La conque de Marsoulas

Après bien des tâtonnements les chercheurs et les paléontologues ont établi que cette conque avait une fonction d’instrument de musique

Les hommes de la période du Magdalénien ont retaillé et décoré cette conque pour la transformer en instrument de musique

Trois notes venues du fin fond des Âges.
Trois notes qui nous font remonter le temps à la vitesse de la lumière.

Trois notes de musique que nos ancêtres ont façonné dans un coquillage
Trois notes de musique qui nous racontent notre Préhistoire
Trois notes de musique qui nous parlent de notre humanité

Il y a 18 000 mille ans nous chassions et nous cueillons et ce que nous appelons aujourd’hui l’Art coulait  déjà dans nos veines.
Les peintures rupestres des grottes en attestent, les gravures sur les os le prouvent et cette conque le chante.

Il y a 18 000 mille ans, nous écoutions les musiques de l’air et de l’eau
Le bruissement des feuilles agitées par le vent
Le hurlement de l’air s’engouffrant dans les grottes
Le tintement de la pluie sur les pierres
Les grelots de l‘eau des torrents
La mélodie du ressac des vagues

Alors l’homme voulu créer la musique des hommes
Il souffla dans un coquillage et le modifia jusqu’à en extraire trois notes
Do do dièse et ré

Et nous avons recueilli cette musique

Avec le temps la terre a modifié les roches, les vents, les mers, mais pas la musique des hommes. Notre Terre et son climat ont changé mais la musique des hommes est immuable.

Ce n’est pas un miracle, c’est notre intelligence, c’est l’héritage de notre humanité.

Do do dièse et ré

La grotte de Marsoulas (Haute-Garonne, France) se situe dans le piémont pyrénéen.

Elle est la première grotte ornée découverte dans cette région en 1897. Elle recèle un art pariétal abondant et renferme des niveaux archéologiques attribués au début de Magdalénien. Elle est classée monument historique le 8 janvier 1910.

Les fouilles qui permirent la découverte du coquillage enfoui devant la grotte eurent lieu en 1931. Le coquillage marin était à 1,60 m sous le niveau d’humus parmi d’autres vestiges archéologiques.

Ce coquillage porte le nom scientifique de Charonia lampas. Il est originaire de la Mer du Nord. Il a de grandes dimensions qui démontrent son adaptation aux conditions de vie en eau froide : 31 cm de long pour 18 cm de large et une coquille de 0,8 cm d’épaisseur.

Ces fouilles furent menées conjointement par le propriétaire de la grotte Henri Begouën (chargé de cours à l’université de Toulouse) et James Townsend Russell (de la Smithsonian Institution à Washington).

Merci à l’équipe pluridisciplinaire du CNRS, du Muséum de Toulouse, de l’Université Toulouse et du musée du Quai Branly
Qui a mis à profit les progrès de la culture scientifique pour, 30 ans après sa découverte, permettre de déterminer que cette conque a été détourée pour devenir un instrument de musique.
Les chercheurs ont publié leur découverte dans la revue Science Advances.

Les scientifiques, les archéologues et le corniste ont observé que l’apex (la partie pointue du coquillage) avait été tronqué méthodiquement pour dégager une ouverture arrondie de 3,5 cm.
Le coquillage a été perforé pour intervenir sur la circulation de l’air à l’intérieur. L’ouverture de l’apex permettant d’insérer un embout. Cela a été mis en évidence par une numérisation très précise réalisée au CNES (Centre national d’Études Spatiales) qui a permis d’explorer les structures internes du coquillage sans le casser.
Ainsi nous pouvons affirmer aujourd’hui, que ce coquillage a fait l’objet de modifications humaines préhistoriques dans le but de pouvoir souffler dedans.

Après traitement d’image, des traces d’ocre rouge en forme de points et de traits, permettent d’affirmer que le coquillage a été décoré sur ses parties externe et interne.

Exceptionnel par son épaisseur et ses dimensions, ce coquillage nous donne accès à un univers sonore immatériel, l’univers sonore de nos ancêtres,
le son de notre préhistoire.

Do do dièse et ré

Pour écouter le son de la conque.
Entrez sur le Net :  Marsoulas  Schell Conch Sond

La Vierge au long cou -de 1534 à 1540 Le Parmesan

Francesco Mazzola dit Le Parmesan (1503-1540)

 

La Vierge au long cou

De 1534 à 1540

Huile sur bois

Dim 216 x 132 cm

Conservé à la galerie des Offices à Florence, Italie.


