Le mariage mystique de Sainte Catherine devant saint Sébastien-Le Corrège

 

Le mariage mystique de sainte Catherine, devant saint Sébastien

Huile sur bois

Conservée au Louvre dans la galerie des peintres italiens.

Peint pour un ami du peintre, le docteur Francesco Grillenzoni de Modène, sans doute aux alentours de 1526-1527; resté à Modène tout au long du XVIe, avant de devenir au XVIIe, un des joyaux de la collection du cardinal Barberini à Rome puis du cardinal Mazarin à Paris.

Le Corrège(Antonio Allegri, dit Le Corrège, du nom de sa ville d’origine, Correggio),
naissance et mort  à Correggio 1489-1534
Hormis un voyage à Rome, il a plutôt vécu replié dans sa province ce qui lui a permis d’être différent des autres peintres, n’ayant jamais vu Venise ou Florence.
Il a vécu à Corregio, Modène, Mantoue et Rome, élève tour à tour d’Antonio Barlotti (vers 1500) de Bianchi Ferrari(1460), de Lorezzo Costa(1511-1517).
En 1519 Corrège travaille à Parme
Son talent original se révèle dans les grandes fresques ou dans les toiles religieuses, dans lesquelles il maîtrisait parfaitement le clair-obscur, et la
«hardiesse des raccourcis ».
Simultanément il peint des tableaux à caractère mythologique ou religieux permettant d’apprécier son évolution artistique

 

Composition

Les personnages principaux Marie, l’Enfant Jésus et sainte Catherine occupent le 1er plan. Saint Sébastien ferme la composition à droite du tableau.
À gauche du tableau et en arrière-plan est peint un bosquet d’arbres où se déroule une scène à plusieurs personnages
Les personnages principaux regroupés au premier plan forment un ligne
dure. Pourtant, il se dégage de ce tableau une atmosphère très douce.
Les figures sont peintes à mi-corps.
On observe la justesse des couleurs. Le Corrège utilise les couleurs primaires, rouge bleu et jaune pour peindre les vêtements  .
Le peintre traite dans un même temps la richesse des coloris et la douceur des expressions.
Les figures n’ont pas de pesanteur, leurs formes sont délicates, les ports de tête sont raffinés, les visages sont gracieux.
Son pinceau rend la transparence des chairs
C’est une atmosphère pleine de sourires.

La composition est harmonieuse

Le Corrège témoigne d’une maitrise de l’éclairage
On observe deux sources de lumières : une faible lumière venue de l’horizon et une clarté naturelle qui émane de l’enfant Jésus.

C’est une oeuvre charnière,
on trouve dans ce tableau l’influence de Mantegna, de Raphael et de Léonard de Vinci
La ligne dure traduit  l’influence de Mantegna
L’attitude de la Vierge, tête inclinée, est un hommage aux Madones de Raphaël
L’influence de Léonard de Vinci s’exprime dans l’absence de délimitations nettes entre les différentes couleurs, les transitions sont subtiles, la lumière est atténuée, comme dans le clair-obscur.  Le traitement du paysage en arrière plan suit la même inspiration.

Cette composition axée sur le mouvement est empreinte d’un certain maniérisme, caractérisé par la « suavité » et la « grâce » des ses personnages

Le Corrège avec son luminisme et sa fluidité ira plus loin que ses inspirateurs en évoluant vers les prémices du maniérisme et du baroque

En étant ni tout à fait maniériste ni tout à fait Baroque et plus vraiment classique la peinture de Le Corrège est un moment unique où couleur et mouvement se fondent avec une élégance singulière et une poésie sans égale.

 

Analyse

Sainte Catherine

Selon l’hagiographie chrétienne (texte racontant la vie des saints),Catherine serait née vers 290 dans une famille noble d’Alexandrie en Egypte. Dotée d’une grande intelligence, elle acquit rapidement des connaissances qui la placèrent au niveau des plus grands poètes et philosophes du moment. Une nuit, elle vit en songe le Christ et décida de lui consacrer sa vie, se considérant comme sa fiancée.

