers 1720, il passe quelques mois dans l’atelier de Lemoyne qui l’initie à la peinture décorative et aux scènes mythologiques.
Il produit ses premières gravures d’illustration pour Jean-François Cars. Le collectionneur Jean Jullienne lui passe commande de gravures d’après Watteau.
Boucher trouve dans les œuvres de Watteau qui vient de mourir (1721) tous les éléments de sa propre inspiration.
Il se forme également auprès de Sebastiano Ricci et Giovanni Antonio Pellegrini.
En 1723 il remporte le prix de l’Académie de peinture avec Evilmérodach, fils et successeur de nabuchodonosor, délivré des chaînes dans lesquelles son père le retenait depuis longtemps.
En attendant qu’une pension puisse lui être attribuée pour l’académie de France à Rome, il continue à graver pour Jullienne.
En 1725, il expose pour la première fois, quelques tableaux à l’exposition de la Jeunesse de la place Dauphine.
En 1727, il part à Rome. Il séjourne quatre ans en Italie.
En 1731, il est de retour à Paris. Il devient immédiatement le peintre mondain. Les commandes commencent à affluer.
En 1734, il est reçu comme peintre d’histoire à l’Académie royale sur présentation du tableau Renaud et Armide.
En 1735, il est nommé adjoint à professeur de l’Académie.
Vers 1736, Boucher trouve son style propre en devenant en peinture, le maître incontesté du style rococo.
C’est un peintre prolifique, il a traité tous les genres, peinture religieuse et mythologiques, scènes rustiques, paysages, animaux, décoration de monuments et de maisons particulières.
En 1755 il est nommé directeur de la manufacture des Gobelins.
Il devient peintre de la cour de Louis XV, puis celui de madame de Pompadour.
En 1765, sa carrière atteint son apogée avec ses nominations comme Premier peintre du Roi et directeur de l’Académie de peinture.

 

Le tableau

Très belle, intelligente et cultivée, la marquise de Pompadour surpassait la plupart des courtisanes.
Lorsqu’elle cesse d’être la maîtresse du roi en 1751, celui-ci ne peut se passer d’elle. Elle reste l’amie et la confidente du souverain et vit à Versailles. Elle décède au château de Versailles (c’est un privilège, un courtisan ne doit pas mourir dans le lieu où réside le roi) en 1764 à l’âge de 42 ans.

Madame d’Étiolles, née Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764), maîtresse de Louis XV, qui la créa marquise de Pompadour, fut un grand mécène et commanda de nombreuses œuvres à François Boucher, dont cette toile qui commémore sa nomination en tant que dame d’honneur de la reine.
Il s’agit à la fois d’un portrait officiel et intime.

La marquise de pompadour symbolise à jamais l’art de vivre généreux, raffiné et léger du Siècle des Lumières.

Boucher a vu le portrait de Quentin de la Tour, un pastel réalisé entre 1752 et 1755 et il s’en inspire pour son portrait.
Les nombreuse similitudes entre les deux portraits en attestent.
Boucher reprend la thématique du grand maître du pastel en présentant son modèle un livre à la main et entouré d’une symbolique témoignant de son intérêt pour la vie intellectuelle de l’époque.
La lumière éclaire le tableau avec discrétion, probablement selon les souhaits de la marquise, qui n’était plus à cette époque la maîtresse de Louis XV et entendait laisser à la postérité une image moins frivole que celle des portraits antérieurs, réalisés par Nattier, Boucher ou Van Loo.

 

Composition

Boucher réalise une composition décentrée et tourbillonnante.

La marquise apparaît en élégant déshabillé de taffetas vert aux reflets argentés, avec des mules assorties.
Le livre ouvert et le petit secrétaire font allusion à ses inclinaisons intellectuelles.
Un petit chien, symbole de fidélité, est assis à ses pieds.

La composition montre le modèle, son secrétaire et son chien, encadrés par des voilages et un fond de boiserie sur laquelle est adossée une petite bibliothèque surmontée d’une pendule ornée d’un chérubin.

Madame de Pompadour prend une pose plus alanguie que dans le portrait de Quentin de la Tour.
Installée dans un sofa, la marquise est calée au milieu de nombreux coussins. Son buste incliné est soutenu par son coude gauche appuyé sur un coussin, tandis que sa main droite tient un livre ouvert, posé sur ses genoux.
Comme un clin d’œil, le chérubin sur la pendule se tient dans la même position inversée que la marquise.
La marquise fait une pause dans sa lecture, le regard au loin.