Le peintre

Francesco Mazzola dit le Parmesan est né à Parme dans une famille de peintres.
Il se forme auprès de Corrège. Ce n’est pas son apprenti.
Corrège qui était passé par Rome avait profité de l’expérience de Michel-Ange et de Raphaël. C’est à Parme qu’il peignit Les apôtres Pierre et Paul -1520-24.
En 152O Corrège et le jeune Parmesan travaillent sur les fresques de l’église San Giovanni de Parme, un ancien monastère bénédictin qui venait d’être reconstruit. Cette opportunité lui permet de bénéficier des leçons de Corrège.
Parmesan admire Corrège, ses œuvres boostent le jeune peintre.
À vingt ans Parmesan bénéficie de nombreuses commandes qui témoignent de sa personnalité bien établie.
En 1524, il part à Rome en apportant trois tableaux dont L’Autoportrait dans un miroir-1521-24 et une Sainte Famille-1524.
Pour L’Autoportrait, Parmesan se regarde dans un miroir convexe de barbier.
Le reflet lui renvoie des bizarreries crées par la rotondité du miroir.
Il prend le parti de peindre ce qu’il voit, tout ce qui s’approche du miroir s’agrandit. C’est ainsi que sa main est représentée dans des proportions hors norme et qu’apparaissent les prémices de son style.
Sa découverte  des œuvres de Michel-Ange et de Raphaël est décisive.
Il traduit les modèles stylistiques de la Renaissance en les détournant vers le maniérisme. Comme en témoigne son tableau, La vision de saint Jérôme
Il fuit le sac de Rome en 1527 et se réfugie à Bologne où il restera quatre ans.
C’est à Bologne qu’il peint la Madone à la rose -1530 La vierge est très belle et le visage de l’angelot est vif et malicieux. Lq rose et le globe représentent le salut du monde, le bracelet de corail symbolise la passion du Christ.
En 1531, il retourne s’installer à Parme.
Son dernier travail fut pour l’église de Steccatta. Il termina les fresques de l’église très en retard, vers l’été 1539.
Les dernières années de sa vie il s’intéresse à l’alchimie et s’y perd.
Il meurt seul à 37 ans. Il est enterré dans l’église des Servites.

 

Le tableau

Commandé à Parmesan par Elena Tagliaferri pour sa chapelle personnelle dans l’église des Servites de Parme.

Parmesan passe six années sur cette œuvre ,  au bout de ce temps,  n’étant pas satisfait, il laisse son tableau inachevé.
Parmesan ne livrera jamais son tableau.

Ce tableau est son œuvre la plus connue.
Il symbolise son art précieux.

 

Composition

Au premier plan :
La Vierge est assise au centre de la composition, son pied droit délicatement cambré, repose sur une pile de coussins – sa jambe ainsi surélevée, cale le corps de l’enfant allongé sur ses genoux.  Elle le retient de sa main gauche. L’ enfant a posé sa tête sur son bras. Sa main droite est ramenée sur sa gorge.
À sa droite se tient une troupe d’anges. On en compte cinq.
La Vierge à un cou démesurément long.
L’enfant à le corps étiré d’un garçonnet.
Les anges regardent l’enfant sauf, celui qui au premier plan découvre sa jambe jusqu’à l’aine exhibant une cuisse magnifiquement fuselée et qui regarde Marie.
Il présente à Marie une urne de cristal contenant une croix.
La croix est à peine visible.

À l’arrière-plan :
S’élève une colonne de marbre blanc. C’est une colonne allégorique qui fait allusion à la Vierge.
Devant la colonne saint Jérôme tient un phylactère qui annonce la venue du Messie.
Le saint est minuscule.
Les lois de la perspective ne sont pas respectées, sa taille n’est pas compatible avec la distance qui le sépare de la Vierge.
Deux grands rideaux, un rouge et un marron meublent le fond supérieur gauche de la composition.
L’introduction des rideaux en font une représentation théâtrale.

Le regardant voit  deux plans contradictoires qui l’obligent à « faire le point » pour retrouver la cohérence du tableau.

La composition est en mouvement.
C’est une sorte d’équilibre instable passant par une figure sinueuse.
La Vierge est dans l’axe central alors que la composition est décentrée vers la gauche du tableau coupant les figures des anges.
Une ligne serpentine initiée par le visage de la Vierge, poursuit sa course par son l’épaule et son bras gauche puis est relayée par les plis des vêtements, la tête et le bras de l’Enfant et finit le long de la jambe gauche de la Vierge.

Les couleurs sont acides et froides.
Les couleurs bleu et blanc sont les marques de la royauté.