Le mariage mystique

Le rêve de Catherine est ce que l’on appelle le mariage mystique, qui est un thème commun dans l’Est méditerranéen. Un mariage mystique est une élévation mystique d’une sainte ou d’un saint, qui atteint une forme d’union avec le Christ, assimilable à un mariage.
C’est une façon de ressentir plutôt que de penser son lien à Dieu
Le mariage mystique des saintes est source d’inspiration pour les peintres chrétiens, et un thème fréquemment exploité dans la peinture de la Renaissance italienne. Les saintes sont représentées comme épousant le christ ou plus souvent le christ enfant  afin de garder une imagerie pure.
En 1479, Le peintre flamand Hans Memling  a peint le mariage mystique de sainte Catherine avec l’enfant Jésus pour un triptyque.
En 1511, Le peintre toscan Fra Bartoloméo a peint  le mariage mystique de sainte Catherine avec l’enfant Jésus
Quant à Parmesan, il a représenté à quatre reprises (1521-1524-1525 et 1528 ou 1530) le mariage mystique de sainte Catherine avec l’enfant Jésus

Acte symbolique et non réel décrit dans la Légende Dorée

La Madone à l’œillet -Léonard de Vinci

La madone à l’oeillet

C’est une huile sur toile
peinte par  Léonard de Vinci en 1473
Elle est conservée à Munich au Alte PinaKothek

Leonardo di ser Piero, dit Leonardo de Vinci,
naît le 15 Avril 1452 à Vinci, mort à Amboise le 2 mai 1519.

Léonard  fait son apprentissage dans l’atelier florentin de Verrocchio.
De ville en ville: Milan, Bologne, Venise, Florence, Rome, (son dernier lieu de vie sera la France à Amboise, invité par François 1er), le peintre étudie, se forme, se perfectionne . Féru des sciences, il s’exerce à divers travaux scientifiques. Dans toutes ses études il suit une méthode rationnelle, fondée sur l’observation. Éclectique, il dessine tout ce qu’il voit.
Cependant la peinture reste au centre de son oeuvre et c’est d’abord  comme peintre que Léonard de Vinci est reconnu.

Adepte du clair-obscur il perfectionne sa vie durant sa technique du sfumato qui adoucit les contrastes et sert le réalisme des portraits.

La Madone à l’oeillet est une des premières œuvres de Léonard.

 

C’est une composition monumentale aux couleurs douces.

C’est une scène d’intérieur

La composition est pyramidale
La Vierge est représentée debout tenant un œillet dans sa main gauche et retenant de sa main droite l’enfant Jésus assis devant elle sur un coussin. Ses yeux aux pupilles baissées regardent l’enfant. Ces joues comme celles du bébé sont rebondies. Son cou, est légèrement incliné. (C’est un détail récurrent chez les portraits peints par Léonard).
Marie est représentée de ¾ face, l’enfant Jésus est de profil le visage tourné vers sa mère, attiré par la fleur.
L’enfant Jésus agite ses jambes tandis que de ses petites mains il tente d’atrapper l’oeillet.
Les personnages sont inscrits dans un mouvement de rotation.
Cet effet est accentué par la qualité expressive des couleurs et des drapés.
Les habits de Marie sont peints avec de nombreux détails. La robe vert émeraude recouvre un chemisier rouge vif, elle est fermée par une broche translucide. Un drapé d’un jaune éclatant scinde son épaule droite et revient au premier plan mettant en valeur le vert émeraude de la robe et le brun du coussin.
Sa coiffure est également très travaillée, les tresses de sa chevelure sont centrées sur son front.
Le modelé du corps du bébé accentue l’effet de profondeur.
La lumière souligne les formes et les couleurs.
La figure de la Vierge se détache de l’ombre de la pièce éclairée par l’arrière plan du tableau. Marie s’inscrit dans l’intervalle entre les deux fenêtres.
Cet arrière plan représente un paysage lumineux visible par l’ouverture des fenêtres.
La végétation aux arbres feuillus est peinte dans des tons de roux.
La scène se situe en automne.
Les montagnes de ce paysage reflètent la lumière du soleil. Elles sont de couleur bleue, c’est le  principe de la perspective atmosphérique, utilisé pour donner de la profondeur au tableau et cher à Léonard de Vinci.

Le coussin sur lequel est assis le petit Jésus s’enfonce alors que l’enfant veut saisir la fleur, ce détail donne une grande spontanéité à la scène.

Toutes ces caractéristiques donnent une originalité particulière à la composition dont le principal attrait est le sentiment de vie qu’elle restitue.

 

C’est une des premières œuvres de Léonard de Vinci influencée par les peintres italiens Verrochio et Lorenzo di Credi.

Elle témoigne de son intérêt pour la chair et la couleur avec une représentation des personnages au premier plan et la nature en arrière plan.

La représentation de l’oeillet est fréquente dans de nombreuses œuvres de la Renaissance.
Cette fleur incarne le sens olfactif mais, c’est aussi une fleur liée à  la religion.
Selon la légende les œillets seraient nés des larmes de la Vierge Marie sur le chemin de croix.

L’échange de regards entre Marie aux yeux baissés et l’enfant Jésus suppliant constitue le centre psychologique de la scène


Le sujet iconographique de la Madone aux œillets a été peint par Van Eyck, Raphaël et Dürer.