La robe à la française de Quentin de la Tour se retrouve dans le tableau de Boucher.

Boucher peint une surabondance décorative.

Madame de Pompadour est noyée dans les rubans et les fleurs.
Cette ordonnance invite à la délectation esthétique et sensuelle et empêche l’investigation psychologique.
Le modèle et son décor entretienne une relation.
Le décor met en relief le modèle.

Ce portrait appelle le regard.

Les lignes de la robe tournoient.
Boucher modèle ses formes avec douceur.
L’abondance des rubans, la cascade de fleurs, les plis et replis du taffetas de soie, les reflets de lumière, font crisser les tissus.
Aux lignes virevoltantes de la robe répondent les obliques mordorées des tentures.

Les courbes de la marquise et du chérubin adosser à la pendule, sont accentuées par la rectitude du petit chien, du secrétaire et son bougeoir, et les grandes lignes de la boiserie juste dans le dos de la marquise.

Ce mélange de souplesse et de rectitude infuse une grande énergie au tableau.

Cette turbulence permet le jeu des couleurs virtuose et éclatant.
Toutes les valeurs s’équilibrent harmonieusement.
Les teintes claires sont rapprochées des teintes sombres.

Le traitement de l’espace est indéterminé.
La profondeur est absente ou presque, juste un bout de plancher au premier plan et un coté de la bibliothèque dans le fond.
Le modèle semble posé sur la surface de la toile.
Le seul espace vide au premier plan révèle un plancher versaille sur lequel deux pivoines attirent notre regard sur les mules accordées à la robe.

La lumière frontale et douce, éclaire la peau nacrée du visage, aux joues discrètement teintées de rose, de la marquise.
Son port de tête aristocratique est souligné par un ruban rose qui s’accorde au rose de ses lèvres.
Rose encore le flot de rubans qui rehaussent la beauté de sa gorge de porcelaine.

Les effets de lumière dans les plis de la robe et dans les rideaux sont captivants.

Le tableau fourmille de détails et d’ornements qui sont parfaitement visibles.

La touche rapide de Boucher confère vie et dynamisme à ce portrait.

Ce tableau est un jeu de lumière et de couleurs.

La souplesse changeante et réflexive du rococo s’exprime à cœur joie.

C’est un univers de beauté, de lumière et de joie de vivre.

 

Analyse

La délicatesse, la gaieté, la jeunesse et la sensualité furent des idéaux de la peinture française rococo.
La frivolité était considérée comme une vertu et le portrait de plus en plus en vogue au sein d’une société où il jouait un rôle essentiel dans la séduction.

Le style rococo, le terme rococo dérive de « rocaille », naquit en France pendant la Régence (1715-1723), période de l’enfance de Louis XV pendant laquelle Philippe d’Orléans exerça le pouvoir. Au style baroque de la cour de Louis XIV, il incorpora des éléments plus légers, des courbes plus délicates, de l’asymétrie et de l’enjouement. Dans la filiation du style baroque, le rococo s’adresse plus aux sens qu’à l’esprit. D’abord apparu dans les arts décoratifs, il s’étendit à son apogée, vers 1730, à la peinture et à la sculpture.
Pan et Vénus détrônent Apollon et Hercule dans le cadre d’un retour en force des dieux et des héros, et l’obscurité baroque parfois maussade laisse place à une palette plus claire, avec du bleu, du jaune et du rose additionné de blanc.

Le chromatisme des écoles du Nord et de Venise, le jeu frénétique des lignes des vénitiens insufflent un élan que l’enseignement de l’Académie de France à Rome canalise pour le faire aboutir dans les riches formulations du rococo, après 1730.
Carle Van Loo, Charles Coypel, jean François de Troy, François Boucher, sont des dessinateurs subtils, admirateur de Corrège et des grands vénitiens, Titien et Tintoret, ils évoluent entre un idéal hédoniste et un naturalisme discret.

François Boucher incarne l’épanouissement du rococo arrivé à maturité.

Rentré d’Italie en 1731, il devient rapidement le protégé de madame de Pompadour, maîtresse favorite de Louis XV. Boucher traduit remarquablement l’esprit de l’aristocratie sous le règne de Louis XV.