La lumière entre par la gauche du tableau,  se focalise sur le corps de l’enfant et rebondit sur les chairs et les visages.
Une deuxième source de lumière derrière les rideaux, éclaire la colonne et le saint.

 

Analyse

I – Le maniérisme désigne un style artistique

Ce style se démarque des idéaux d’harmonie et de la conception rationnelle de la peinture, de la sculpture et de l’architecture de la haute Renaissance.
Le maniérisme adopte des formes exagérées, des proportions étirées et des couleurs plus intenses.

Le maniérisme romain apparait dans la seconde moitié du siècle, lorsque Rome dévastée en 1527, reprend son importance.

Rosso Fiorentino est l’un des créateurs avec Pontormo du maniérisme florentin.
Ces deux peintres avaient étudié les cartons de Michel-Ange et de Léonard de Vinci pour les deux batailles.

Les maniéristes considèrent Michel-Ange comme leur modèle.
Michel-Ange est un artiste maniériste par excellence, comme l’attestent ses nus masculins en torsion et ses sibylles colossales du plafond de la chapelle Sixtine, peints dans des tons pastel intenses et encadrés d’éléments architecturaux exubérants.

Les maniéristes travaillent essentiellement pour les cours et les élites intellectuelles européennes, ils allient dans leurs créations une élégance discrète à un grand souci de la surface et du détail, qualités qui conviennent parfaitement à leurs mécènes.

 Cette sophistication, qu’on a nommé « maniérisme » a été la mode d’un moment.
Un moment, parce que ces digressions dans les représentations des scènes religieuses, devenaient un danger pour le catholicisme devant l’essor de la religion protestante.

 II – Cette peinture est typiquement maniériste par son érotisme discret, ses proportions étirées et sa surface précieuse.

 La Vierge avec son cou trop long, monopolise l’attention.
Avec son corps léger, son cou, ses doigts effilés et superbes, ses gestes gracieux et sa posture -sa tête légèrement inclinée rappelle les manières de cours, la Vierge ressemble plus à une jeune-femme très élégante du grand monde qu’à la mère du Christ.
Cette remarque se rapporte également aux anges qui ont de très beaux visages et pour le premier, une jambe parfaite.

La Vierge de ce tableau est très loin de l’iconographie de Marie de Nazareth.

Le regardant est frappé par le caractère artificiel de la composition.

Parmesan introduit un excès de tension dans son tableau.
Il puise son inspiration non pas dans l’observation directe de la nature comme le faisait Raphaël, mais dans l’étude des sculptures helléniques mises au jour dans les environs de Rome.
Et il use de l’anamorphose et de la volonté de surprendre avec la torsion, la difformité et l’insolite.

Tous les personnages ont des proportions étranges qui détournent les intentions pieuses du tableau.
Parmesan joue d’une ambiguïté trop gracieuse pour mériter les foudres des censeurs de la perversité.

Son tableau est une accumulation de détails incongrus et troublants.
Les anges ont de trop belles jambes, les tuniques sont trop échancrées. La Vierge est habillée de lin froissé qui souligne son anatomie et dévoile la pointe de son sein gauche.

Le  peintre soigne le réalisme des détails dans un irréalisme d’ensemble.
Parmesan renonce délibérément à suivre les préceptes classiques.
Il a le goût de l’inattendu, le goût de contrefaire selon son désir.
il s’intéresse à l’instabilité des formes.

Cette complexité dans les formes et la spiritualité qu’elle engendre satisfont les mécènes lassés des représentations classiques.

Troublant et excentrique ce tableau est un pur chef d’œuvre du style maniériste.

 

Conclusion 

Parmi les premiers artistes maniéristes ayant travaillé à Rome dans les années 1520, beaucoup ont fui la ville après son saccage par les troupes impériales de Charles Quint, en 1527.
En se dispersant en quête de travail, ils répandirent le maniérisme dans toute l’Europe.

Tombé en désuétude en Italie à la fin du XVIe, ce style perdura ailleurs jusqu’au XVIIe.

En France, Rosso Fiorentino institua l’école de Fontainebleau et diffusa le style « Henri II ».

Le maniérisme fut également adopté à la cour de Rodolphe II de Prague et dans les villes de Haarlem et Anvers.

Le goût du Sud

Le mur du jardin – 1910

Quand John Singer peint la chaleur, sa lumière dilue les formes

Le soleil est à son zénith
Les pierres et la terre chauffées à blanc crachent leurs sucs
Les cigales se sont tues
L’air se découpe au couteau 
Une mouche vole 

C’est le goût du Sud, le goût du soleil