Le rococo de Boucher est un style fondé sur le plaisir raffiné des sens, sur l’intelligence dans ses aspects les plus sceptiques et les plus pénétrants, visant à faire de l’existence une continuelle satisfaction esthétique.
La somptuosité du style rococo honore chez Boucher le cadre parfait à l’expression des compétences intellectuelles du modèle.

Boucher fut un maître pour écarter la gravité et promouvoir la frivolité.

La beauté dans ce tableau est expansive. Le regardeur est aveuglé.
La beauté s’exprime à travers les ornements et le modèle.
La beauté inonde ce tableau, beauté du modèle, beauté de la robe, des meubles.
Boucher traduit l’esprit de l’aristocratie.

Il ne cherche pas la profondeur ou la psychologie dans ce portrait, il dessine son époque selon le goût de la marquise, il peint un portrait raffiné et soigné de la marquise de Pompadour.

L’harmonie des tons, représentée avec finesse et sagacité, est très séduisante.

Boucher cherche dans son portrait, un bonheur, une sensualité raffinée et belle.

Ce portrait touche par son équilibre entre honnêteté et spontanéité.
Madame de Pompadour est représentée lisant, allongée, entourée de livres au moment où elle suspend sa lecture.
Boucher concilie la beauté féminine à l’acuité d’érudition. Il crée l’image d’une courtisane maîtresse d’un royaume de plaisirs savants.

Pas de psychologie certes dans ce tableau, cependant son caractère narratif raconte l’intelligence et la culture du modèle et pénètre directement la sensibilité du regardeur.

Le rapport entre le fond, le décor et le modèle, comme un jeu de résonances, rend compte de la perception de Boucher quant aux intérêts de son modèle.
Le décor participe à la mise en scène du tableau et de son modèle au premier plan.
Le décor devient un acteur de la narration de l’image.
L’amoncellement des livres tend à matérialiser une source infinie de savoirs encyclopédiques
Boucher place les livres non pas comme des accessoires mais comme des éléments prégnants de la composition.

La petite bibliothèque du fond annihile tout marqueur spatial et renforce l’intimité de la scène et sa théâtralité.
L’image mentale du décor se substitue au décor visible aux yeux du regardeur.
Le modèle parle aux sens, comme un stimuli esthétique, court-circuitant toute référence psychologique.

Boucher a la capacité de recréer le monde de la marquise de Pompadour et à l’ordonner de façon persuasive.

Le tableau de Boucher repose sur une dilution des contours et des limites.
Cet art coloriste capte l’œil, la fluidité d’une pâte picturale scintillante entraîne le regardeur. La magnificence et le brillant de couleur dans les draperies, charme le regardeur, sans détruire l’harmonie générale du tableau.

Ce tableau de lumière et de couleur, est délicieux et décoratif, lumineux et charmant.

Boucher avec ce portrait attire, éblouit, séduit le regardeur.

Extrait du journal de la marquise de Pompadour :
« François Boucher m’a portraiturée à l’occasion de ma nomination récente. Ce n’est pas un portrait officiel mais un portrait strictement privé : je suis représentée dans l’intimité de mon cabinet d’étude, m’adonnant au repos, laissant ma lecture suspendue. Toute mon élégance et mon raffinement se ressentent au travers de cette peinture. »
La marquise de Pompadour a été nommé dame surnuméraire du palais de la reine.

La légèreté de ce portrait n’implique pas l’inconscience, c’est une version élégante de la lucidité dans un monde qui devine sa fin proche.
À quelques années de la révolution française…

 

Conclusion

Pape de la peinture rococo, spécialiste des sujets libertins à la cour de Louis XV, François Boucher est l’un des grands peintre français du XVIIIe. Il a peint le plaisir, le désir, la nudité avec une audace rieuse.

C’est le peintre rococo qui incarne le mieux la frivolité et le caractère superficiel, élégant de la vie de cour française au milieu du XVIIIe.

La production de Boucher, cohérente, représente la peinture en tant que système, et porte toutes les marques de sa propre synthèse très réfléchie entre les idées théoriques et les exemples pratiques accessibles à la cour du roi.

Au meilleur de son œuvre il a acquis un charme irrésistible et un grand brio dans l’exécution.

C’est son principal élève, Fragonard, qui a hérité de ses plus grandes qualités.